VOLTAIRE
VOLTAIRE. Nom de plume de F.-M. Arouet (1694-1778), écrivain français qui prit contact avec Locke, admira le régime libéral anglais, appartint au groupe des penseurs antireligieux (vivement opposé au christianisme). Il aborda tous les genres littéraires, du théâtre (épopée, tragédie) jusqu'aux essais philosophiques (Dictionnaire philosophique). Style clair, concis ; ironie mordante qui se déchaîna en particulier pour ridiculiser J.-J. Rousseau. Déiste (« l'univers m'embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger »), il proposa un bonheur terrestre, épicurien. Intervint en faveur des victimes de l'intolérance et composa à cette occasion le Traité sur la tolérance (1763). Son œuvre la plus originale est probablement composée par les contes philosophiques (Zadig ; Jeannot et Colin ; l'ingénu).
Voltaire
(1694-1778.) Écrivain français, l'une des principales figures de la philosophie française du XVIIIe siècle, qui en montre à la fois les ambitions et les limites. Son œuvre couvre tous les genres (histoire, littérature, philosophie, théâtre, sans oublier une monumentale correspondance) et lui valut, de son vivant même, une célébrité durable en Europe. ♦ Le rationalisme voltairien, sensible à l'esprit expérimental et partisan de la diffusion des Lumières, s'oppose aux postulats métaphysiques (il ridiculise Leibniz - non sans caricaturer sa pensée - dans Candide, 1759) et au dogmatisme religieux, en affirmant un déisme qui garantit l'ordre du monde et la loi morale. En fait, il n'existe pas de système philosophique propre à Voltaire, qui emprunte aux pensées antérieures selon les besoins du moment : à l’épicurisme abâtardi du Mondain (1736) succèdent le relativisme libéral et l'appel durable à la tolérance (Traité de la tolérance, 1763, Dictionnaire philosophique, 1764) - le tout soutenu par un style séduisant, alerte et souvent malicieux. ♦ Mais surtout, Voltaire est l'un des premiers à donner l'exemple du « philosophe engagé », prenant parti aussi bien sur le plan politique ou social (il est partisan d'une monarchie libérale où seules régneraient des lois justes) que dans les affaires judiciaires de son temps (affaires Calas, Sirven, La Barre, etc.) par une série de vigoureux pamphlets. ♦ Comme historien, Voltaire est convaincu que l'humanité va vers le progrès : s'opposant aussi bien à l'explication par la Providence (cf. Bossuet) qu'à l'histoire strictement diplomatique ou militaire, il est partisan d'une histoire de la civilisation (Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, 1756) fondée sur la documentation la plus large possible. L’Histoire de Charles XII (1731) et surtout Le Siècle de Louis XIV (1751) sont de ce point de vue deux ouvrages qui inaugurent de nouvelles attitudes pour l'historien.
VOLTAIRE (François-Marie Arouet, dit), écrivain français (Paris 1694-id. 1778). Fils d'un notaire parisien et de Marguerite d'Aumars. Dramaturge, polémiste, journaliste, historien (le Siècle de Louis XIV en 1751), moraliste même — et bien que le « siècle des philosophes » soit dit le « siècle de Voltaire » —, en aucune de ses œuvres il ne développe ou n'exprime une philosophie. Les Lettres philosophiques (1734) ne sont qu'une chronique de la vie anglaise et une critique comparée des mœurs de la France. Les Eléments de la philosophie de Newton (1738) ne représentent qu'une vulgarisation sans profondeur des principes de la science newtonienne. Candide (1759) ne critique qu'une très lointaine caricature de la philosophie optimiste de Leibniz, que Voltaire n'a sans doute pas lu. Le Dictionnaire philosophique (1764) est un traité de définitions littéraires. Voltaire n'en reste pas moins un moraliste de haute valeur, défenseur de la liberté, de la tolérance (Mahomet ou le Fanatisme, 1741 ; Essai sur les mœurs, 1756; Traité sur la tolérance, 1763), de la justice (son action obtient la réhabilitation de Calas, en 1762; de Sirven, en 1764, etc.). Mais, comparé à Rousseau et à Diderot, Voltaire fut le moins philosophe de son temps.
