VERITES ET VALEURS SONT-ELLES RELATIVES ?
VÉRITÉS ET VALEURS SONT-ELLES RELATIVES ? (Cours de spécialité d’humanités, littérature et philosophie)
INTRODUCTION :
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Scepticisme (# dogmatisme) = Doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité. L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. Rien n'est vrai. Tout est faux. Tout n'est que songe et mensonge.
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Dogmatisme = (gr. « dogma », doctrine). Attitude de celui qui affirme certaines vérités comme absolues et indiscutables. Attitude d'esprit par laquelle on s'attache à un dogme, à une théorie s jamais les remettre en question. Disposition d'esprit qui consiste à affirmer que certains principes sont vrais absolument et sans discussion possible. Rigidité intellectuelle des adeptes d'une doctrine qui refusent d'envisager la remise en cause de ses fondements. Toute doctrine professant la capacité de l'homme à atteindre la certitude absolue.
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Relativisme = Ce qui est « relatif » s'oppose littéralement à ce qui est « absolu ». Tout est vrai.
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Sens philosophique (relativisme métaphysique): Tout est vrai. Partant de l'idée que rien n'est absolu, le relativisme en infère que tout se vaut (— ce qui est une affirmation bien absolue!).
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Sens moral (relativisme culturel) : doctrine selon laquelle les principes moraux, les valeurs sociales, les cultures elles-mêmes étant susceptibles de varier infiniment selon les époques et les civilisations, il n'est pas possible d'établir de hiérarchie entre elles. Relativisme et scepticisme sont l'avers et le revers d'une même médaille.
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Le relativisme confine au scepticisme, puisque, en affirmant que toute vérité est relative à tel point de vue particulier et individuel, il déclare la certitude inaccessible et le doute indépassable. Si tout est vrai, au final, rien n'est vrai.
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Le scepticisme conduit au relativisme, puisque, en affirmant que toute vérité est inaccessible, il déclare que tout est faux. Tout se vaut, si rien ne vaut.
PRB : Existe-t-il UNE vérité ou des vérités ? Les valeurs ne sont-elles que relatives ou peuvent-elles prétendre à l'universalité ?
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Les arguments des sceptiques grecs.
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La contradiction des opinions : Opinions divergentes des philosophes aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible. Les sceptiques ont été de grands voyageurs : relativité des opinions, des valeurs, des mœurs. Pyrrhon (-IVe) a accompagné Alexandre au cours de ses expéditions jusqu'en Inde. Montaigne a voyagé partout en France, en Allemagne, en Italie : «Chacun appelle barbare ce qui n'est point de son usage». («Essais», 3). Pascal, reprenant Pyrrhon et Montaigne, dira: «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.»
Montaigne se demande : « Que sais-je ? ». Pour lui, la certitude (ou son impression) est la marque la plus certaine de la déraison. C'est au nom des certitudes que l'on massacre, persécute, torture (guerres de religion). Mieux vaut douter d'une chose (apparemment) sûre que de la croire sans examen. Mieux vaut savoir qu'on ne sait rien plutôt que croire connaître ce qu'on ne connaît pas. La vérité dont tous nous rêvons immuable et certaine peut-être existe-t-elle mais nous ne la connaissons pas et ne pouvons la connaître. => http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertations_pdf/301797.pdf
LE SCEPTICISME
La fin du XVIe siècle est une période marquée par un ébranlement des certitudes et des valeurs les mieux établies : la ruine du géocentrisme, la remise en question des principes d'Aristote, la découverte du continent américain sont autant d'éléments qui bouleversent la vision médiévale de l'univers. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre le scepticisme que Montaigne oppose à la raison : exercice constant d'une faculté de juger, c'est-à dire de nier, l'acte de pensée s'identifie chez lui, comme plus tard chez Descartes, avec celui de douter. La raison est pour Montaigne une puissance de négation qui se découvre dans cette négation même; faculté souveraine, elle peut se remettre en question et aboutir à son propre désaveu lorsqu'elle outrepasse ses limites (comme chez Pascal).
