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WEINGARTEN Romain

WEINGARTEN Romain 1926 Auteur dramatique, né à Paris, d’une mère française et d’un père polonais. Poète dramatique, plus encore que dramaturge ; aussi faut-il parler d’abord de ses deux recueils de vers (des versets, en fait) : Le Théâtre de la chrysalide (1951) et Formalhaut (1956), à propos de quoi Pieyre de Mandiargues parlait des « chants d’innocence » de son dieu William Blake. Poèmes tristes, pourtant, voire désespérés. N’est-il pas surprenant que ce « prophète de malheur » ait été victime, à son tour, des pouvoirs de magie (de métamorphose plutôt) de la scène, et nous ait donné dans le même temps Akara, pièce tout à la fois absurde (ce qui était nouveau à cette date : 1948, trois ans avant Ionesco) et, aussi, drôle (conjonction assez rare, alors ; unique même) : il semblait vraiment que l’on eût entendu parler, ici, les deux cofondateurs (bien éloignés l’un de l’autre, pourtant) du Théâtre Alfred-Jarry : Artaud et Vitrac. Il y a en outre, dans cette première pièce, un chat. Or, nous dit Weingarten, le chat d’Akara est un homme-chat [...]; chat comme on est tzigane : différent. On ne lui pardonne pas. Il en meurt. C’est toute la pièce. Mais c’est avec L’Été seulement (1966) que trouvera sa consécration cet art si neuf, ce ton encore « inouï », qu’on pourrait définir un expressionnisme féerique. Citons, entre-temps, Les Nourrices (1961) et, par la suite, Le Pain sec (1967), Mouche (1970), La Mandore (1974), Neige (1979), La Mort d’Auguste (1982)... Weingarten, une préfiguration du théâtre de l’absurde des années 50? Soit, mais ce « précurseur », selon toute apparence, n’a pas fini de venir vers nous. Trop lentement, c’est vrai (mais voilà qui dépend un peu de nous).