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VALEUR

VALEUR (lat. valeur , être bien portant, valoir). La valeur d'une chose, c'est son prix; celle d'une personne, sa dignité. On peut estimer le prix d'une chose selon son usage ou selon la quantité d'autres biens contre laquelle l'échanger ( échange), c.à -d. selon une fin. En revanche, la personne, ne pouvant être considérée comme un moyen en vue d'une fin, n'a pas de prix. Sa valeur est inestimable car inaliénable, intrinsèque. Cette distinction entre valeur relative (celle des moyens utiles) et valeur absolue (celle des fins en soi) est constitutive de toute morale qui affirme l'universalité de ses valeurs. Nietzsche, au contraire, pense que l'Homme est l'auteur de toute valeur : il n'y aurait donc pas de valeur en soi, mais simplement des valeurs relatives à nos intérêts, des valeurs utiles (le bien, le vrai) que leurs créateurs ne prétendent Absolues que pour imposer leurs choix comme universels.
Valeur. La valeur d'une chose ne dépend pas seulement de sa rareté, de son utilité, ou bien encore du travail qui a été nécessaire pour l'obtenir. L'homme crée ses propres valeurs, y compris en ce qui concerne les biens matériels. Désirant ce que désire autrui, il en vient à accorder à certaines choses plus de valeur qu'elles n'en ont réellement.
Valeur. Caractère de ce qui est désirable, et qui comprend la façon dont on se représente le vrai, le beau et le bien. (Ici, le problème est que la valeur de la vie humaine ne peut pas faire l'unanimité, si ce n'est par le recours à la force, en interdisant le suicide.
Valeur. Critère en fonction duquel nous jugeons les choses, ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est beau et ce qui est laid, etc. Les valeurs peuvent être collectives, propres à une société donnée, ou individuelles, celles que nous choisissons nous-mêmes.
VALEUR. n. f 1° Sens philosophique : ce que l'esprit pose comme étant le plus digne d'estime dans les divers domaines de la vie humaine, en particulier dans l'ordre social, l'ordre esthétique et l'ordre moral. Le Bien, le Beau, le Vrai sont des valeurs fondamentales. Les Idées platoniciennes sont des valeurs en soi, douées d'existence autonome. La Liberté, la Justice sont des valeurs.
· En fonction des valeurs qu'elle reconnaît, la conscience mesure les actes, les opinions, les ouvrages, les événements. Elle évalue, elle juge : il s'agit de jugements de valeur par opposition aux jugements de fait. Le jugement de valeur porte une appréciation positive ou négative sur les êtres, les conduites, les choses ; le jugement de fait se contente d'établir la réalité objective (ou non) des choses, des faits, des actes sur lesquels portera le «jugement de valeur ».
· Pour établir des jugements, l'être humain se réfère à de nombreuses valeurs entre lesquelles il établit une hiérarchie ou «échelle de valeurs ». Par exemple, on peut placer, par ordre décroissant, la Solidarité, la Justice et la Liberté, et en fonction de ces critères, juger de la nature d'une société. Voir les mots Éthique, Morale.
2° Sens social : les valeurs représentent ce à quoi les groupes, les collectivités croient le plus, ce qui fonde la morale ou les normes collectives, ce à quoi tient fondamentalement la société. Par elles-mêmes, les «valeurs» collectives, les «systèmes de valeurs» d'une société ne sont pas qualitativement différentes de ce qu'il en est pour chaque personne. Toutefois, en ce qui concerne les valeurs sociales, on notera :
· La confusion qui s'opère, dans les valeurs « dominantes » d'une société, entre les normes morales et les normes sociales (voir le mot Norme). Les conduites valorisées dans une société peuvent même s'opposer aux valeurs morales que cette société affiche par ailleurs. Par exemple, on peut simultanément glorifier l'argent-roi (et ceux qui le gagnent), et conserver une morale de la probité (voir "Topaze", de Marcel Pagnol); on peut exalter l'individualisme, et en même temps déplorer le manque de solidarité, etc.
· Les valeurs sociales sont liées aux « modèles culturels» (voir cette expression). Elles s'imposent ainsi aux individus avant même qu'ils aient par eux-mêmes réfléchi à leur morale, établi leur «hiérarchie » des valeurs, et réellement fait la différence entre les valeurs sociales et les valeurs morales. Il y a donc «valeur» et « valeur » : la multiplicité des emplois du mot suppose une attention précise à ses divers sens. Il ne faudrait nommer « valeurs » que celles qui sont l'objet d'une réflexion et d'un choix conscients, délibérés, de la part de chaque personne.
N.B. Pour l'opposition faite, en économie, entre «valeur d'usage» et « valeur d'échange», voir le mot Usage.
valeur, tout ce qui est désirable (et non pas seulement ce qui est « désiré »). — Il y a des valeurs biologiques (santé, force), économiques (droit), esthétiques (beauté), morales (vertu), religieuses (sacré), etc. D'une manière générale, on distingue trois groupes de valeurs : le vrai, le bien, le beau. La notion de valeur (ce qui doit être) se distingue de celle de vérité (ce qui est); c'est une notion pratique, qui n'a de sens que par rapport à l'expérience de la volonté ou de l'action. 1° Elle implique un élément « dynamique », sous la forme d'un désir ou d'une sensibilité du côté du sujet : un objet ou un être nous paraissent posséder d'autant plus de valeur que notre désir est plus grand; inversement, un objet de grande valeur (or, argent) peut n'avoir aucune valeur à nos yeux, si nous n'en avons aucun désir; 2° Elle possède cependant un aspect objectif ou « statique » (caractère social, traditionnel ou universellement humain de la valeur : par exemple, de la culture, de l'honnêteté, de la fidélité, etc.).
valeur, intérêt que l’on porte à un objet ; estime que l’on a pour une personne.
La notion de valeur est essentiellement subjective ; elle varie avec les individus et les situations ; elle est liée à la satisfaction des besoins. Un objet n’a de valeur qu’autant qu’il est désirable.
On distingue diverses valeurs : biologiques (santé), économiques (droit), morales (honneur), religieuses (sacré), esthétiques (beauté), etc., mais c’est par l’affectivité et dans l’intersubjectivité que l’être humain prend réellement conscience du monde des valeurs concrètes. Être aimé, c’est avoir de la valeur. Lorsqu’un enfant a la certitude d’être aimé par ses parents, il possède une force morale indestructible. L’enfant abandonné ressent le désintérêt de ses parents à son égard comme une dévalorisation personnelle.
La valeur d’une personne est fluide, labile, toujours remise en question ; l’individu qui cherche à se définir ne peut le faire que par référence à son monde social ; il ne prend de valeur à ses propres yeux que dans la mesure où il est porteur des valeurs que son groupe lui reconnaît. Leur lieu est son statut. Plus celui-ci est élevé dans la hiérarchie sociale, plus il prend de valeur ; c'est là un des mobiles de l’ambition.
VALEUR