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La régression à l'infini: Une vérité ne peut être admise sans preuve. Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le scepticisme me dira: «Prouve ta preuve». Ainsi la preuve qu'on apporte pour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve : «Prouve la preuve de ta preuve…»… à l'infini. Nous ne connaissons le tout de rien donc nous ne connaissons rien de tout !
Pour que notre démonstration soit vraie, il nous faut partir de prémisses vraies. Mais pour nous assurer que ces prémisses sont bien vraies, il faut qu'elles aient été démontrées. Or, pour démontrer ces prémisses, il nous faut partir d'autres prémisses qui doivent à leur tour avoir été démontrées, etc. II nous faut donc remonter sans cesse, de prémisses en prémisses : nous sommes pris dans une régression à l'infini.
Exemple : Je vais donc prouver que Socrate est mortel parce qu'il est un homme et que tous les hommes sont mortels. Mais pour que le raisonnement soit juste, il faut que ses prémisses soient elles-mêmes prouvées : qu'est-ce qui prouve que Socrate est bien un homme et que tous les hommes sont mortels ? Comment prouver que tous les hommes sont mortels ? Il faut donc une preuve de la preuve, puis une preuve de la preuve de la preuve… Aucune preuve ne peut donc établir une vérité absolument. L'idéal d'une pensée objective est souvent considéré comme une réflexion sans présupposés, ces derniers faisant voler en éclat l'idée d'universalité de l'énoncé formulé. Pourtant, il semble illusoire de vouloir formuler une telle pensée, ne serait-ce que parce que la formulation d'une proposition elle-même s'accompagne de nécessaires présupposés. Dire « je », associer un verbe à un sujet constituent des opérations elles-mêmes lourdes de présupposés qui conditionnent la pensée. Mais il est impossible d'en faire l'économie, sinon nous serions condamnés à rechercher sans cesse la preuve de la preuve, engageant ainsi la réflexion dans une régression à l'infini. Aussi, la pensée ne peut se résoudre à penser sans présupposés, mais bien plutôt à être consciente de ces présupposés qui la structurent.
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La nécessité d'accepter des postulats invérifiables : Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départ qui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. Pour mettre un terme à cette régression, nous pouvons nous arrêter à une idée que nous acceptons comme vraie, sans pourtant l'avoir démontrée. Mais, alors comment pouvons-nous être assurés que cette idée est bien vraie ? Devons-nous admettre que toute notre science ne repose que sur des hypothèses ? La réponse de Pascal: «En poursuivant les recherches de plus en plus, on arrive nécessairement à des mots primitifs qu'on ne peut plus définir, et à des principes si claires qu'on n'en trouve plus qui le soient davantage pour servir à leur preuve. D'où il paraît que les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable à traiter quelque science que ce soit dans un ordre parfaitement accompli.» («De l'esprit de géométrie»)
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Le diallèle : øøø
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Toute opinion est relative : Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a).
Rappel:
LES 4 principes de la logique.
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Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote). C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction, selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ». Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable. En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ». C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c 'est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme.
Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ». Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur. Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage. Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé. Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais en fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ». En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits. « Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal. »
Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers. Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sont confondues et « par suite rien n'existe réellement ». Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon).
La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité. Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée. C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière. « Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote).
Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme. Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai. Le subjectivisme et le relativisme dissolvent l'idée de vérité et mènent au scepticisme.
Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable. Dès qu'il se dit il se contredit. Le scepticisme comme le relativisme sont auto-contradictoire. Montaigne aimait citer Michel de L'Hospital (« Notre esprit erre dans les ténèbres, aveugle il ne peut discerner le vrai. ») ou Xénophon («Nul homme n'a su ni ne saura rien de certain.») = Formules tout à fait illogiques puisqu'elles affirment qu'on ne peut affirmer, elles rappellent qu'on ne peut rien savoir ! C'est pourquoi Aristote pouvait dire avec raison que la seule attitude cohérente du sceptique ne pouvait qu'être celle de garder le silence. Platon, de son côté, contre Protagoras = si vous admettez l'idée selon laquelle toutes les opinions se valent, alors admettez l'idée selon laquelle toutes les opinions ne se valent pas puisque c'est une opinion !
