VERNE (JULES)
VERNE (JULES)
Jules Verne naît à Nantes, où son père est avoué, le 8 février 1828, dans une vieille famille bourgeoise. Supportant mal l'autorité paternelle (comme, une génération plus tard, Michel, son fils unique), il tente de s'embarquer, à 11 ans, comme mousse sur un trois-mâts, en partance pour les Indes. Rattrapé de justesse par son père, il attend de passer le baccalauréat pour s'installer à Paris. Tout en poursuivant des études de droit (il passera sa thèse de doctorat en 1850), il fréquente les salons littéraires où il rencontre Dumas, et les milieux scientifiques où il se lie avec les trois frères Arago. Il écrit des pièces. L'une d'elles, Les Pailles rompues (1850), est un succès qui l'incite à se consacrer à l'écriture. Son père finit par s'y résoudre et, désespérant d'en faire un avoué, vend son étude nantaise (le frère de Jules, Paul, est devenu marin) et lui achète une part d'agent de change, en 1857. Cette même année, Jules Verne épouse Honorine Morel, une jeune veuve mère de deux enfants. Se levant très tôt, il écrit avant de se rendre à la Bourse. Il lit Edgar Poe, voyage en Écosse, en Scandinavie... Michel, son fils, naît en 1861. L'année suivante, il rencontre l'éditeur Hetzel qui deviendra son ami et mentor. Hetzel publie Cinq semaines en ballon (1863) que Jules Verne vient d'écrire. Énorme succès cette même année, Nadar vient, en ballon, de faire la traversée Paris-Meaux. Jules Verne peut abandonner la Bourse et s'installer en 1866 au Crotoy, dans le Nord, pour se consacrer à l'écriture. Pour se détendre, il embarque pour de courtes croisières sur un gros bateau de pêche qu'il a transformé en yacht. Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), Les Enfants du capitaine Grant (1882) sont adaptés au théâtre. Jules Verne écrit un ou deux romans par an, change de bateau, achète un hôtel particulier à Amiens (où il se fera élire, lui, l'homme prétendu de droite, conseiller municipal sur une liste radicale-socialiste), fréquente les princes et poursuit une œuvre où, non sans humour, il transforme la science en aventure, alternant les romans d'anticipation scientifique (De la Terre à la Lune, Vingt Mille Lieues sous les mers...) et les romans d'aventures à caractère géographique ou historique. Sa vie familiale est moins paisible. Cet homme, qui aura des millions d'« enfants » pour lecteurs, s'entend mal avec son fils unique. Après un séjour dans une maison de correction, il l'envoie à Nantes puis, parce qu'il le trouve exaspérant, l'oblige à embarquer pour les Indes. Michel, enfant instable et nerveux, est-il jaloux de l'affection que son père portait au jeune Aristide Briand, son protégé qu'il traite mieux que son propre fils? En 1886, son neveu, qui lui est pourtant attaché, le blesse aux jambes à coups de revolver : tentative d'extorsion de fonds ou jalousie (toujours Aristide Briand) ? À ce drame de la folie (le neveu mourra à l'asile) s'ajoute la mort de Hetzel, l'éditeur confident qui a su diriger sa carrière littéraire. Jules Verne mène une existence de notable, fait construire le cirque municipal d'Amiens... Il a perdu le goût des voyages et vendu son dernier bateau qui, avec ses douze hommes d'équipage, lui coûtait trop cher. Lorsqu'il ne rédige pas seul ses romans — il refuse toute aide et écrit tout, de la première à la dernière ligne, même si ses détracteurs jaloux insinuent qu'il utilise des nègres littéraires pour produire une œuvre aussi considérable —, il répond aux milliers de lettres que lui envoient ses admirateurs. Une crise de diabète l'emporte le 25 mars 1905. Son fils Michel, avec lequel il s'est réconcilié, termine ses romans inachevés. Pour Ray Bradbury, « Jules Verne symbolise l'histoire entière de l'humanité ». Cet excellent narrateur n'écrivait, mêlant prudemment l'imagination et la vraisemblance, qu'après s'être soigneusement documenté dans le domaine scientifique. Refusant les effets faciles mais ne dédaignant pas les coups de théâtre, ayant le don de créer avec un humour discret des personnages à la psychologie exacte, Jules Verne a bâti une œuvre qui comprend plus de soixante-dix romans dont, plusieurs ont inspiré des films.
