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UN MONDE MULTIPOLAIRE (1991-2003)

UN MONDE MULTIPOLAIRE (1991-2003)

La seconde guerre froide prend fin avec les années 1980 lorsque disparaît le bloc de l’Est . Les réformes engagées en URSS par Mikhaïl Gorbatchev ont conduit à une déstabilisation du système soviétique. Sa disparition (effective en décembre 1991) s’accompagne de l’effondrement des régimes de démocratie populaire d’Europe de l’Est. Le Mur de Berlin est ouvert le 9 novembre 1989. L’implosion soviétique résulte également d’un mouvement général d’indépendance des républiques fédérées de l’URSS, aboutissant à la naissance ou à la résurgence de quinze États-nations.

Une nouvelle hiérarchie des puissances.

La fin du monde bipolaire semble déboucher sur un monde multipolaire. Si la Russie reste une puissance d’importance, elle connaît, sous la présidence de Boris Eltsine (1991-1999), une transition politique et économique heurtée et doit adopter un profil bas dans les relations internationales. Elle ne peut plus entretenir son immense complexe militaro-industriel et est contrainte de se rapprocher encore des pays occidentaux pour bénéficier de leur aide économique. Qui plus est, certains territoires de la Russie échappent au pouvoir central. En 1994, l’armée russe intervient très brutalement en Tchétchénie, petite république du Caucase du Nord, de la Fédération de Russie, pour y mater une tentative d’indépendance. La capitale Grozny est rasée, mais les forces russes subissent une défaite humiliante. Le conflit semble apaisé en 1996, mais la guerre est relancée en 1999.

Les États-Unis apparaissent désormais comme la seule superpuissance mondiale, n’ayant plus de rival à leur taille. Les « années Clinton » (1993-2001) sont marquées par un très long cycle de croissance économique. L’inflation est maîtrisée, le chômage baisse, la Bourse s’emballe. L’administration démocrate donne priorité à la diplomatie commerciale : conclusion avec le Canada et le Mexique voisins de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) qui entre en vigueur en 1994, projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), stratégie au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), rapprochement avec la Chine, etc. Dans le nouveau paysage géopolitique mondial, Washington choisit une politique interventionniste, laquelle est contrariée par les tendances isolationnistes du Congrès et de l’opinion publique américaine.

S’il ne joue toujours qu’un rôle de second plan dans les relations internationales, le Japon demeure une puissance commerciale considérable. Sa montée en puissance économique se poursuit et le pays passe encore pour détenir un modèle d’organisation du travail plus efficace (on parle du « toyotisme »). Mais l’euphorie ne dure pas. Le pays va bientôt connaître des « années grises », consécutives à l’éclatement de sa « bulle » spéculative financière et immobilière : faillites, montée du chômage, ralentissement durable de la croissance, etc.

En Chine, comme l’ont montré les événements de Tian An Men en 1989, le régime communiste maintient son emprise politique sans faiblesse tout en poursuivant, depuis la fin des années 1970, sa conversion à l’économie de marché. De 1990 à 2000, le taux de croissance annuel moyen du Produit intérieur brut (PIB) par habitant dépasse 10 %. Les ambitions de puissance du pays s’affirment, y compris sur le plan militaire. En Inde, les années 1990 sont marquées par un affaiblissement relatif de l’État et par un souci de reconnaissance internationale. L’économie y est désormais moins dirigée, mais encore relativement protégée.

En Europe occidentale, l’Allemagne, troisième puissance économique mondiale, peut espérer jouer un rôle diplomatique international accru. Cependant, l’unification économique que le chancelier Kohl a voulue immédiate va se révéler économiquement et socialement très coûteuse. Le « modèle allemand » apparaît grippé. Derrière l’Allemagne, trois autres pays de l’Union européenne - la France, le Royaume-Uni et l’Italie - ont un poids économique assez comparable. La France poursuit, depuis les années 1980, son ouverture au marché mondial, dans une logique de plus en plus libérale en rupture avec sa tradition protectionniste. Les périodes successives de cohabitation entre un chef de l’État appartenant à l’opposition parlementaire et un Premier ministre issu de la majorité (1986-1988, 1993-1995, 1997-2002) se traduisent par une politique étrangère peu incisive. Le Royaume-Uni, après les années Thatcher (1979-1990), voit l’application d’un libéralisme plus critique et développe des approches européennes progressivement plus pragmatiques, surtout sous Tony Blair. L’Italie, pour sa part, va connaître une implosion de son système politique, lequel avait été construit sur les antagonismes de la Guerre froide.

