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vases grecs, peinture de

vases grecs, peinture de. La poterie à motifs peints connut un développement extraordinaire en Crète, à l'époque minoenne (deuxième millénaire). Cet art parvint à son apogée au cours du minoen moyen (de 2000 à 1600 env.), avec une poterie d'une extrême finesse, décorée de motifs polychromes (blanc, rouge, orange et noir) empruntés au monde végétal ou animal : fleurs, coquillages, poissons, seiches en particulier. Cet artisanat entra en décadence au cours du minoen récent, après les destructions du xve siècle av. J.-C.; la production continua, mais l'inspiration s'était tarie. A cette époque, les artisans mycéniens de Grèce continentale, qui avaient emprunté les techniques et le style des Crétois, produisaient des vases très proches et les exportaient en Crète. De 1600 à 1450 environ l'art mycénien fut fortement influencé par la peinture naturaliste des vases mi-noens. Ce fut la période des vases dits de « style palatial », en raison des spécimens retrouvés lors des fouilles du palais de Cnossos : il s'agissait de grandes et élégantes jarres de stockage, richement décorées. Un autre style de vase mycénien de cette époque est l'éphyréen (d'après le nom du site où fut trouvé le premier, dans la région d'Éphyre, c.-à-d. de Corinthe) qui présente une fleur stylisée de chaque côté, motif minoen récurrent. L'ornementation se réduisit ensuite à des motifs de plus en plus abstraits et conventionnels. De très belles pièces continuèrent cependant à être fabriquées jusqu'à la fin de la civilisation mycénienne (comparer avec les gobelets de Vaphio). Le style protogéométrique ( 1100-950) apparut comme le prolongement du style et de la technique de la poterie de la fin de l'âge du bronze, malgré la régression qui suivit la disparition de la civilisation mycénienne. C'est en Attique, au début de l'âge du fer (env. 1050 av. J.-C.), que l'on vit apparaître les premiers signes annonciateurs d'une civilisation nouvelle (le protogéométrique se manifesta plus tard et prit fin plus tardivement dans le reste de la Grèce). Cette poterie se caractérisait par une argile allant du brun clair à un brun plus soutenu, parfois recouverte d'un badigeon jaunâtre, décorée de motifs géométriques extrêmement simples ou de cercles concentriques peints en marron foncé ou en noir. Le style géométrique qui vit le jour à Athènes vers 900 av. J.-C. dura approximativement deux siècles. L'ornementation se fit plus dense : des frises et métopes décorées de méandres au vernis noir se multiplièrent à la surface des vases. Au milieu du viiie siècle av. J.-C., des frises associant silhouettes humaines et chevaux, puis d'autres animaux tels que cerfs ou boucs stylisés, furent insérées entre les motifs géométriques abstraits. C'est sur les amphores et cratères du peintre du Dipylon (v. 750 av. J.-C., du nom du cimetière de la porte Dipylon où fut trouvé son vase le plus célèbre), véritables monuments de terre cuite atteignant la taille humaine, qu'apparurent des scènes figurées, scènes de batailles et surtout rites funéraires, extrêmement spectaculaires. Ces très grands vases remplaçaient les stèles de pierre et les vases à libation utilisés depuis le Xe siècle av. J.-C. pour marquer l'emplacement des principales tombes. L'époque dite orientalisante, car c'est à l'Asie que l'on attribue l'éclosion de ce nouveau style décoratif, apparut à Rhodes et à Corinthe à partir de 725 av. J.-C., alors que le géométrique se perpétuait encore dans certaines régions, en s'assouplissant. Les formes résolument nouvelles qui se manifestèrent alors dans la peinture sur vases seraient des reproductions de motifs venus de Syrie et de Phénicie : formes curvilignes évoquant de manière stylisée dès plantes, rosettes, pal-mettes, lotus, ou des frises d'animaux, lions, taureaux, sangliers, boucs, cerfs et même monstres tels que sphinx, griffons et chimères. Une nouvelle technique, celle des figures noires, vit le jour : elle consistait à tracer les figures et les ornements en silhouette sur le fond clair du vase, en indiquant les détails intérieurs au moyen d'incision et de rehauts de couleurs (blanc et rouge) avant la cuisson au four. Les motifs orientalisants furent extrêmement répandus durant le viie siècle ; les décors animaliers tendirent à se raréfier vers le milieu du vie siècle et disparurent pratiquement à l'époque classique. Les motifs végétaux, d'abord en déclin, survécurent sous une forme modifiée. Le style orientalisant fleurit environ un siècle, jusqu'à ce qu'un nouveau style s'imposât, vers 625 av. J.