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VICHY (régime de)

VICHY (régime de)

Régime autoritaire né de la défaite de la France en 1940. Convaincu de la victoire de l’Allemagne nazie, le maréchal Philippe Pétain négocie l’armistice (22 juin 1940) qui partage le pays en deux zones. Installé à Vichy, dans la zone dite « libre » (car non occupée jusqu’en novembre 1942), il se fait attribuer les pleins pouvoirs avec le titre de « chef de l’État français » (10 et 11 juillet 1940). Rendant la République responsable de la défaite, le gouvernement de Vichy supprime le suffrage universel, interdit les partis et les syndicats. Il exclut les Juifs de la nation dès octobre 1940.

Afin de « régénérer » la France, il prône une « révolution nationale » avec comme devise « Travail, famille, patrie ». La propagande exalte la figure du chef, le maréchal, et appelle au retour des traditions, comme le travail de la terre. Passéiste, le régime compte pourtant de jeunes technocrates qui préparent pour l’après-guerre un projet moderniste et planificateur.

Dès octobre 1940, le choix est fait de collaborer avec l’Allemagne. Vichy incite les entreprises à travailler pour le Reich. La police française est mise au service des occupants pour arrêter les Juifs. Vichy fournit à l’Allemagne de la main-d’œuvre en instaurant la Relève, puis le Service du travail obligatoire (STO), et crée la Milice, chargée de traquer les résistants. Le régime s’écroule à la Libération avec le repli des troupes nazies qui emmènent P. Pétain et son entourage en Allemagne.

VICHY (Gouvernement de, juillet 1940-août 1944). Nom donné au gouvernement établi à Vichy, en zone libre, sous la direction du maréchal Pétain et qui constitua le régime de la France pendant l'occupation allemande. Après le désastre militaire et la signature de l'armistice (Rethondes, 22 juin 1940), une majorité des parlementaires vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain (10 juillet 1940), lequel devint chef de l'État français. S'appuyant sur la paysannerie et les couches moyennes artisanales et commerçantes, assuré le plus souvent du soutien de l'Église, Pétain s'entoura d'hommes venus de toutes les droites, y compris les plus extrêmes (Action française, ligues d'anciens combattants), des transfuges de la gauche (Doriot, Déat), des hommes de confiance du grand patronat (P. Pucheu) et de « techniciens » issus de la haute administration. Pour l'équipe au pouvoir, la défaite fut l'occasion d'une réorganisation d'ensemble de la société française : la « Révolution nationale », avec pour devise « Travail, Famille, Patrie » et pour emblème la francisque, instaura un régime autoritaire et hiérarchique, corporatiste, antisémite et anticommuniste. Le suffrage universel disparut, les partis politiques furent dissous, les maires des villes nommés et le pouvoir des préfets renforcé. Des catégories entières de Français furent exclues de la communauté nationale et furent l'objet d'une législation spécifique. Un statut spécial pour les juifs français fut décrété dès octobre 1940. Une Cour suprême de justice jugea plusieurs personnalités politiques et militaires de la Troisième République (procès de Riom), des Sections spéciales furent instituées pour réprimer les activités jugées hostiles au régime et des camps d'internement furent créés. Parallèlement, un nouvel ordre moral, économique et social se mit en place : retour aux valeurs traditionnelles (la famille, la terre) et collaboration de classe (dissolution des syndicats, organisation des professions sur une base corporative). Le régime enfin s'efforça d'embrigader la jeunesse par la suppression de la législation scolaire républicaine (suppression des écoles normales) et par l'organisation des Chantiers de jeunesse (30 juillet 1940). La collaboration avec l'Allemagne commença par l'entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler (24 octobre 1940) et fut une initiative vichyste répondant à l'espoir que la France serait à la seconde place dans l'Europe nouvelle. Elle fut pratiquée par le gouvernement de Pierre Laval (juillet-décembre 1940), de Darlan (février 1941-avril 1942) et intensifiée avec le retour de Laval au pouvoir (avril 1942) et l'occupation de la zone Sud de la France après le débarquement allié en Afrique du Nord (novembre 1942). Dès juillet 1941, fut créée la Légion des volontaires français, approuvée par Pétain, et destinée à lutter, aux côtés des troupes allemandes, contre le bolchevisme. Contre les opposants, les gouvernements participèrent à l'établissement de listes d'otages, à l'arrestation des suspects et aux grandes rafles de juifs (rafles du Vélodrome d'Hiver, juillet 1942). La Collaboration conduisit aussi au départ forcé de travailleurs français en Allemagne dans les usines du Reich (Service du travail obligatoire ou STO). Plus tard fut constituée, contre la Résistance, la Milice de Darnand. L'établissement d'un véritable État policier invalide la thèse selon laquelle le gouvernement de Vichy aurait servi de « bouclier » aux Français. Le régime procéda, dès sa fondation, à des choix qui le mèneront à une fascisation de plus en plus poussée, devenant, dès la fin de 1943, un satellite de l'Allemagne. Après l'effondrement de la Wehrmacht, le gouvernement suivit les Allemands dans leur retraite, à Belfort puis à Sigmaringen.

RÉGIME DE VICHY (mise en place du) • 10 juillet 1940 Depuis peu, le Gouvernement français s’est transporté à Vichy. Là, sénateurs et députés vont mettre fin à la IIIe République. Le 8 juillet 1940, circonvenus par Laval et encore sous le choc de la bataille de Mers el-Kébir (où la marine anglaise a coulé trois unités françaises et tué de nombreux soldats), ils approuvent le projet de loi constitutionnelle. Le surlendemain, réunis en Assemblée nationale au casino, les parlementaires votent par 569 voix contre 80 (et 20 abstentions) l’article unique d’une loi qui va suspendre les lois constitutionnelles en même temps qu’elle charge le maréchal Pétain d’assumer tous les pouvoirs jusqu’à la paix et de préparer une nouvelle Constitution. Ainsi naît « l’État français », cautionné par la Chambre même qui avait soutenu le Front populaire...

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