Un « nouvel ordre économique mondial » ?

Avec la disparition de l’affrontement Est-Ouest, certains croient pouvoir annoncer l’avènement d’un monde meilleur. Des possibilités inédites de coopération pacifique entre États semblent possibles. On parle de « gouvernance mondiale ». La notion de « communauté internationale » ne pourrait-elle pas enfin prendre un véritable sens ? Le multilatéralisme, c’est-à-dire le principe selon lesquels les grandes décisions concernant l’ordre international doivent être collectivement élaborées au sein d’organisations internationales, ne pourrait-il pas devenir la règle ? Dans ce cas, l’ONU (Organisation des Nations unies), qui a tellement été écartelée entre les deux blocs pendant la Guerre froide ne pourrait-elle pas enfin jouer le rôle qu’on attend d’elle ?

Les États-Unis redéfinissent cependant leur propre rôle international. Ils affirment qu’un « nouvel ordre mondial » est possible qui reposerait sur l’unique superpuissance américaine. La guerre du Golfe, consécutive à l’invasion du Koweït par l’Irak, le 2 août 1990, est l’occasion de réunir une très large coalition militaire. L’ONU autorise l’usage de la force si l’Irak n’évacue pas le riche émirat pétrolier. Au début de l’année 1991, à la suite de l’opération Desert Storm, « Tempête du désert »), le Koweït est vite libéré, mais les troupes coalisées ne poussent pas leur avantage pour occuper l’Irak ou renverser le régime de Saddam Hussein.

Au cours des années 1990, d’autres opérations de « police internationale » se succèdent sous égide américaine. En 1992, des troupes américaines et des « casques bleus » de l’ONU débarquent en Somalie, pays en guerre civile où l’État s’est effondré. C’est rapidement un fiasco. Les marines américains plient bagage sans gloire, en mars 1994, et les derniers « casques bleus » abandonnent le terrain aux « seigneurs de guerre » somaliens en mars 1995. L’ONU sort très atteinte de cet échec. En 1994, le débarquement, sous couvert de l’ONU, de forces américaines en Haïti renverse la dictature installée en 1992 et permet au président élu d’être rétabli.

L'Europe, l'UE, l'OTAN.

Sur le Vieux Continent, la fin de la Guerre froide est marquée par le retour de la guerre, quarante-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 25 juin 1991, deux des républiques de la fédération yougoslave, la Slovénie et la Croatie, proclament leur indépendance. Commence alors le cycle meurtrier des guerres yougoslaves, marquées par l’exacerbation des passions nationalistes et des pratiques de nettoyage ethnique. La Yougoslavie éclate. Les guerres yougoslaves prennent fin avec les accords de Dayton en 1995, mais en 1999 une intervention militaire de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord) sera organisée (opération Allied Force) pour imposer aux forces serbes de se retirer du Kosovo.

L’incapacité des institutions européennes à empêcher les guerres yougoslaves puis à y mettre fin a sans aucun doute pesé sur certaines évolutions ultérieures. Deux institutions ont joué un rôle fondamental dans ce processus visant à « ressouder » les ailes occidentale et orientale du continent européen. On aurait pu penser que la Communauté économique européenne (CEE), qui se transforme en Union européenne (UE) en 1993 après le traité de Maastricht, serait l’outil privilégié de cette recomposition. En fait, elle a partagé ce rôle avec l’OTAN, laquelle n’a non seulement pas été démantelée lorsque l’alliance militaire rivale (le pacte de Varsovie) a été dissoute, le 1er juin 1991, mais a redéfini son rôle dans le sens d’une intégration politico-militaire de l’ancien bloc de l’Est, sous direction américaine de fait. En 1999, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont été intégrées à l’Alliance (de nombreux autres pays de l’Europe centrale et orientale devant suivre), tandis que des partenariats étaient conclus avec l’Ukraine, puis la Russie. Ainsi donc, l’elargissement à l’Est de l’OTAN aura précédé celui de l’UE.

