VIRGINIE

VIRGINIE. Dans les milieux hostiles à la gens Claudia, on racontait que, pendant le gouvernement aristocratique des Décemvirs, à Rome, en 450-451 av. J.-C. le décemvir Appius Claudius avait voulu séduire Virginie, une jeune fille d’une grande beauté, la fille du centurion Virginius ; ce dernier était alors avec l’armée romaine sur le mont Algide. Pour arriver à ses fins, Appius demanda à l’un de ses clients, Marcus Claudius, de réclamer Virginie comme son esclave et de prétendre que la jeune fille avait pour mère l’une de ses anciennes esclaves. Appius s’empressa alors, en l’absence du père de Virginie, de donner celle-ci à Marcus Claudius. Mais Icilius, le fiancé de la jeune fille, et Numitorius, son oncle intervinrent, et Virginie fut placée sous leur garde en attendant l’arrivée de Virginius. Malgré les messages qu’Appius avait envoyés aux chefs de l’armée, leur demandant de retenir le centurion, Virginius accourut à Rome. Il emmena sa fille, vêtue de deuil, sur le Forum. Appius rendit alors son jugement : Virginie était une esclave et devait être rendue à son propriétaire. Lorsque Marcus Claudius voulut s’emparer de la jeune fille, Virginius s’y opposa, mais un groupe d’hommes armés apparut. Virginius fit alors semblant de se soumettre, obtenant ainsi quelques minutes de répit, durant lesquelles il entraîna sa fille vers l’étal d’un boucher ; puis il poignarda la jeune fille en maudissant Appius et en déclarant que la mort était préférable au déshonneur. Virginius rejoignit ensuite l’armée romaine indignée de la conduite criminelle d’Appius. Les gens du peuple et les soldats prirent alors l’Aventin, puis ils firent sécession sur le mont Sacré, comme cinquante ans auparavant avaient fait leurs pères. Ces événements amenèrent la suppression des Décemvris et le retour des tribuns du peuple, protecteurs traditionnels des plébéiens, qu’ils défendaient contre l’oppression des patriciens.