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VENIZÉLOS Éleuthérios

Homme politique grec. Il participa aux insurrections de la Crète contre les Turcs et oeuvra pour l'union de son île avec la Grèce, effective en 1913. Premier ministre en 1910, il forma avec la Serbie, le Monténégro et la Bulgarie une Union balkanique qui triompha de la Turquie dans la première guerre balkanique (1912/13) mais se défit ensuite, ce qui provoqua la seconde guerre balkanique, qui rapporta quelque avantage territorial à la Grèce au traité de Bucarest (1913). Venizélos s'opposa à la politique germanophile du roi Constantin au début de la Première Guerre mondiale. Écarté du pouvoir, il revint aux affaires après les élections de juin 1915, encouragea secrètement le débarquement allié à Thessalonique, ce qui provoqua son renvoi en oct. Il fonda alors un gouvernement rebelle, qui fut reconnu par les Alliés (1916). Après l'abdication du roi en 1917, il déclara officiellement la guerre aux puissances centrales. Aux traités de Neuilly et de Sèvres, il obtint des avantages considérables pour la Grèce. L'occupation par les troupes grecques de la partie occidentale de l'Anatolie, en 1920, provoqua la guerre contre les Turcs kémalistes et la défaite de l'armée grecque fut fatale au prestige de Venizélos ; Constantin remonta sur le trône et le chef nationaliste dut s'exiler dès la fin de l'année 1920. La révolution de sept. 1922 le ramena au pouvoir (janv./févr. 1924 ; 1928/32 ; juin/nov. 1932 ; janv./mars 1933). Il rapprocha la Grèce de la Yougoslavie et de l'Italie mussolinienne. En 1935, ses partisans déclenchèrent, en Crète, une insurrection qui échoua. Réfugié en France, il y mourut l'année suivante.

Vénizélos, Eleuthérios (La Canée 1864-Paris 1936) ; homme politique grec.

