vrai/vraisemblance
vrai/vraisemblance Vrai : qui est conforme à la réalité. Vraisemblance : qualité de ce qui pourrait être vrai. Commentaire La question du vrai et du vraisemblable est essentielle dans la définition du théâtre classique. S'inscrivant en réaction contre les extravagances de la tragi-comédie, la règle de la vraisemblance, qui cherche à donner à la tragédie une crédibilité indiscutable, introduit une problématique nouvelle : comment définir le vraisemblable, sachant que la réalité souvent dépasse l'imagination, que le vrai peut ne pas être vraisemblable ? Les théoriciens du théâtre classique (Chapelain, d'Aubignac, Boileau...) ont résolu le problème en établissant un code artificiel du vraisemblable, en exerçant un contrôle sévère des situations permises au théâtre. Cette censure qui touche les événements de l'histoire (où la tragédie puise nombre de ses sujets) et qui bride l'imagination créatrice des auteurs, cette « normalisation » du vrai seront abolies par le théâtre romantique. Citations C’est une maxime générale que le vrai n’est pas le sujet du théâtre, parce qu’il y a bien des choses véritables qui n’y doivent pas être vues, et beaucoup qui n’y peuvent pas être représentées... Il est vrai que Néron fit étrangler sa mère et lui ouvrit le sein pour voir en quel endroit il avait été porté neuf mois avant que de naître ; mais cette barbarie, bien qu’agréable à celui qui l’exécuta, serait non seulement horrible à ceux qui la verraient, mais même incroyable à cause que cela ne devait point arriver [...]. (Abbé d’Aubignac, Pratique, du théâtre, 1657.) La vraisemblance est, s’il le faut ainsi dire, l’essence du poème dramatique, et sans laquelle il ne se peut rien faire ni dire de raisonnable sur la scène. (Abbé d’Aubignac, ibid.) Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable : Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. (Boileau, Art poétique, chant III.)
VRAI L’adjectif qualifie les énoncés qui s’imposent à l’assentiment par suite soit de leur rigueur logique, soit de leur correspondance avec ce qui est perçu. Du point de vue métaphysique, peut être pris comme synonyme de réel ou existant -d’où, plus vulgairement : tel que cela doit être, conforme à sa nature. De même, le substantif désigne classiquement - même au prix de confusions gênantes - le réel.
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- Henri Coulet écrit, dans Le Roman jusqu'à la révolution : « Le réel n'intéresse les romanciers que s'il est vécu par l'homme : ils peignent les passions bien plus que les objets, ils s'attachent beaucoup plus à reconstituer les émotions et les réflexions d'un personnage qu'à construire une intrigue parfaitement cohérente et à en inventer des circonstances rigoureusement possibles ; l'équilibre de l'imagination et de l'observation, qui s'entraident pour obtenir du lecteur l'adhésion lu
- Philosophie dissert sur la vérité et science - DM : Ce qui est vrai est-il toujours vérifiable ? (plan)
- Voltaire fait dire à l'un de ses personnages : je veux qu'un conte soit fondé sur la vraisemblance et qu'il ne ressemble pas toujours à un rêve. Je désire qu'il n'y ait rien de trivial ni d'extravagant. Je voudrais surtout que sous le voile de la fable, il laissât entrevoir aux yeux exercés quelques vérités qui échappent au vulgaire. Qu'en pensez-vous? Vous fonderez votre réflexion sur Candide.
- Vous commenterez cette formule d'Albert Camus : « Le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte. Comme le vrai classicisme n'est qu'un romantisme dompté, le génie est une révolte qui a créé sa propre mesure. »
- Bossuet loue Henriette d'Angleterre d'avoir préféré la lecture des ouvrages d'histoire à celle des romans : « Soucieuse de se former sur le vrai, dit-il, elle méprisait ces froides et dangereuses fictions ». Examinez et discutez ce jugement.