1. Sens primitif : courage, vaillance («la valeur n'attend pas le nombre des années », Corneille, Le Cid).
2. Caractère qui fait qu’une chose est estimée ou désirée (pour un noble de 1'Ancien Régime l'orgueil avait de la valeur).
Et ce qui a de la valeur en ce sens (l'orgueil était une valeur).
3. En économie , capacité d’une chose à être utilisée ou échangée. On distingue en une chose la valeur d'usage (utilité) et la valeur d'échange (capacité à être échangée contre d’autres objet ou de la monnaie).
4. En linguistique , extension d’un terme en fonction des autres termes (ex. : «mouton» en français et «sheep» en anglais ont la même signification mais non la même valeur car, en anglais, existe aussi «mutton» pour désigner la viande de mouton alors qu 'en français on emploie dans les deux cas «mouton»).
5. Valeur morale : ce que la morale pose comme bien, comme norme (la justice est une valeur morale).
6. Jugement de valeur : jugement qui attribue ou nie une valeur (sens 2 ou 5) aux êtres ou aux choses. S’oppose à jugement d’existence qui constate une réalité sans plus.
Valeur

Du latin valor, « mérite », « qualités ».
- Propriété de ce qui est jugé désirable ou utile (exemple : la valeur de l’expérience). - En morale, norme ou idéal orientant nos choix et nos actions (exemple : le bien, la justice, l’égalité). - En économie politique, on distingue la valeur d'usage d’un objet, qui est relative au degré d’utilité que chacun lui attribue, et sa valeur d'échange (son prix), qui résulte du rapport de l’offre et de la demande.