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Contre le scepticisme, un exemple d'une démonstration géométrique vraie :
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Contre le scepticisme, un exemple d'une démonstration algébrique vraie :
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Avantages du relativisme.
Contre de nombreux dogmatismes, le relativisme est une arme critique précieuse. Il incite l'homme à ne pas prendre pour universelles et absolues ses moeurs, ses coutumes, ses formes esthétiques, ses opinions, ses idéologies politiques, ses valeurs morales. Toutes les croyances et certitudes familiers qui constituent notre culture, sont en réalité « relatives » à notre histoire, à notre civilisation. Le relativisme nous invite à nous décentrer de nous-mêmes, à nous ouvrir aux autres cultures, à en reconnaître la légitimité, la dignité et la valeur, à adopter la tolérance (notamment politique et religieuse). Le relativisme est un garde-fou contre toutes les déviations (impérialistes et colonialistes) de l'ethnocentrisme.
Ethnocentrisme : Tendance universelle des individus à prendre leur propre culture ou société comme modèle de référence - et à rejeter toutes les autres comme inférieures. Lévi-Strauss : « Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les sauvages (ou tous ceux qu'on choisit de considérer comme tels) hors de l'humanité, est justement l'attitude la plus marquante et la plus distinctive de ces sauvages mêmes. (...) En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus "sauvages" ou "barbares" de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. » in « Race et histoire ». Comme le dit Lévi-Strauss, « l'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », «cela n'est pas de chez nous », «on ne devrait pas permettre cela », etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. » Ce qui s'impose désormais à toute personne cultivée, dès lors qu'elle a pris conscience de l'importance qu'il y a non seulement à reconnaître la diversité culturelle des hommes, mais à la respecter, consiste donc à ne pas juger les us et coutumes des autres cultures, voire des autres catégories sociales, afin d'éviter cette barbarie que dénonce avec raison, entre autres, Lévi-Strauss, et qui est de privilégier ses propres manières d'être, en dévalorisant pour cela l'autre qui n'est plus considéré que comme « un sauvage ». Les conséquences éthiques qui découlent des prises de conscience ethnologiques et philosophiques sur la réalité humaine sont, nous le voyons, de nature à permettre un plus grand respect de la diversité culturelle. Cette diversité culturelle n'apparaît donc plus sous le mode d'une dichotomie entre monde civilisé (le nôtre) et monde sauvage (celui des autres), mais sous le mode d'une richesse à préserver. L'uniformité culturelle qui tend à imposer partout le mode d'être occidental, et plus particulièrement étasunien, est considérée par les philosophes et penseurs actuels comme un appauvrissement incontestable de l'humanité, et on voit un peu partout s'organiser des modes de défense des traditions et expressions culturelles particulières.
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Inconvénients du relativisme :
Cependant, le relativisme est lui-même dangereux s'il devient... absolu. Dire « tout est relatif » est un jugement risqué parce que lui-même absolu et dogmatique. Tout n'est pas relatif, tout n'est pas égal en matière de morale humaine et de culture. Prétendre que « tout se vaut » conduirait à admettre les sacrifices humains, l'infanticide ou tolérer l'excision, l'esclavage ou la torture. A tout tolérer, on en vient à tolérer l'intolérable : « À force de tout voir l'on finit par tout supporter… A force de tout supporter l'on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer l'on finit par tout accepter… A force de tout accepter l'on finit par tout approuver ! » Saint Augustin. Les mêmes remarques pourraient être formulées à l'égard du « relativisme esthétique » pour lequel « tout est beau ». Le relativisme moral est un bon garde-fou, mais il ne dispense pas l'homme de se construire une éthique, de fonder sur un humanisme minimal le progrès possible de l'Humanité. Le relativisme politique ne dispense pas l'homme de garantir des droits fondamentaux et inaliénables à l'Humanité.
Un tel relativisme est de plus contradictoire (suicidaire) : sous prétexte de tout admettre, il ne peut contester ce qui chercherait à le détruire.
