Walerian BOROWCZYK
Ancien élève de l'Académie des beaux-arts de Cracovie où il étudia la peinture et suivit des cours d’art graphique, il réalise des affiches de cinéma pour Film Polski, puis, parfois en collaboration avec Tan Lenica, des courts métrages d’animation (Il était une fois, La Maison, L’École, Le Magicien) dont les techniques originales (pixillation, animation d’objets, découpages) et l’univers étrange (quelque part entre Lautréamont et Beckett) rencontrent un vif succès en Europe et lui valent de nombreux prix. Il s’installe en France en 1959, et réalise un long métrage d’animation, Le Théâtre de M. et Mme Kabal, cirque morbide peuplé d’objets pervers et de créatures sadiques. Il aborde ensuite le long métrage de fiction avec Goto, l'île d’amour, «film de voyeur sur un monde de voyeurs» (Benayoun), dont les manèges insolites restent très marqués par l’esthétique surréaliste, puis avec Blanche, histoire cruelle et sensuelle où s’affirment les qualités proprement picturales de son cinéma. Avec les Contes immoraux, Borowczyk s ’engage, pour ne plus la quitter, dans la voie du film érotique. Son amour du corps féminin, son sens du fantasme, son goût de la transgression et son regard de peintre (une lumière dorée baigne les images de ses films) lui inspirent quelques réussites dans ce genre difficile et peut-être sous-estimé {La Bête, Histoire d’un péché, d’après le roman de Stefan Zeromski, La Marge, d’après celui de Pieyre de Mandiargues, et le déjà plus complaisant et discutable Intérieur d’un couvent). Se spécialisant ensuite dans le «fantastique érotique», il n’échappe plus, malgré la beauté de ses actrices, la somptuosité de sa photographie et la persistance de ses obsessions personnelles (menuiserie, zoophilie, mécaniques, dentelles), à une dérive commerciale {Lulu, Docteur Jekyll et les femmes) dont Emmanuelle 5 est le dernier et anonyme produit.