• L'air que nous respirons a une grande valeur d'usage, mais une valeur d'échange nulle (il ne coûte rien) ; en revanche, un lingot d'or a une grande valeur d'échange, mais une valeur d'usage quasi-nulle (il existe des serre-livres moins onéreux !).
• Pour l'économiste David Ricardo (1772-1823), la valeur d'échange d'une marchandise est proportionnelle à la quantité de travail qu'il a fallu dépenser pour la produire.
Nietzsche a entrepris de « renverser » les valeurs prônées par le christianisme (la pitié, la charité, l'altruisme) pour rétablir les valeurs des « maîtres » que sont l'énergie créatrice et l'esprit de conquête.
VALEUR (n. f.) 1. — (Sens étym.) Vaillance, courage : « La valeur n'attend point le nombre des années » (Corneille). 2. — Caractère qui fait qu’on estime quelque chose, que cette chose est préférée à une ou plusieurs autres, qu’on la désire, qu’on admet qu’elle est supérieure, etc. 3. — Qualité (bon, beau, laid, utile, etc.) qui est attribuée à quelque chose et dont on admet gén. qu’elle ne correspond pas à une propriété phys. ou à la nature de cet être considéré en lui-même ; sens cf. 9 ; concept correspondant à cette qualité. 4. — Par ext. : a) Ce qui a de la valeur, c.-à-d. ce à quoi on attribue avec raison un concept comme le beau, etc. b) Ce qui a le caractère défini en 2. c) Ce qui constitue un but, un modèle, un idéal. 5. — (Econ. pol.) Syn. prix ; on distingue la valeur d'usage d’une marchandise, c.-à-d. son utilité (cf. sens 3) et sa valeur d'échange, c.-à-d. la proportion dans laquelle on l’échange avec d’autres marchandises, et en part, la monnaie ; Marx pense que la valeur d'échange est voisine de la quantité de travail social moyen nécessaire à la production de la marchandise. 6. — (Math., logique) On appelle valeur d’une variable toute détermination de celle-ci, c.-à-d. toute constante par laquelle elle peut être remplacée ; on dit aussi qu’un terme prend une valeur sur un ensemble donné, pour désigner une correspondance de ce terme avec ceux d’un autre domaine ; on appelle aussi valeur d’une fonction f (x) ce que donne cette fonction pour une valeur déterminée de x. — Linguistique a) (Class.) Ensemble des diverses acceptions d’un mot ; acception dans laquelle un mot est pris dans un contexte donné ; Syn. sens, b) (Auj.) Réalité des éléments ling. définie par le seul jeu de leurs oppositions à ceux avec lesquels ils forment système : « Dans les systèmes sémiologiques, comme la langue, où les éléments se tiennent réciproquement en équilibre selon des règles déterminées, la notion d’identité se confond avec celle de valeur et réciproquement » (Saussure). 7. — Valeur morale : a) Au sens 3, le bien et le mal ; par ext., tout ce que la morale pose comme norme, comme idéal. « Nous avons besoin d'une critique des valeurs morales, et la valeur de ces valeurs doit tout d’abord être mise en question » (Nietzsche), b) Caractère de ce à quoi on attribue une valeur morale au sens a ; par ext., caractère de ce qui est conforme soit à une norme, soit à un but ou idéal moral. 8. — Valeur de vérité (logique) : tout membre d’un ensemble donné qui, dans une fonction de vérité, peut être considéré soit comme une valeur (au sens 6) d’un des termes de la fonction, soit comme celle de la fonction ; on prend gén. comme valeurs { vrai, faux }, mais aussi { vrai, probable, faux }, {vrai, indécidable, faux }, voire une infinité de valeurs ; on parle ainsi de logique bivalente, trivalente, etc. 9. — Jugement de valeur/Jugement de réalité : distinction faite par certains auteurs (Durkheim, Ribot) entre les propositions qui constatent un fait empirique et celles qui attribuent à quelque chose une valeur au sens 3.


 


VALEUR Terme dont le premier sens technique s’est formé en économie politique, où il désigne la propriété que présente un objet de répondre au besoin d’un individu. On y distingue classiquement la valeur d’usage (fondée subjectivement sur l’utilité attribuée à une chose) et la valeur d’échange, calculée pour des raisons de facilité par rapport à une monnaie conventionnelle et déterminée en fonction du travail nécessaire à la production de l’objet. ♦ En philosophie, le mot est généralement pris dans une acception morale, pour désigner ce qui donne des normes à la conduite. La nature des valeurs est conçue différemment selon les systèmes philosophiques : transcendantes chez Platon, historiquement variables chez Nietzsche, créées à tout moment par la liberté radicale du sujet dans l’existentialisme sartrien.