XVIIIe siècle. ♦ «C’est de Voltaire qui écrit pour cette malheureuse famille [les Calas} Oh ! mon amie, le bel emploi du génie ! Il faut que cet homme ait de lame, de la sensibilité, que l’injustice le révolte, et qu’il sente l’attrait de la vertu. Eh ! que lui sont les Calas ? Qui est-ce qui peut l’intéresser pour eux ? Quelle raison a-t-il de suspendre des travaux qu’il aime, pour s’occuper de leur défense ? Quand il y aurait un Christ, je vous assure que Voltaire serait sauvé. » Diderot. XIXe siècle. ♦ « Vous n’avez aucune idée de l’importance que Voltaire et ses illustres contemporains avaient au temps de ma jeunesse, de la souveraineté dont ils jouissaient dans le monde intellectuel. On ne voit pas assez clairement, d’après ma biographie, l'influence que ces hommes ont exercée sur ma jeunesse et combien il m’en a coûté de me défendre contre eux et de conquérir mon indépendance. » Gœthe. ♦ « Sa merveilleuse variété dans les formes extérieures, loin de prouver la richesse de son esprit intérieur, la fait plutôt mettre en doute : car, malgré toutes ces formes, il n’en a pas trouvé « une » dans laquelle puisse s’exprimer un cœur. » Schiller. ♦ « Excepté dans quelques-uns de ses chefs-d’œuvre, il n’aperçoit que le côté ridicule des choses et des temps, et montre sous un jour hideusement gai l’homme à l’homme. Il charme et fatigue par sa mobilité, il vous enchante et vous dégoûte; on ne sait quelle est la forme qui lui est propre : il serait insensé s’il n’était si sage, et méchant si sa vie n’était remplie de traits de bienfaisance. » Chateaubriand. ♦ « Voltaire, dans ses tragédies, est plein de boursouflure, de clinquant, toujours faux, ne connaissant ni les hommes, ni les choses, ni la vérité, ni les grandeurs, ni les passions. » Napoléon Ier. ♦ « Grand maître dans l’art de l’ironie, il sapa un culte solennel par un mépris réfléchi. » Byron. ♦ « Il ne donna pas de chef-d’œuvre littéraire à la langue, excepté dans le badinage, mais il lui donna la liberté de style, et avec la liberté, dix langues pour une. Il lui donna l’instrument de la polémique... Il créa la langue improvisée, rapide, concise, du journalisme. » Lamartine. ♦ « Nommer Voltaire, c’est caractériser tout le XVIIIe siècle; c’est fixer d’un seul trait la double physionomie historique et littéraire de cette époque qui ne fut, quoi qu’on en dise, qu’une époque de transition, pour la société comme pour la poésie. » V. Hugo. ♦ « Le rire porte en lui quelque chose de révolutionnaire... Seuls les égaux rient entre eux. Le rire de Voltaire a détruit davantage que les pleurs de Rousseau. » Herzen. ♦ « Voltaire a fait plus de tort aux études historiques qu’une invasion de barbares...» E. Renan. ♦ «Voltaire fut le dernier des grands poètes dramatiques qui entrava par la mesure grecque son âme aux mille formes, née même pour les plus grands orages tragiques. Il pouvait ce qu’aucun Allemand ne pouvait encore, parce que la nature du Français est beaucoup plus parente de la grecque que la nature de l’Allemand; de même qu’il fut aussi le dernier grand écrivain qui, dans le maniement de la langue de la prose, eut l’oreille d’un Grec, la conscience d’artiste d’un Grec, la simplicité et l’agrément d’un Grec... » Nietzsche. XXe siècle. ♦ «R est l’homme d’esprit par excellence; le plus délié des humains, le plus prompt, le plus éveillé. Tous les autres semblent dormir ou rêvasser auprès de lui. Il passe à travers ses erreurs en homme capable de les exterminer aussi lestement qu’il les épouse. Il interroge en tous les domaines et il répond de toutes parts. Il prononce sur toutes choses, parfois à l’étourdie, toujours avec cette vivacité qui, chez lui, semble croître avec l’âge. Cet homme est une merveille physiologique. Il est la vitalité même, usant et abusant d’un corps fragile, corps toujours égrotant, en proie aux malaises, aux vapeurs, aux faiblesses et qui, de maux en maux et de reprises en reprises, le porte à l’extrême vieillesse, au décharné ment le plus prononcé, mais possédant, jusqu’au dernier jour, des ressorts de réaction comme inépuisables. » Paul Valéry. ♦ « Il n’est pas malaisé de dire simplement des choses simples. Voltaire commence par simplifier sa pensée, il se fait la part trop belle... Sa plume est trop fine; il ne réussit que les « déliés »... » André Gide.
