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Y a-t-il une différence de nature entre l’artiste et l’artisan ?

Impossible d’affirmer péremptoirement que l’artisan vise à l’utilité, tandis que l’art tendrait à forger de belles choses.

Certains arts, qui sont considérés aujourd’hui comme mineurs, artisanaux, passèrent jadis pour de grands arts (par ex. : orfèvrerie et ivoires durant le haut Moyen Age).

Ce n’est donc pas d’après leurs productions respectives que l’on peut distinguer nettement le travail de l’artiste et celui du maître artisan.

L’artisan serait-il cependant opposable à l’artiste, en ce que le premier doit subir un apprentissage assez long, au lieu que l’autre créerait sans peine, sous l’empire de l’inspiration immédiate et de ses propres dons innés ? Force est pourtant de reconnaître que tous les grands artistes, à commencer par Michel-Ange, ont travaillé d’arrache-pied.

On affirme aussi que l’artisan travaille à la tâche, sur commande, au lieu que l’air du temps serait seul responsable du fait que l’artiste traite tel ou tel sujet dans son œuvre : mais, en réalité, tous les grands artistes ont travaillé sur commande !

On ne peut donc pas dire que l’artisan est un simple tâcheron et que l’artiste est, à l’inverse, un créateur entièrement laissé à lui-même.

On imagine l’artisan près de son outil ; mais on n’est pas loin de se figurer l’artiste comme un pur esprit.

On aurait bien tort de considérer que l’artisan est un homme asservi à la matière, et d’opposer celui-ci, de ce point de vue, à l’artiste. Dans l’art de la gravure, la technique du burin ne pose pas à l’artiste les mêmes difficultés techniques que celle de l’eau-forte, etc.

On ne peut donc pas, non plus, opposer l’artisan à l’artiste comme le manuel à l’intellectuel. •

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