Databac

UTILE / UTILITAIRE / UTILITARISME

UTILE, adj. (lat. utilis « qui sert à », « qui est propre à »). Qui rend service. — Qui est propre à donner le résultat désiré. ♦ 1° Qui a une valeur comme moyen bien adapté à une fin jugée bonne. En ce sens, s'oppose à « nuisible ». ♦ 2° Qui a un usage immédiat, qui est de nature à satisfaire une nécessité de la vie pratique, qui sert à la satisfaction d’un besoin, par opposition à ce qui est superflu, à ce qui n'a pas d’intérêt biologique, par exemple une satisfaction intellectuelle ou artistique. ♦ 3° Ce qui concerne l'intérêt étroitement compris (une promotion personnelle, un avantage financier). L'utile se pense toujours relativement à une fin. Il vaut ce que vaut la fin. La recherche de l'utile peut être une démarche de sagesse : « Plus on s'efforce et l'on a le pouvoir de chercher ce qui nous est utile — c'est-à-dire de conserver son être — plus on est doué de vertu » (SPINOZA, Ethique IV, 20).


UTILITAIRE, adj. ♦ 1° Qui n'est ordonné qu'au résultat pratique, matériel ou financier (souvent avec une nuance dépréciative ou péjorative : {démarche utilitaire, travail utilitaire). ♦ 2° Appliqué aux philosophes et aux doctrines, synonyme d'« utilitariste ». Mais « utilitariste » a prévalu.
UTILITARISME, n.m. (lat. utilis « qui sert à », « qui est propre à »). ♦ 1° Caractère de celui qui n’a pour objectif que l'utile, entendu dans un sens voisin de l'intérêt ou de l'avantage immédiat (utilitarisme politique). ♦ 2° Doctrine morale qui fait de la recherche de l’utile le mobile fondamental de la vie morale. C’est la doctrine de l'école anglaise représentée par Bentham et Stuart Mill (Utilitarism, 1863). Pour Bentham, il s'agit de constituer une arithmétique des plaisirs », de chercher à se procurer le maximum de plaisirs avec le minimum d'ennuis ou de désagréments. La définition de Stuart Mill, recherche du bonheur entendu comme « le plaisir et l'absence de douleur » son contraire étant « la douleur et l'absence de plaisir », est à peu près identique. — Cette morale est moins égoïste et moins étriquée qu'il ne paraît d'abord. Car nul ne saurait être heureux en ayant conscience du malheur d'autrui. Il convient donc de rechercher le bonheur d'autrui comme le sien propre et d'avoir pour objectif « le plus grand bonheur du plus grand nombre ». D’autre part, Stuart Mill prend en compte la qualité des plaisirs : il vaut mieux être Socrate mécontent qu’un pourceau satisfait. Il ajoute que, par le jeu de l’association, l’homme vraiment moral s'habituera à rechercher le bonheur d'autrui autant que le sien propre. Cette doctrine s'accompagne de vues politiques : la législation doit chercher à faire coïncider l'intérêt public et les intérêts privés.
UTILE (adj.) 1. — (Sens objectif) Tout ce qui peut servir valablement de moyen en vue d’une fin quelconque. 2. — (Sens subjectif) Tout ce qui est apte à satisfaire un besoin, ou à contribuer à un résultat désirable. 3. — (Sens vulg.) Tout ce qui peut servir au développement écon. d’une société, au progrès, à la vie. 4. — Utilitaire : a) Qui concerne l’utile ; par ext., qui concerne ou considère seulement la vie pratique, b) Qui concerne l’utilitarisme. 5. — Utilitarisme9 : a) Sens propre, doctrine de Bentham et de son école, qui prend pour principe moral, socio. et pol. l’utile au sens 1. b) Par ext., toute doctrine qui accorde à l’utile une valeur de principe, en part, en morale. 6. — Utilité : a) Caractère de ce qui est utile, b) (Econ.) Importance que le sujet attribue à un bien disponible en quantité limitée ; cette utilité est supposée diminuer à proportion de l’augmentation des unités du bien qui sont consommées ; par définition, on appelle utilité marginale l’utilité de la dernière unité de bien disponible ; si le bien satisfait plusieurs besoins, cette utilité est égale à l’utilité de l’unité de bien affectée à la satisfaction du besoin le moins intense. Rem. : le néomarginalisme reconnaît que le sujet, s’il peut apprécier les différences d’utilité, ne peut, de façon homogène, les exprimer par une quantité ; d’où le remplacement de la notion par celle de préférence, qui suppose simplement la possibilité d’un ordre.


Liens utiles