Voltaire, François Marie Arouet, dit (Paris 1694- id. 1778) ; écrivain et philosophe français.
Fils d’un notaire parisien aisé, V. provoque déjà l’étonnement de ses professeurs jésuites du collège Louis-le-Grand par ses réponses aussi hardies que spirituelles. Son parrain, le très émancipé abbé de Châteauneuf, l’introduit très tôt (1710) dans le monde et les sociétés de libres penseurs. On lui attribue des poèmes satiriques contre le Régent, qui lui valent de passer près d’un an à la Bastille (1717-1718). Sorti de prison, il prend le nom de V. Après une grave maladie, il publie la Henriade dans laquelle il décrit les guerres de Religion du temps d’Henri IV pour dénoncer le fanatisme des deux confessions. Sous l’influence d’un long séjour en Angleterre (1726-1728), il écrit les Lettres philosophiques ou Lettres anglaises (1734) où il exprime son admiration pour le système politique et social anglais et où, directement ou indirectement, il paraît dénigrer la situation politique et intellectuelle de la France. La condamnation de l’ouvrage par le Parlement de Paris ainsi que de fortes inimitiés personnelles contraignent V. à se retirer à la campagne (Cirey, non loin de la frontière lorraine), pendant plusieurs années. Il y écrit une série d’importantes études consacrées à l’histoire (par exemple Le Siècle de Louis XIV, paru en 1751) et aux sciences naturelles. En 1744, il rentre à Paris. Bientôt, il est élu à l’Académie (1746) et obtient, grâce à Mme de Pompadour, l’office de chambellan et d’historiographe royal. Ses opinions le font cependant rapidement tomber en disgrâce et il se rend en 1750 à la cour de Frédéric II qui l’admire depuis longtemps. Tous deux sont déçus par ces années de Berlin et de Potsdam, car ils se moquent l’un de l’autre. Il part en 1753, passe deux ans en Alsace, et en 1755 s’installe à Genève, d’où il est chassé par la population, irritée de ses jugements sur Calvin et de l’article sur Genève rédigé par d’Alembert sur les conseils de V. Il finit par se fixer dans un village français proche de la frontière suisse. Le « philosophe de Ferney » y passe le dernier quart de sa vie et produit avec une remarquable fertilité, qui ne diminue même pas avec l’âge, une énorme quantité d’oeuvres historiques, philosophiques et littéraires. Il ne rentre à Paris que l’année de sa mort. Il y reçoit un accueil triomphal. En 1791, sa dépouille mortelle est conduite au Panthéon. L’homme est vaniteux, susceptible, orgueilleux jusqu’à la pusillanimité et âpre au gain, mais il est capable de donner de sa personne en faveur des opprimés et des malheureux et d’aider les pauvres. Il s’engage à fond dans la défense des innocents injustement condamnés (affaires Calas, 1762-1765, Sirven, 1764-1771, et du chevalier de la Barre, 1766). L’écrivain incarne, plus purement et plus complètement peut-être encore que Diderot, les Lumières, leur pensée analytique, leur conception combative de la raison, leur aversion pour la philosophie spéculative et leur attrait pour les sciences empiriques. Son oeuvre est puissante, touche à tous les genres littéraires et à tous les domaines intellectuels, et est écrite dans un style brillant, où l’ironie mordante supplée parfois aux connaissances réelles. L’Eglise catholique y est le principal objet de critique, lorsqu’elle outrepasse son rôle de gardienne de la morale et fait preuve d’intolérance, V. allant même jusqu’à contester le caractère révélé du christianisme. Déiste, concluant de l’ordre régulier du monde à l’existence d’un « divin » horloger, V. rejette toute formulation théologique quelque peu développée comme une superstition, et consacre sa vie à la lutte contre le fanatisme. Historien, V. pose les bases d’une historiographie critique, fondée sur des sources soigneusement vérifiées (en particulier dans son Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, 1756). Il s’efforce de comprendre la personnalité des nations et des époques à partir de leur environnement intellectuel et culturel. Pour lui, l’histoire de l’humanité n’a d’autre but que la réalisation, lente mais continue, de la Raison. Grand écrivain, V. est un penseur politique sans envergure. Il n’a des institutions anglaises qu’une connaissance superficielle, et s’il « loue le système représentatif anglais, jamais il n’a osé demander expressément qu’une Chambre des communes soit créée en France ». En fait, s’il réclame la liberté de penser et d’écrire, ses sympathies vont, parallèlement, à l’autorité. Ses héros sont Louis XIV, Frédéric II, Catherine IL V. ferme les yeux sur la tyrannie des despotes éclairés parce que ceux-ci donnent le bon exemple en bridant leur clergé.