VERNE Jules
1828-1905 Romancier, né à Nantes. Cet auteur populaire est, hors de France, placé très haut par le public (d’abord) et aussi par la critique, lesquels voient en lui bien davantage qu’un écrivain pour l’enfance : un visionnaire. Le grand écrivain qu’est Bachelard pouvait, avec délices, retrouver dans ces romans, transposée sur le registre d’une naïve épopée, la quête éternelle du rêveur en direction des quatre mythes primordiaux : l’air (Cinq semaines en ballon, 1863 ; et De la Terre à la Lune, 1865), l’eau (Vingt mille lieues sous les mers, 1870), la terre et "le feu central" (Voyage au centre de la Terre, 1864, où l’on voit les trois héros s’enfoncer sans frémir dans la cheminée du cratère Sneffels). S’il est vrai que Jules Verne a transformé plus d’un lecteur indolent ou lunaire en un solide savant, n’est-ce pas là un juste retour, puisque la Science l’avait fasciné au point de faire de lui un poète ?
VERNE Jules. Ecrivain français. Né à Nantes le 8 février 1828, mort à Amiens le 24 mars 1905. Il fit ses études secondaires dans sa ville natale. Il se rendit à Paris au mois de novembre 1848 pour y faire son droit, mais la gloire et le théâtre l’intéressaient davantage. Il fréquenta quelques salons, se lia avec Alexandre Dumas qui était alors propriétaire du Théâtre Historique, et se mit à composer les pièces les plus diverses. Dumas accepta de monter Les Pailles rompues, un acte en vers, et la première eut lieu le 12 juin 1850. La critique fut indulgente, le succès relatif, et un ami fortuné paya l’édition en volume. Verne passa tout de même sa thèse, fut reçu, mais refusa de succéder à son père, avoué, et se mit en quête d'une occupation. Entre-temps, au cours de nombreuses visites à la Bibliothèque Nationale, il avait commencé à se passionner pour les multiples découvertes scientifiques qui, tout en lui découvrant la possibilité proche d’un monde nouveau, se paraient encore de toute la poésie de l’inconnu. Dans le même moment, la fréquentation d’un explorateur devenu aveugle, Jacques Arago, chez qui il rencontrait de nombreux voyageurs et géographes, lui ouvrit la porte des pays lointains et des terres vierges. Il trouva néanmoins une situation comme secrétaire du Théâtre Lyrique, et commença à publier des nouvelles dans Le Musée des familles, et un roman historique : Martin Paz. Il continuait aussi d’écrire pour le théâtre et donna, le 20 avril 1853, une opérette, Colin-Maillard, qui bénéficia d’une presse extraordinaire et atteignit quarante représentations. Pendant ses loisirs il poursuivait des études systématiques de géographie, de mathématiques, de physique, et travaillait à acquérir un vocabulaire à la mesure du « Roman de la science » qu’il commençait à rêver d’écrire. Il se maria le 10 janvier 1857 et, pour faire face à ses besoins d’argent, décida de devenir agent de change. Dès lors, il se leva chaque matin à cinq heures, écrivit jusqu’à dix, et passa le reste de sa journée à la Bourse. Il y fit, dit-on, « plus de bons mots que de bonnes affaires ». Ce fut l’époque où il publia une étude sur Edgar Poe dans Le Musée et effectua un voyage en Écosse. Il fit représenter une opérette fantaisiste, Monsieur de Chimpanzé, aux Bouffes en 1860, et Onze Jours de siège au Vaudeville en 1861. En 1863 il apporta le manuscrit de Cinq Semaines en ballan à Hetzel et celui-ci, absolument enthousiasmé, lui signa un contrat qui l’attacha à sa maison. Verne s’engagea à fournir deux volumes par an pendant vingt ans, ou bien