VÉIOVIS, VÉNUS, VOLUPTÉ, VULCAIN
- VÉIOVIS. Cette ancienne divinité italique est considérée comme le contraire de Jupiter, dieu du Ciel; on invoque donc ce dieu, en même temps que Pluton, comme l’un des maîtres des Enfers. Il préside aux tremblements de terre et aux manifestations volcaniques. A une époque plus tardive, après l’hellénisation du Panthéon romain, il fut identifié avec Apollon, et représenté sous les traits d’un jeune dieu, armé de flèches.
- VENTS. Fils d’Éos et d'Astræos, les Vents sont, parmi les manifestations de la nature, moins des dieux que des puissances divinisées. Le maître des dieux et des vents se nomme Éole; en fait, son pouvoir est modeste : il est délégué par Zeus, et c’est de lui qu’il reçoit des ordres pour lâcher les vents contenus dans des cavernes ou dans des outres. Les vents malfaisants détruisent tout sur leur passage et sèment les calamités. En revanche, les vents ordinaires sont, à l’origine, bienfaisants. Ils sont au nombre de quatre : Borée, le vent du nord (Septentrio en latin), Euros, le vent du sud-ouest (Volturnus), Notos, le vent du sud (Auster), et Zéphyre, I.e vent d’ouest (Favonius). Si les Latins ne vénéraient que ces quatre vents, les Athéniens, à l’époque classique, en ajoutèrent quatre autres à leur culte et firent construire un temple octogonal où figurait, sur chaque angle, l’image de l’un d’eux correspondant au point de l’horizon d’où il soufflait habituellement. Cette multiplication des vents et l’adoration sincère dont ils étaient l’objet s’expliquent aisément dans un pays où l’agriculture et la navigation avaient une place économique prépondérante et dépendaient en partie du temps apporté par les vents.
- VÉNUS. Ancienne divinité italique de peu d’importance, Vénus protégeait à l ’origine les potagers, assurant la fécondation des fleurs et la maturation des plantes. A partir du IIe siècle av. J.-C., elle fut assimilée à la déesse grecque Aphrodite, dont elle prit les caractères, les légendes et les attributs : elle acquit une notable autorité dans le culte romain. Au Ier siècle, César, qui faisait remonter l’origine de sa famille, la gens Julia, à Énée, fils d’Anchise et de Vénus, fixa le culte de son «aïeule». Les Romains consacrèrent à la déesse le mois d’avril, époque où se manifeste dans toute la nature le renouveau de l’amour.
- VERTU. Divinité allégorique romaine et symbole du courage viril, Vertu est souvent représentée avec l’Honneur. Les Romains associèrent les deux divinités en leur élevant deux sanctuaires. On représentait en général la Vertu sous les traits d’une femme fière et austère, qui portait dans une main la lance et dans l’autre l’épée.
- VERTUMNE. Divinité d’origine étrusque, Vertumne symbolisait avant tout les changements qui se manifestent dans la nature, et surtout le passage de la floraison à la fructification. Parce que son nom a pour racine vertere, mot latin qui signifie « changer », les Romains construisirent à propos de Vertumne une légende qui montrait le jeune dieu amoureux de la nymphe Pomone. Pour la séduire, il prit différentes formes, qui représentaient les diverses saisons de l’année. Il se métamorphosa en laboureur, puis en moissonneur, puis en vigneron, et finit par s’unir à la déesse des Jardins sous les traits d’un jeune homme dans la fleur de sa beauté. Les jardiniers vouaient à Vertumne un culte particulier et lui faisaient l’offrande des premières fleurs en bouton et des premiers fruits.
- VESTA. Vesta est une des grandes divinités romaines, dont le culte remonte sans doute à des temps très anciens, puisqu’elle a été assimilée à la déesse Hestia et qu’elle a été adorée aussi bien par les Grecs que par les Troyens. Vesta est avant tout la divinité du Foyer. Elle est représentée non pas par une statue, mais par le feu, son symbole vivant. Toute cité a elle-même son foyer et son feu sacré entretenu par des prêtresses, les Vestales, qu’on enterre vives si elles ont failli à leur vœu de chasteté. Si le feu s’éteint, on ne peut le rallumer qu’au moyen des rayons du soleil concentrés par un miroir. D’après la légende, Romulus et Remus seraient nés de la vestale Rhéa Silvia, et Numa Pompilius, le second, roi de Rome, aurait institué un service en son honneur.
