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VOLTAIRE François-Marie Arouet

VOLTAIRE François-Marie Arouet, dit 1694-1778 Même si ce n'est pas la partie la plus connue de son oeuvre (ni pour une part la meilleure), Voltaire s'est beaucoup préoccupé de poésie — il a fait ses débuts en prose en 1731 seulement. On peut le considérer comme l'un des meilleurs poètes satiriques de notre littérature, et plusieurs de ses fameuses épigrammes sont demeurées célèbres. Pour ce qui est de son oeuvre épique (La Henriade), il est plus charitable (même s'il ne le fut guère) de la passer sous silence.

François-Marie Arouet, dit Voltaire, est né à Châtenay (près de Sceaux) le 20 février 1694. Il est le troisième fils d'un notaire dont la famille est originaire du Poitou. Élevé au collège Louis-le-Grand, chez les jésuites, il en sort ne sachant, comme il l'écrira plus tard, « que du latin et des sottises ». Pour l'arracher à ses fréquentations libertines, son père lé fait nommer secrétaire de l'abbé de Châteauneuf, ambassadeur en Hollande ; mais une amourette le fait envoyer de La Haye à Paris, où il doit se résigner à entrer dans l'étude d'un procureur Janvier 1714) qu'il quitte l'année suivante. Accusé d'être l'auteur de vers injurieux pour le Régent, il est exilé (mai 1716) d'abord à Tulle, puis à Sully-sur-Loire. À peine revenu à Paris, un écrit satirique qui court sous son nom le fait arrêter (16 mai 1717) et conduire à la Bastille, où il demeure onze mois. C'est là qu'il commence à écrire La Henriade et achève la tragédie Œdipe, commencée en 1712 et jouée avec succès le 18 novembre 1718. Après un séjour en Hollande (1722) et le demi-succès de sa tragédie Mariamne (1724), favori de la marquise de Prie, pensionné du roi et de la reine, il se croit sur le chemin de la fortune à la Cour quand, à la suite d'une querelle avec le chevalier de Rohan, qui le fait bastonner et qu'il provoque de nouveau, il est arrêté (18 avril 1726) et de nouveau conduit à la Bastille. Libéré un mois plus tard, il passe en Angleterre où il demeure trois ans. Pendant ce séjour, il publie deux essais en anglais et une édition complète de La Henriade (1728). Revenu en France, il fait jouer Brutus (1730); Ériphyle, Zaïre (1732), son chef-d'œuvre théâtral, puis Adélaïde du Guesclin (1734). Avec ses Lettres anglaises commencent les persécutions et les tracasseries qui ne cesseront que lorsqu'il sera définitivement installé en Suisse. Elles sont condamnées à être brûlées (10 juin 1734) et il est décrété de prise de corps. Il s'enfuit en Lorraine puis à Bâle, revient s'établir à Cirey, chez Mme du Châtelet, sa maîtresse, et se livre avec elle à l'étude des sciences physiques et mathématiques. En septembre 1740, il rend visite près de Clèves à Frédéric II de Prusse, avec lequel il est en correspondance. Sa tragédie Mahomet, qu'il dédie au pape Benoît XIV, est un triomphe à Bruxelles et à Paris, mais les tirades contre le fanatisme qui y sont clamées ne trompent personne et il doit retirer la pièce (1742). Il se dédommage par l'immense succès de Mérope (1743). À la suite d'une mission secrète auprès de Frédéric II, il devient, avec l'appui de Mme de Pompadour, historiographe et gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi. Après avoir tenté deux fois d'entrer à l'Académie française, il y est reçu le 9 mai 1746, grâce à une solennelle profession de foi catholique, palinodie qu'il renouvellera plusieurs fois. Des paroles imprudentes l'obligent à quitter la Cour et à se cacher chez la duchesse du Maine, dans le château de Sceaux, où il écrit Zadig. De là, il passe à la cour du roi Stanislas, en Lorraine (1749), soutient Mme du Châtelet dans son agonie, puis se rend auprès du roi de Prusse (1750), qui l'accueille chaleureusement et le comble, d'honneurs. Mais il ne tarde pas à se quereller avec les familiers du roi et en ridiculise certains dans un pamphlet que Frédéric II fait saisir et brûler par le bourreau en place publique. Prenant prétexte de la parution à Paris de son Siècle de Louis il obtient l'autorisation de quitter la Prusse, mais Frédéric II le fait rattraper quand il s'aperçoit que Voltaire a bassement dérobé des poèmes royaux pour faire rire tout Paris à ses dépens. Finalement, il recouvre sa liberté. Après avoir séjourné en Alsace où, pour s'attirer les faveurs du clergé, il se confesse et communie solennellement (1754), il finit par décider de s'installer en Suisse. En 1758 il achète la terre de Ferney et s'y construit un château où il attire une colonie d'artisans et de cultivateurs. En toute sécurité, il peut désormais se consacrer aux polémiques qui, depuis la publication de l'Encyclopédie dont il a été l'un des principaux collaborateurs, mobilisent son ironie et son énergie. Il fait successivement paraître l'Essai sur les mœurs (1756), Candide (1759), son meilleur conte, l'Histoire de la Russie, pour complaire à Catherine de Russie, le Dictionnaire philosophique portatif (1764) et La Guerre civile de Genève (1768) où il exhale toute sa haine contre Rousseau. S'y ajoutent des tragédies, des contes en vers et en prose, des satires, une abondante correspondance et surtout des écrits appelant à la tolérance religieuse, des tentatives de réhabilitation d'hommes assassinés par le « fanatisme » et une justice arbitraire : affaires Callas, du chevalier de La Barre, de Lally... Début 1778, Voltaire, assuré qu'il ne sera pas inquiété pendant son voyage, se décide à quitter Feraey avec sa nièce (et maîtresse?) Mme Denis, et arrive à Paris le 10 février, pour fêter ses 85 ans. Son séjour n'est qu'une suite d'ovations ; lors de la première représentation de sa tragédie Irène, son buste est solennellement couronné en sa présence. Le 20 mai, épuisé, il s'alite, et expire le 30. Son corps est secrètement inhumé à l'abbaye de Sallières (en Champagne). La Convention, par décret du 11 juillet 1791, le fait déposer au Panthéon.

LETTRES PHILOSOPHIQUES SUR L'ANGLETERRE, appelées aussi Lettres anglaises, par Voltaire (1734). Au nombre de vingt-cinq, elles rapportent ce que l'auteur a observé en Angleterre sur la religion, le gouvernement, le commerce, la philosophie, le théâtre et les gens de lettres. Ce vivant reportage porte en germe toutes les idées philosophiques de Voltaire : liberté de conscience, égalité politique, justice fiscale, séparation de la foi et de la raison, méthode expérimentale, liberté de la science. L'ouvrage fut saisi et brûlé, et l'auteur ne dut qu'à une fuite rapide d'échapper à la lettre de cachet dont il fut l'objet. Le livre fut dix fois réédité.

 

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