Issu d’un milieu modeste, né sur l’île de Crète, dont, pour des raisons stratégiques, l’Angleterre avait empêché le rattachement au royaume de Grèce qui avait récemment été fondé lors de la guerre d’indépendance, V. étudie le droit à Athènes et devient à partir de 1888 le champion dans son île natale de l'Enosis, l’union de la Crète et de la Grèce, et l’un des chefs de la révolte gréco-crétoise de 1897. Malgré la défaite de la Grèce en Thessalie, il obtient grâce à son habileté diplomatique que les grandes puissances imposent au sultan l’autonomie de la Crète et installent le prince Georges comme haut-commissaire. V. prend part à l’élaboration du nouveau statut de l’île, devient ministre de la Justice et membre du conseil des Cinq. Il attire définitivement l’attention de la Grèce et de l’extérieur sur lui lorsqu’en 1905, il proclame de son propre chef le rattachement de la Crète à la Grèce et provoque la chute du prince Georges. Au cours des bouleversements politiques que connaissent les Balkans lors de la révolution Jeune-Turque, il proclame à nouveau le rattachement de la Crète à la Grèce le 6 octobre 1908. Pendant la crise politique de 1909-1910, suscitée par ces événements ainsi que par le soulèvement grec intervenu au même moment en Macédoine, la ligue d’officiers révolutionnaire arrivée au pouvoir à Athènes le fait venir dans la capitale comme conseiller politique. En 1910, V., soutenu par la bourgeoisie libérale de la capitale, devient Premier ministre et se révèle rapidement le plus remarquable homme politique de la nouvelle Grèce. Avec une réforme de l’administration et l’élimination de la corruption, une réforme scolaire marquée par l’introduction de l’école obligatoire, une réforme judiciaire (irrévocabilité des juges) et la réorganisation de l’armée et de la marine, pour laquelle il fait appel à des missions françaises et anglaises, il opère la rénovation nationale de la Grèce. En politique extérieure, il reprend la megale idea, la « grande idée » dominant la pensée politique grecque depuis la fondation de F État, dont le but est de libérer tous les Grecs de la domination étrangère ; en concluant une alliance avec la Bulgarie (mai 1912), il participe de manière déterminante à la mise en oeuvre de l'Union balkanique et, à la fin de la guerre des Balkans, est Fauteur de la paix de Bucarest (1913) par laquelle il assure à son pays la cession du sud-est de la Macédoine avec Thessalonique et Cavala et d’une série d’îles de la mer Egée ainsi que la reconnaissance définitive de l’annexion de la Crète. L’alliance défensive conclue ensuite avec la Serbie l’oppose radicalement au roi Constantin Ier, au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale. D’origine allemande, celui-ci proclame la neutralité de la Grèce, tandis qu’en tant que partisan de l’Entente, V. pousse à l’entrée en guerre. La rupture intervient lorsqu’au début de 1915, l’Angleterre encourage la Grèce à participer à l’attaque contre les Dardanelles et lui promet des compensations en Asie Mineure, mais le roi refuse et V. démissionne. Rappelé au gouvernement à la suite de sa victoire électorale, V. décrète la mobilisation générale après l’entrée en guerre de la Bulgarie et, après avoir été à nouveau renvoyé, forme un contre-gouvernement en 1916 dans Thessalonique occupée par les Français, obtient, grâce à l’intervention franco-anglaise de juin 1917, l’abdication du roi Constantin et déclare la guerre aux Puissances centrales. Deux ans plus tard, siégeant en tant que vainqueur au côté des Alliés à la conférence de Paix de Paris, il demande que soient réalisés tous les rêves nationaux du peuple grec : élargissement des frontières de la Macédoine, annexion de toute la Thrace, de Smyrne avec des parties de l’Asie Mineure et du Dodécanèse. Il obtient les cessions de territoire de la Bulgarie au traité de Neuilly (1919) ; en revanche pour imposer ses revendications en Asie Mineure, il offre aux puissances occidentales d’occuper Smyme afin de devancer les Italiens auxquels le sud de l’Asie Mineure avait également été promis. Avec le débarquement grec du 15 mai 1919, commence la campagne d’Asie Mineure, menée dès le début, tant du côté grec que du côté turc, avec une cruauté inhumaine ; grâce à elle, V. obtient provisoirement la reconnaissance de ses revendications en Thrace et en Asie Mineure au traité de Sèvres (1920), mais elle entraînera finalement l’anéantissement de la culture grecque en Asie Mineure ainsi que la catastrophe de 1922-1923. Le destin lui épargne cependant de devoir porter la responsabilité de son entreprise. Renversé par les élections après la mort subite du roi Alexandre (oct. 1920), il part en exil à Paris avant le retour du roi Constantin. Si en 1923, l’ayant emporté sur le roi, il représente son pays à la conférence de Lausanne, il doit cependant accepter la restitution de la Thrace orientale et la perte du Dodécanèse au profit de l’Italie ainsi que le protocole additionnel contraignant à l’échange des minorités grecques et turques. Après un court intermède à Athènes, il réside de nouveau à Paris et attend jusqu’en 1928 le moment propice à son retour. Son prestige est encore si grand qu’il parvient à prendre aussitôt la direction du parti libéral et le poste de Premier ministre. Au cours des quatre années suivantes, son gouvernement se consacre presque exclusivement à la politique étrangère afin de rétablir de bonnes relations avec ses voisins. Après avoir conclu des traités d’amitié avec l’Italie, l’Albanie et la Yougoslavie, il parvient à la suite de négociations délicates à restaurer des rapports normaux avec la Turquie, mais à cause de la mauvaise gestion de la politique intérieure et des effets de la crise économique mondiale, il doit finalement céder la place en 1933 à Tsaldaris. Après s’être vainement révolté contre ce dernier, V. s’enfuit de nouveau à Paris en 1935 où il ne survit que de très peu à la nouvelle de la restauration de la monarchie en Grèce. Il meurt le 18 mars 1936.

VENIZÉLOS, Elefthérios (La Canée, Crète, 1864-Paris, 1936). Homme politique grec. Il émancipa la Crète de la tutelle des Turcs et engagea la Grèce aux côtés des Alliés lors de la Première Guerre mondiale. Après avoir participé aux insurrections de la Crète contre la domination turque et travaillé à l'union de la Crète et de la Grèce - devenue effective en 1913—, il devint en 1910 Premier ministre. Il accorda au pays une Constitution libérale, et obtint, à l'issue des guerres balkaniques de 1912-1913, d'importants avantages territoriaux (sud de la Macédoine et de l'Épire, presque toutes les îles de la mer Égée). Partisan d'une entente avec les Alliés, il s'opposa au roi germanophile Constantin Ier. Contraint de démissionner (1915), il forma, appuyé par la France, un gouvernement dissident à Thessalonique (1916), puis déclara la guerre aux Empires centraux. Président du Conseil (1928-1932) après la proclamation de la République (1924), il dut s'exiler après un coup d'État avorté de ses partisans en Crète.

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