quarante volumes dans un temps plus court. Il recevrait dix mille francs par volume. Hetzel refit cinq fois ce contrat, avec des conditions toujours plus brillantes pour « son » auteur. Le succès vint immédiatement, et le roman fut traduit dans toutes les langues d’Europe. Au cours d’un travail de quarante années, Jules Verne allait désormais donner cette œuvre énorme qui est à l’origine du roman scientifique, et qui n’a jamais cessé de passionner ceux pour lesquels l’imagination recule sans cesse les frontières du monde. Ses titres sont présents à toutes les mémoires : Aventures du capitaine Hatteras (1864) — v. Le Désert de glace — Voyage au centre de la Terre (1864), De la Terre à la Lune (1865), Les Enfants du capitaine Grant (1867-68), Autour de la Lune (18701, Vingt Mille Lieues sous les mers (1870). Le succès le plus universel accueillit Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873). Le Temps, qui le publiait en feuilletons, vit son tirage monter comme par enchantement, les correspondants de presse américains télégraphiaient chaque jour les nouvelles péripéties à New York, les directeurs de compagnie maritime offraient à l’auteur des fortunes Four que son héros gagnât son pari grâce à un de leurs vaisseaux. Ce livre et son adaptation théâtrale, puis celle de Michel Strogoff amenèrent une véritable pluie d’or qui lui permit l’achat du Saint-Michel III, son troisième yacht avec lequel il fit de nombreuses croisières jusqu’en 1886 où un accident le blessa à la jambe. Fixé à Amiens, pays de sa femme, depuis 1872, il y écrivit, entre autres, L’Ile mystérieuse. (1875), Mathias Sandorf (1885), Robur le Conquérant (1886), L’Ile à hélice (1895), Face au drapeau (1896), Le Sphinx des glaces (1897). Après le purgatoire obligé, Jules Verne connaît un renouveau et redevient ce qu’il n’a pas cessé d’être, un écrivain pour adultes. Il est l’auteur français le plus traduit. On annonce une réédition moderne des Voyages extraordinaires. Son influence sur son époque, que d’aucuns nomment le siècle de Jules Verne, s’est exercée non seulement sur les hommes (Lyautey, Brazza, Charcot, Simon Lake, amiral Byrd), mais aussi sur les lettres. On sait le culte passionné que lui voua Raymond Roussel. Le Bateau ivre de Rimbaud ne serait, selon Jean H. Guermonprez, qu’une transcription partielle et hermétique de Vingt Mille Lieues sous les mers où, par exemple, le vers célèbre « Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir » se trouverait déjà quatre fois, sous une forme différente.
VERNE, Jules (Nantes, 1828-Amiens, 1905). Écrivain français. Précurseur génial du roman d'anticipation scientifique mais aussi étonnant visionnaire, Jules Verne est de tous les auteurs français le plus traduit. Il exerce encore aujourd'hui une indéniable fascination, comme en témoignent le nom du premier sous-marin atomique français (le Nautilus) et celui d'un des cratères de la face cachée de la Lune (Jules-Verne). Après s'être minutieusement documenté, notamment dans les domaines de la géographie, de la physique et des mathématiques, Jules Verne rédigea durant plus de 40 ans une oeuvre immense destinée à éveiller la curiosité du public pour les sciences et les découvertes des savants. Parmi la centaine d'ouvrages qu'il publia, on peut citer Voyage au centre de la Terre ( 1864), De la terre à la lune ( 1865), Vingt mille lieues sous les mers (1870), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), L'île mystérieuse (1874) et Michel Strogoff (1876).