Variété de Paul VALÉRY, 1924-1945
Sous ce titre, Valéry a rassemblé à partir de 1924 les essais, préfaces et discours qu'il s'est laissé commander par les circonstances, au cours de sa carrière d'écrivain, tout en tâchant d'y conserver le naturel de sa pensée. Le premier volume commence par La Crise de l'esprit, article écrit en 1919 sur la civilisation européenne ébranlée par la guerre : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. L'article suivant, Note (ou l'Européen), extrait d'une conférence, analyse les composantes de l'esprit européen : le sens juridique romain, la réflexion morale chrétienne; la discipline de l'esprit grec, d'où est sortie la science. Puis viennent des préfaces : Au sujet d'Adonis (de La Fontaine), occasion de réflexion sur la poésie et l'art classique ; avant-propos à La Connaissance de la déesse (recueil de poèmes de Lucien Favre) qui contient une étude du symbolisme ; et un Hommage à Marcel Proust au moment de sa mort. La réédition de l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, publiée à part en 1919, termine le recueil. Quatre volumes ont suivi celui-ci. L'édition de La Pléiade (oeuvres de Valéry, 1.1) classe aujourd'hui l'ensemble de ces textes par sujets littéraires, philosophiques, politiques, poétiques et esthétiques. À signaler en particulier Propos sur la poésie où Valéry analyse les fonctions spécifiques du langage dans la prose et dans la poésie, et procède à une mise au point sur les rapports de l'inspiration et du travail chez le poète.
♦ « Ce qu’a fait Valéry devait être tenté. » Bergson. ♦ « Je le compare à un lion de pierre. Cet homme, petit, porte une tête redoutable par l’attention et le mépris, aussi par une gaieté de bon aloi remarquable par une puissance de tragique incomparable. Je ne connais pas de masque qui saisisse à ce point... Les gros yeux, brillants comme des diamants, refusent le petit objet et s’égalent à l’univers auquel ils sont tangents par leur courbure; ils voient au loin et ils voient des rapports. Les sourcils menacent les naïfs. Il y a presque de l’indignation dans ce visage et la fixation d’un mètre et d’une rime au-devant de soi » Alain. ♦ « ...Et le plus bel éloge que ses admirateurs puissent faire de ce disciple intellectualiste de Mallarmé est justement que parfois, il nous fait songer à la sensualité épurée de Racine. Les cent vers de Valéry que conservera l’avenir vaudront pour cela. » R. Brasillach. ♦ « Yeats, Rilke et Eliot ont écrit des vers plus dignes de mémoire que ceux de Valéry; Joyce et Stefan George ont accompli des changements plus profonds dans leur instrument...; mais derrière l’œuvre de ces éminents artistes ne se trouve pas une personnalité comparable à celle de Valéry. Que cette personnalité soit, en quelque façon, une projection de l’œuvre, cette circonstance ne change rien au fait. Proposer aux hommes la lucidité dans une ère bassement romantique... telle est la mission méritoire qu’a accomplie (et accomplit encore) Valéry. » J. L. Borges.
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