LEIBNIZ ou Les principes de la raison par Bernard Sève
Publié le 16/06/2020
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« Je juge que dans l'univers il n'y a rien qui soit plus vrai que le bonheur, ni plus heureux et plus doux que la vérité. Leibniz, De l'origine radicale des choses, § 15.
Leibniz l'Européen
Leibniz, c'est d'abord une prodigieuse intelligence, au sens le plus profond de ce mot. C'est l'homme de la passion du savoir : il veut tout voir, tout apprendre et tout comprendre. Platon avait appelé Aristote « le liseur » : le terme conviendrait aussi à Leibniz. Il lit tout ; il est capable de travailler plusieurs jours de suite à son bureau sans en bouger ; il écrit beaucoup, sur toutes les matières (droit, mathématiques, physique, controverses religieuses, philosophie, géologie, linguistique...). Un savant rivé à sa table de travail, alors ? Pas seulement ; Leibniz voyage (il est diplomate, dans sa jeunesse) ; il se passionne pour la politique, notamment la politique religieuse et la politique internationale; il est envoyé en mission à Paris par l'Electeur de Mayence (1672) : début d'une longue suite de voyages qui le mèneront à Londres, en Hollande (où il rencontre Spinoza), pour finalement devenir bibliothécaire à Hanovre (1677) Hanovre d'où il ne cessera de prodiguer ses conseils et s ses avis (voir les détails de la vie de Leibniz dans Belaval). Il s'occupe aussi de technologie : il s'intéressera de très près, plusieurs années durant, à l'exploitation des mines du Harz. A côté du Leibniz mathématicien, historien, logicien ou philosophe, il y a un Leibniz « capitaliste », ingénieur soucieux de rentabilité économique. Bref, rien n'échappe à l'avidité de son intelligence. Né deux ans avant les traités de Westphalie, mort un an après le Roi-Soleil, Leibniz vit dans une Europe politiquement et religieusement déchirée, mais unie par une vive conscience de soi. On pourrait dire de Leibniz qu'il exprime parfaitement la conscience européenne de l'âge classique. Il entretient une correspondance dont l'ampleur effraie : il pouvait écrire jusqu'à vingt lettres par jour, en allemand (sa langue maternelle), en latin (suivant l'usage du monde savant) ou, très souvent, en français, la langue culturelle de l'Europe d'alors. Les oeuvres philosophiques les plus importantes de Leibniz (Nouveaux Essais sur l'entendement humain, Théodicée, Discours de métaphysique, Monadologie) ont été écrites directement en français (ce qui explique certaines bizarreries d'expression ou de construction, qui ne contribuent d'ailleurs pas peu à la saveur si singulière des textes français de Leibniz). Cette correspondance offre un intérêt philosophique majeur (notamment celle échangée avec Arnauld, avec Clarke ou avec le R des Bosses). En relation directe avec Hobbes, Bossuet, Malebranche, Arnauld, Spinoza, Bayle, et indirecte avec Locke ou Newton, Leibniz est au coeur de l'Europe intellectuelle.
« Je ne méprise presque rien »
L'étendue même de ces échanges a une signification philosophique : curieux de tout, lecteur infatigable, conciliateur d'instinct, Leibniz est un penseur souple, ce qui ne veut pas dire un penseur sans rigueur. Loin de marquer avec fermeté des oppositions tranchées, il incline au contraire à ménager des transitions, à rechercher l'accord, à estomper parfois les contradictions. Très différent en cela de Descartes et de Spinoza, il aime à retrouver en autrui comme un écho ou une anticipation de sa propre pensée. Toute formule peut selon lui être envisagée « dans un bon sens », c'est-à-dire interprétée dans le sens de sa propre pensée. D'où cette étonnante déclaration : « Je ne méprise presque rien ». Probablement même Leibniz n'a-t-il rien méprisé du tout. Cette absence de mépris est l'autre nom de la curiosité. Leibniz accumule les anecdotes, les histoires originales, les curiosa : d'où le côté parfois un peu bric-à-brac de certaines oeuvres (comme la Théodicée) dans lesquelles le raisonnement progresse de manière sinueuse, au travers d'une foule de digressions et de remarques piquantes. C'est que toute chose, si minime qu'elle soit, est l'occasion d'exercer son intelligence. Tout est instructif, car on peut faire réflexion sur tout. . Leibniz est ainsi un penseur amoureux du détail ; sa pensée est recherche de l'élément simple. Mais il en est ici comme des reproductions du détail d'une peinture : on peut agrandir le détail, l'agrandir toujours plus, on trouve d'autres détails dans le détail, et ainsi à perte de vue. Rien n'est méprisable, car rien n'est épuisable.
La caractéristique : la pensée comme calcul
Cette recherche de l'élément est aussi une exigence intellectuelle. Leibniz l'a menée d'abord dans le domaine du penser lui-même. Toute pensée peut être considérée comme une combinaison de notions ; si nous pouvions arriver à dresser une table systématique des notions simples et élémentaires, on pourrait concevoir des procédés de calcul permettant de découvrir toutes les combinaisons possibles (c'est-à-dire toutes les combinaisons non-contradictoires), et donc toutes les pensées possibles. La pensée est un calcul spontané, mais qui tâtonne : Leibniz veut en faire un calcul conscient, aussi rigoureux que les mathématiques. C'est son projet de Caractéristique : recherche de notions simples, éléments de tous les raisonnements ; représentation de chaque notion par un signe ou caractère univoque (les notions complexes sont représentées par une combinaison de caractères) ; la rigueur d'un raisonnement serait alors lisible dans l'écriture même ; le calcul presque mécanique sur les signes remplacerait le raisonnement sur des idées. Ce projet n'est ...»
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