VISAGE

VISAGE

Le visage désigne la face humaine avec toutes les expressions dont elle est le siège, et telle qu’elle se distingue de la face animale. Malgré les relations souvent supposées entre la vie de l’esprit et ses manifestations extérieures, il demeure que le visage est initialement de l’ordre de l’apparence, même si les platoniciens prétendent que la beauté intérieure de l’âme se reflète dans la beauté d’un visage - Socrate faisant cependant exception à la règle.

♦ La théologie occidentale affirme le caractère spécifique du visage humain : puisque Dieu a créé l’homme « à son image », le visage procède de Dieu. Mais une telle origine, qui amène à voir dans le visage, au Moyen Age, l’image même du Christ, ne suffit pas pour protéger le visage d’investigations et de transformations qui se multiplient dans la peinture et l’histoire du portrait : des têtes composites d’Arcimboldo aux dessins de Lebrun et à la physiognomonie, ce qui est révélé, c’est aussi la participation de l’être humain à l’univers des choses et des animaux.

♦ Ce n’est donc qu’en se référant à la réalité vécue ou empirique du visage, telle qu’elle s’éprouve dans le face-à-face, que la conjonction du regard et de la voix y acquiert sa pleine portée, séparant la présence humaine de la présence animale et invitant à trouver dans l’autre l’équivalent de soi-même. Levinas peut alors considérer que la rencontre du visage d’autrui fonde, en deçà de toute considération d’un groupe ou d’une communauté où le sens du visage risque de se diluer, la relation authentiquement éthique - sa fragilité équivaut à une sommation : « Tu ne tueras point. »