- VICTOIRE. Fille de Pallas et de Styx, sœur de Zélos («l’acharnement»), de Cratos (« la puissance») et de Bia (« la violence»), la Victoire (appelée Nikê par les Grecs) appartenait à la première génération des dieux. Elle possédait sur l’Acropole d’Athènes un célèbre temple. Elle était toujours associée à la déesse Athéna (Athêna Nikê). Ordinairement, les artistes la figuraient sous les traits d’une femme ailée, qui portait la palme et la couronne, guidant les dieux et les héros dans le cours de leurs exploits. Les Romains, pour leur part, prétendaient que l 'effigie de la Victoire avait été élevée par Palans, héros éponyme de la colline du Palatin, où ils avaient édifié un temple en son honneur.
- VIEILLESSE. Fille de l’Érèbe et de la Nuit, vénérée autant à Athènes qu’à Rome, la Vieillesse, divinité allégorique, est représentée avec tous les attributs traditionnels de la décrépitude et de la tristesse : vêtue de noir, elle s’appuie, toute courbée, sur un bâton.
- VIGNE. La vigne fut, dit la légende la plus commune, offerte en récompense par Dionysos au roi Œnée, qui avait accepté de lui prêter sa femme. Mais on raconte aussi à ce sujet que Staphylos (« la grappe », en grec), berger d’Œnée, s’aperçut un jour qu’une de ses chèvres, en mangeant du raisin, devenait bien vite toute joyeuse. Il imagina alors de presser le fruit et recueillit le jus, qui devint du vin. La vigne et le vin apparaissent dans bien d’autres légendes : celle d’Ampélos (le « cep de vigne »), qui se tua en voulant atteindre une grappe de raisin; celle de Polyphème, enivré par Ulysse, qui réussit ainsi à crever l'œil du Cyclope; celle d’Œnopion, qui introduisit dans son royaume de l'île de Chios l’usage du vin, tout comme Saturne chez les Romains enseigna aux habitants de l’Italie la culture de la vigne. Les Anciens voyaient dans la vigne et dans Dionysos, dieu du Vin entouré d’un cortège de divinités joyeuses et ivres, l’image symbolique de la force de la nature pleine de sève, comme celle qui coule de la grappe de la vigne. Avec la culture du blé, celle de la vigne est la première manifestation de la civilisation agricole.
- VIRBIUS. Ressuscité par Asclépios, Hippolyte fut transporté, dit une légende, par Artémis dans le bois sacré d’Aricie, en Italie. Puis, lorsque le héros mourut, il fut divinisé et son nom changé en celui de Virbius, dieu romain associé au culte de Diane. Les chevaux qui avaient provoqué la mort d’Hippolyte n’étaient pas autorisés à pénétrer dans le bois sacré.
- VOLTURNUS. Cette vieille divinité romaine, dont les particularités cultuelles nous sont inconnues, est sans doute le numen d’un fleuve. Peut-être tire-t-elle son origine de la religion des Étrusques, qui adoraient le dieu-fleuve Volturnus en Campanie.
- VOLUPTÉ. Personnification du plaisir sous toutes ses formes, la Volupté prend les traits d’une jeune femme à la belle et vive carnation et à l’attitude pleine de mollesse et de sensualité. Elle fut vénérée à Rome, où on lui éleva sous l’Empire un temple.
- VULCAIN. Comme la plupart des dieux primitifs romains, Vulcain perdit son caractère indigène lorsque les dieux grecs envahirent le Panthéon romain. D’une origine fort lointaine, sans doute étrusque, ayant sa place dans certaines légendes, comme celles de Romulus et de Titus Tatius, le Sabin, Vulcain était vénéré originellement comme un grand dieu. Dieu du feu — ce feu dont toutes les mythologies ont fait l’élément primordial du monde —, Vulcain fut assimilé à l’Héphaïstos grec et réduit au simple état de dieu-forgeron, forgeant et fabriquant les armes des dieux dans les cavités des volcans de l'Italie du Sud.