Bibliographie : R. Pomeau (dir.), Voltaire et son temps, 1985 ; G. Picot, La Vie de Voltaire. Voltaire devant la postérité, 1967 ; R. Pomeau, Politique de Voltaire, 1963.
VOLTAIRE, François Marie AROUET, dit (Paris, 1694- id., 1778). Écrivain français, auteur d'un nombre considérable d'ouvrages dans les domaines les plus variés, Voltaire, déiste et champion de la tolérance et de la liberté, fut l'idole de la bourgeoisie libérale. Issu de la bourgeoisie parisienne, il fit ses études chez les jésuites du collège de Clermont (auj. lycée Louis-le-Grand). Négligeant ses études de droit, il préféra fréquenter les milieux littéraires parisiens et s'essaya à la poésie : des vers jugés impertinents à l'égard du Régent le conduisirent à la Bastille (1717). Devenu poète à la mode après le succès de sa première tragédie {oedipe, 1718), prenant désormais le nom de Voltaire (anagramme probable de Arouet le jeune), il dut s'exiler en Angleterre (1726-1728) après une querelle avec le chevalier de Rohan-Chabot. À Londres, où il rencontra des philosophes (John Locke), Voltaire entreprit la rédaction de l'Histoire de Charles XII ( 1731 ) et composa des tragédies. La publication à Paris de ses Lettres philosophiques ( 1734), dans lesquelles il exprimait son admiration pour le régime libéral anglais, l'obligea à se réfugier chez Mme du Châtelet à Cirey (en Champagne) où il resta dix ans (1734-1744), composant de nombreux ouvrages aux genres variés. De nouveau en grâce auprès de Louis XV (1744), élu à l'Académie française (1746), Voltaire retrouva l'incertitude des faveurs mondaines qui inspirèrent son conte (Zadig ou La destinée, 1747). Invité par le roi de Prusse Frédéric II au château de Sans-Souci à Potsdam (1750-1753), Voltaire composa son grand ouvrage historique, Le Siècle de Louis XIV (1751) et son conte philosophique Micromégas ( 1752). Déçu par son protecteur, brouillé avec le monde, il trouva refuge dans sa propriété des Délices, près de Genève, où il publia notamment l'Essai sur les moeurs et /'esprit des nations ( 1756), Candide ou l'Optimisme ( 1759), et s'engagea, par des pamphlets et des satires, aux côtés des encyclopédistes. Réfugié ensuite à Ferney (1760-1778), accueillant d'innombrables visiteurs, il consacra l'essentiel de son activité à diffuser ses idées philosophiques dans ses contes {L'Ingénu, 1767) et son Dictionnaire philosophique (1764), se faisant le champion de la tolérance {Traité sur la tolérance, 1763) et intervenant dans différentes affaires judiciaires (Calas, Sirven, La Barre, Lally-Tollendal). En 1778, revenu à Paris pour assister à la représentation de sa dernière tragédie {Irène), il reçut un accueil triomphal. Voir Régence.