Si ce relativisme culturel permet de rejeter toute dérive ethnocentriste, il s'en tient qu'au simple et pauvre constat des différences. Par là toute culture peut être considérée comme valide et ne pourra être jugée qu'au nom de ses propres normes. Mais, alors, comment ne pas voir que si tout se vaut, l'idée même de valeur, en ce qu'elle a d'absolu et d'universel, perd tout son sens ? Ne sombrons-nous pas ici dans un relativisme paresseux qui veut se dispenser de penser l'idée d'une norme universelle, relativisme qui pourrait tout aussi bien constituer l'autre visage de la barbarie ?
Il est, en effet, barbare d'abandonner l'idée même de valeur sachant que l'humain prend son sens que par rapport à elle (l'homme est un être qui obéit à un système de valeurs). A partir de là, toutes les valeurs se valent aussi, ce qui n'est pas sans incidence sur le plan moral. Indifférence à l'égard d'exigences universelles. Mort de la tradition humaniste. Tolérance de l'intolérable.
D'autre part, il est barbare, au nom de l'idée que tout se vaut, d'exalter la différence et l'altérité ? On oublie alors ce qui fait l'unité du genre humain en ne mettant en valeur que ce qui fait nos différences. Le relativisme culturel conduit au repli sur ses différences car il est absolutisation des différences culturelles. Ainsi devrons-nous voir en un individu non pas un homme mais un sénégalais, un juif, un Papou. Enfermement des individus sur une identité communautaire particulière. Retour à la barbarie car méconnaissance de ce qui fait la dignité de chacun.
Le relativisme culturel est tout aussi barbare que l'ethnocentrisme. Comme le montre Jacques Bouveresse dans un article « La philosophie et son histoire » in Le Noroît, février 1986, il ruine tout repère universel, toute exigence absolue et inconditionnelle, il fait le jeu des communautés violemment identitaires, qui ne revendiquent leur prétendu « droit à la différence » que pour enfermer leurs propres membres dans une logique hétérophobe (qui hait toute altérité) et fanatique, foulant aux pieds les droits de l'homme et du citoyen. Aussi, en refusant la barbarie ethnocentrique, on sombre dans le culte barbare de la différence.
Comme toute attitude systématique, une telle défiance à l'égard du jugement humain et une telle relativisation des moeurs humaines nous semblent comporter leurs propres limites. Le dénigrement systématique de tout jugement de valeur sur les manières d'être, les coutumes et usages relève donc d'une forme de terrorisme idéologique. Et nous pensons, au contraire, que c'est précisément au nom d'une certaine idée de l'homme que certaines coutumes doivent tomber, même si elles ont une signification historique, et que toutes les coutumes ne sont pas « bonnes » parce qu'elles sont ethnologiquement justifiées (homophobie, transphobie, misogynie). Ainsi, les relations de l'homme aux autres êtres vivants doivent faire l'objet d'un examen. L'exercice du jugement qui est, en effet, à la fois le devoir de l'homme et son privilège, le conduit donc à juger en fonction d'un critérium, qui consiste bien en une certaine idée de l'homme et de son essence, et à juger de ses relations, non seulement aux autres hommes, mais à l'ensemble des êtres vivants. Ainsi apparaît pour nous, par exemple, l'excision, qui ne peut pas avoir de justification.
- Le relativisme culturel affirme que les comportements s'enracinent dans des cultures (histoires et justifications idéologiques) différentes. Cela ne signifie pas que tout est justifié. Doivent demeurer intolérables les pratiques (de quelque culture qu'elles soient) qui mettent en cause l'intégrité de la personne humaine. => Pas de liberté aux ennemis de la liberté. Pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie. Pas de liberté religieuse pour les intégristes. Pas de tolérance pour les intolérants. Faire de djihad aux djihadistes. Ne pas confondre l'esprit de tolérance et le « tolérantisme » qui aboutit à la négation de ses propres valeurs au nom de celle des autres. => Attachement aux valeurs humanistes de la culture chrétienne. Héritage des valeurs millénaires de notre culture que la religion a pu véhiculer à des moments de l'Histoire. Pas de haine de soi et de sa propre culture. Pas d'ethnomasochisme, ni ethnocentrisme.