VAILLAND Roger

1907-1965

Romancier, né à Acy-en-Multien, dans l’Oise. Cofondateur de la revue Le Grand Jeu, d’esprit surréaliste (1927), mais surtout journaliste ; dès l’armistice de 1940, il participe à la Résistance (« Drôle de jeu », s’écriera-t-il; et ce sera le titre de son premier roman, paru en 1945). Ses autres romans seront d’ailleurs, selon son humeur du jour, « engagés » de nouveau (325 000 Francs, écrit en 1955 dans l’esprit du réalisme socialiste, et qui n’est pas son meilleur livre) ou résolument désengagés, Les Mauvais Coups, par exemple (1948), qui reste sans doute son chef-d’œuvre ; le héros, Milan, ressemble fort au Marat de Drôle de jeu, autant dire à Vailland, homme volcanique mais légitimement fier, selon sa propre expression (favorite), de son « regard froid ». Moins heureux - c’est-à-dire moins personnel - dans ses derniers romans, qui atteignent pourtant le « succès de public » ; entre autres : La Loi (1957) et La Truite (1964) ; franchement malheureux et même maladroit au théâtre, malgré des sujets qui ne manquaient pas d’audace (Abélard, la guerre de Corée, Don Juan), il est en outre un essayiste étonnant, plein de nerf et de feu, excitant pour l’esprit, théoricien du « libertinage » dans une étude sur Laclos et dans la fougueuse Esquisse pour un portrait du vrai libertin (1946). Mais ses Écrits intimes, publiés en 1969, quatre ans après sa mort, corrigent un peu l’image que donna de lui, de son vivant, cet homme qui eût tant souhaité être un « vrai libertin » comme plus d’un de ses héros. Il fut bien plutôt un indépendant, dédaigneux de tous les snobismes de ce temps, et de toutes les modes intellectuelles. Je déteste l'absurde, dit-il en particulier, dans son livre posthume. Le meilleur ouvrage extra-romanesque de Vailland, néanmoins, reste peut-être le bref recueil de notes et d’aphorismes intitulé Quelques réflexions sur la singularité d'être français (voir, par exemple, la citation à l’article « Retz » ci-dessus, laquelle se termine par une véritable définition de Vailland).