-C., début de l'archaïsme proprement dit. À Corinthe où les vases orientalisants, connus comme « protocorinthiens », connaissaient un développement sans précédent, la technique des figures noires avait été adoptée vers 700 av. J.-C. Les ateliers athéniens, à certains égards moins novateurs, recoururent aux figures tracées en silhouette durant quasiment tout le VIIe siècle, mais très rarement aux traits incisés. Vers 625 av. J.-C., en même temps que le «protocorinthien» laissait place au «corinthien», les artistes athéniens se mirent à utiliser les techniques de ce style pour toutes leurs figures, puis empruntèrent ses motifs ornementaux vers la fin du siècle. La céramique athénienne, bénéficiant de l'excellence de son argile, commença à s'imposer au détriment de celle de Corinthe, qui subit une éclipse à partir de 550. Le «vase François », du nom du peintre l'ayant découvert, est un témoignage éclatant de la primauté qu'Athènes avait conquise dès 570. C'est un cratère d'une forme nouvelle, signé du potier Ergotimos et du peintre Clitias, dont ce fut le chef-d'oeuvre. Il comporte, s'étageant sur cinq frises superposées, quelque 270 figures, personnages et animaux, exécutés avec une grande finesse. L'ensemble des scènes, à l'exception d'une frise, est tiré de la mythologie. Ce vase, par la force de son dessin, le charme de la couleur et la souplesse du style, inaugure la période qui verra le plein épanouissement des formes classiques et l'apogée de la peinture à figures noires. Celle-ci est également représentée par les vases panathénaïques (à partir de 560-jus-qu'au IIe s. av. J.-C.) qui perpétuent ce style bien après que les figures rouges se sont imposées. Il s'agissait de grandes amphores, emplies de l'huile provenant des oliviers sacrés, destinées à récompenser les vainqueurs des concours des Grandes Panathénées. Athéna en armes était figurée sur une face, l'autre étant ornée d'une représentation de l'épreuve dont elle était le prix. Parmi les grands peintres de vases à figures noires, on peut citer le peintre de Nessos, le peintre d'Ama-sis, Clitias, Exékias, Lydos, Sophilos, le peintre d'Antimérès et le groupe de Léagros. La plupart des peintres ne signaient pas leurs oeuvres; on les désigne aujourd'hui soit d'après le sujet, soit d'après le site de découverte de leur oeuvre maîtresse. Des progrès considérables avaient été accomplis dans la figuration du corps humain, mais c'est l'apparition, vers 530 av. J.-C., de la figure rouge qui révolutionna l'art de la peinture. Le procédé était simple : le vernis noir, au lieu d'être employé pour découper les figures en silhouettes, servait désormais de fond, les figures dessinées en réserve gardant la couleur de l'argile (d'où figures rouges). Cette inversion de la manière traditionnelle aurorisait une plus grande souplesse grâce au remplacement de l'incison par le dessin. Athènes, où cette invention vit le jour, acquit rapidement une véritable hégémonie et presque tous les vases grecs à figures peintes des Ve et IVe siècles sortirent des ateliers athéniens (à l'exception notable de la peinture d'inspiration athénienne de l'Italie du Sud, apparue au milieu du Ve s.). La peinture à figures noires resta appréciée jusqu'en 500 environ, avant que s'amorçât son déclin (à l'exception des vases panathénaïques). Plus tard, apparurent de très beaux vases et coupes à fond blanc, surtout destinés aux cérémonies religieuses et funéraires. Les scènes tirées de la mythologie étaient encore fréquentes, mais les vases figurant des scènes de la vie quotidienne présentent un intérêt particulier. Les conventions iconographiques de la peinture à figures noires ayant disparu, des scènes vivantes apparurent, pleines de réalisme, notam-mant dans les vêtements. L'architecture au contraire restait évoquée de façon rudimentaire, une simple colonne suffisant à suggérer un édifice. Les grands artistes de cette période furent : Euphronios, Euthymidès, le peintre de Cléophradès, le peintre de Berlin, Douris, le peintre de Brygos et le peintre de Pan. La peinture à figures rouges connut un certain renouveau au milieu du IVe siècle, puis déclina et disparut définitivement vers le Ier siècle av. J.-C. Ce n'est qu'au xviiie siècle que les vases grecs, mis au jour dans les fouilles de Campanie, suscitèrent l'intérêt de collectionneurs comme William Hamilton à Naples.

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