Voix off Vraisemblance Zeugme (zeugma)
Voix off. Terme qui désigne, au théâtre, une voix émise en coulisses par un acteur qui n’est donc pas visible. La technique des voix off est utilisée fréquemment dans le théâtre contemporain, par Beckett notamment. Elle est rare antérieurement, mais non inexistante. On la trouve parfois chez Molière par exemple.
Vraisemblance. Exigence intellectuelle héritée d’Aristote, dictée par le désir de rendre crédible l’action dramatique aux yeux du public. Elle proscrit l’absurde et l’arbitraire. L’efficacité scénique de la vraisemblance est l’objet d’un grand débat chez les théoriciens du classicisme. C’est le vraisemblable, selon eux, qui doit fonder l’action, et non le vrai ou le possible qui, tantôt ne peuvent être représentés, tantôt seraient ridicules ou peu croyables. Il est possible, dit l’abbé d’Aubignac, dans La Pratique du théâtre, qu’un homme meure foudroyé, mais il ne serait pas habile qu’un auteur dramatique se débarrassât par ce moyen d’un personnage qu’il a besoin de faire disparaître.
La vraisemblance interne, c’est-à-dire celle qui concerne l’action, et la vraisemblance externe, c’est-à-dire celle qui concerne les conditions de la représentation, risquent d’entrer en conflit. Les auteurs dramatiques, s’ils ne peuvent les accorder, privilégient généralement la première. Corneille met en doute l’efficacité scénique de la vraisemblance, surtout dans l’univers de la tragédie, peuplé d’êtres hors du commun. Ses héros soulignent avec fierté l’aspect extraordinaire de leur destin. Schlegel, en 1909, dans son Cours de littérature dramatique, fera remarquer l’invraisemblance sur laquelle repose l’intrigue d'Horace.
► Bienséance, classicisme, nécessaire
Zeugme (zeugma). Figure de construction qui réunit plusieurs membres de phrase par un élément qu’ils ont en commun et qui n’est pas répété :
Lui m’ébauchait un petit sourire, moi un petit salut
(Alphonse Allais, Toussaint Latoquade)
Le zeugme utilise donc sur le plan grammatical une ellipse. Le mot non répété n’est souvent pas identique à celui qui est présent, soit qu’il y ait un changement de genre, de nombre, de personne (c’est le cas dans l’exemple cité).
On peut parler d'attelage lorsque le zeugme réunit un terme concret et un terme abstrait:
Hein! tout de même, si Pierre l’Ermite avait organisé sa croisade avec une fanfare et cette précision, croyez-vous que le tombeau du Christ serait encore aux mains des mécréants?
(Alphonse Allais, Un Pèlerinage)
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