« Vie et moeurs des abeilles » (1955), Karl Von Frisch: L’abeille et la « wagging dance »
Les signes linguistiques sont-ils le propre de l'homme ou bien peut-on parler aussi de langage animal ?
L’abeille et la « wagging dance »
Mode opératoire: observer les abeilles à travers une ruche transparente.
Dans « Vie et moeurs des abeilles » (1955), Karl Von Frisch: les abeilles peuvent se communiquer de l'information à l’aide d'un « système de signes différenciés ». Leurs variétés de danses semblent des signes livrant des informations sur la nature, la direction et la distance du butin (pollen).
Les éclaireuses se livrent pour cela à deux sortes de danse. L'une se fait en cercle et annonce que l'emplacement de la nourriture doit être cherché à une faible distance dans un rayon de cent mètres environ de la ruche. L'autre que l'abeille accomplit en frétillant et en décrivant des huit indique que le point est situé à une distance supérieure, au-delà de cent mètres et jusqu'à six kilomètres.
Les travaux de ce savant biologiste ont finalement abouti à montrer que l’abeille peut, à l’aide de ces danses en « 8 », livrer quatre informations à celles de ses congénères qui lui emboîtent le pas (celles-ci maintiennent leurs antennes en contact avec l’abdomen de la danseuse). La danseuse leur indique en effet :
• l’existence d’un butin : sinon... il n’y aurait pas de danse ;
• la nature de ce butin : le parfum de la fleur butinée imprègne en effet les poils de son abdomen ;
• la distance de ce butin par rapport à la ruche : cette distance est inversement proportionnelle à la vitesse dans le « 8 ». « Plus le chemin à parcourir est long, moins [la danse] comporte de tours » (ibid).
- L’abeille décrira 9 à 10 arabesques en forme de huit quand la distance est de 100 mètres.
- L’abeille décrira 7 arabesques en forme de huit quand la distance est de 200 mètres.
- L’abeille décrira 4 à 5 arabesques en forme de huit quand la distance est de 1000 mètres.
- L’abeille décrira 2 arabesques en forme de huit quand la distance est de 6000 mètres.
• la direction de ce butin : l’angle formé par l’axe du 8 avec la verticale est en effet égal à l’angle soleil-ruche-fleur (voir schéma)
⇨ L’abeille parle-t-elle ? Si la communication animale existe, néanmoins, il n'y a pas, à proprement parler, langage. L'information n'aboutit pas à l'échange linguistique, c'est-à-dire au dialogue. Le message des abeilles, note Benveniste, n'appelle aucune réponse de l'entourage, sinon une certaine conduite.
⇨ Le code des abeilles est restreint et fixé une fois pour toutes par l'espèce = instinct. Finalement ce langage ne permet d'exprimer que trois messages : pollen, direction, distance. Mais aucune déformation, l'abeille n'a pas la possibilité de mentir ni de modifier son message. Message à finalité biologique exclusivement pratique: la nourriture. La danse des abeilles est toujours la même, stéréotypée, elle relève de la nature (et non de la culture comme chez l’homme).
⇨ Le « langage animal » est inné alors que le langage humain est acquis. Il existe environ 6000 langues vivantes différentes et quelques langues mortes comme le latin et le grec ancien. Le langage évolue.
Le « signal » provoque une réaction, une conduite = Le signal de la communication animale est génétiquement déterminé. Il a une fonction fixe, naturelle, univoque (souvent liée à la survie). La roue du paon, etc. La danse des abeilles n’est pas un langage mais un système de signaux.