Venceslas le Saint ; duc de Bohême [v. 926-935].

Venceslas le Saint ; duc de Bohême [v. 926-935]. La mort de Svatopluk en 894 et l'éclatement de la nébuleuse de territoires qu'il a réunie permettent l'émergence d'une Bohême plus indépendante, à laquelle la qualité de royaume n'est attribuée qu'en 1198. Il y a beaucoup de pieuse légende dans la vie de V., mais quelques recoupements permettent de saisir les lignes directrices de l'évolution de la Bohême. Le duc Borivoj aurait été baptisé par Méthode en personne. Sous son fils Vratislas et l'épouse de celui-ci, Draho-mira, il n'est pas exclu que le paganisme ait fait un dernier retour en force. Ainsi pourrait-on s'expliquer qu'après la mort de Vratislas, disputant la tutelle du jeune V. son fils, la reine mère Drahomira ait fait assassiner la grand-mère paternelle de celui-ci, Liudmila, fournissant à la dynastie tchèque sa première sainte martyre. Mais il n'est pas exclu non plus que la haine entre les deux femmes ait été avant tout une rivalité de pouvoir, le clivage passant entre rite slave (Drahomira) et rite occidental importé de Bavière (Liudmila). Il y a aussi beaucoup de légende nationale dans le récit des rapports entre V. et le nouveau roi de Germanie, Henri Ier. Une chose semble sûre : la Bohême passe dans l'orbite de la Saxe et n'en sort pas, ni sous V. ni sous son frère et assassin Boleslas. Une légende est particulièrement instructive : V. aurait promis au duc de Bavière de dédier la cathédrale de Prague à saint Emmeran ; c'est en se ravisant qu'il l'aurait consacrée à saint Vit (Guy). Troquant le saint patron de la Bavière pour celui de la Saxe, V. met fin au rôle de la Bavière dans la mission, donc à son protectorat. Par sa piété et son assassinat, V. donne à la Bohême le premier grand saint martyr princier de la chrétienté slave. La Vie de Venceslas, composée par un clerc de la famille ducale, Christian, ensuite traduite du latin en slavon, fournit dès la seconde moitié du Xe siècle la base officielle d'un culte dynastico-national essentiel.