La construction européenne n’en représente pas moins une expérience politique tout à fait originale dans l’histoire. du monde. Il s’agit en effet d’une construction multinationale pacifique et volontaire, décidée et voulue par ses États membres. L’approfondissement de l’UE, de même que son élargissement programmé à de nouveaux pays rendent indispensable une réforme de ses institutions. On ne peut pas en effet « gouverner » une Union à vingt-cinq ou trente membres comme on le faisait à six ou douze. De nombreux États ont déposé leur candidature et des négociations ont été engagées avec douze d’entre eux. Parmi ceux-ci dix pouvaient rapidement adhérer : Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie, Chypre et Malte.

Évolutions paradoxales en Afrique et au Proche-Orient.

Les années 1990 sont marquées en Afrique par des évolutions opposées. En Afrique du Sud, après la libération, en février 1990, du leader de l’ANC (Congrès national africain) Nelson Mandela, le régime raciste d’apartheid est aboli. Deux pays accèdent par ailleurs à l’indépendance : la Namibie en 1980 et l’Érythrée en 1993. Ces émancipations tranchent avec les guerres qui ensanglantent encore, en Afrique de l’Ouest, le Libéria ou la Sierra Léone, pays qui vont être durablement marqués par l’effondrement de l’État et l’instauration d’une économie de guerre tendant à déstabiliser toute la région. Cependant, certains très longs conflits prennent fin, au Mozambique (1992) et en Angola (2002). L’Afrique est par ailleurs le continent le plus touché par le sida, notamment dans sa partie australe.

En 1994, au Rwanda, l’ONU et les grandes puissances se montrent incapables d’empêcher le génocide perpétré par les milices du dictateur Juvénal Habyarimana (1937-1994) à l’encontre de l’ethnie tutsi et des Hutu modérés. Ces événements sont suivis de gigantesques exodes de populations et d’une déstabilisation de toute la région des Grands Lacs et notamment du Zaïre aux très riches ressources minières. Le régime de Mobutu Sese Seko est renversé en 1997 par un mouvement rebelle conduit par Laurent-Désiré Kabila et soutenu par les armées du Rwanda et de l’Ouganda voisins. Le pays, rebaptisé « République démocratique du Congo », devient l’objet d’un vaste conflit régional.

Au Proche-Orient, La question palestinienne reste entière. Dans les Territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Gaza, un soulèvement (intifada) se prolonge depuis décembre 1987. Un processus de paix est cependant engagé en 1993. Tandis que les travaux de la conférence de paix israélo-arabe - réunie à Madrid à l’initiative des États-Unis au lendemain de la seconde guerre du Golfe - piétinent, des négociations entre l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) et Israël sont secrètement menées en Norvège. L’accord d’Oslo qui en résulte en septembre 1993, parrainé par Washington, ouvre la voie à l’institution d’une Autonomie palestinienne à Gaza et Jéricho. Bien que fragile, cet accord représente une reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP. L’Autonomie palestinienne est par la suite étendue aux principales villes palestiniennes, Naplouse, Ramallah, Bethléem, Hébron, Jénine, Qalqiliya, Tulkarm. En septembre 2000, alors que les négociations de paix s’enlisent, une deuxième intifada éclate dans les Territoires occupés. Avec l’élection d’Ariel Sharon - hostile aux accords d’Oslo - au poste de Premier ministre d’Israël, en 2001, le conflit se durcit encore. Le processus de paix semble détruit.

L'Asie et l'Amérique latine au risque des crises financières.

Lorsque s’ouvrent les années 1990, l’Asie orientale apparaît en plein décollage économique. Dans le sillage du Japon, la Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong ont connu une industrialisation et une croissance rapide depuis les années 1970. Désormais, le mouvement semble s’étendre à toute la région, alimenté aussi par la forte croissance des deux « poids lourds » que sont l’Inde et la Chine. En Amérique latine, le Mexique, le Brésil et le Chili sont aussi des pays émergents. Dans la seconde moitié de la décennie, plusieurs crises financières d’ampleur soulignent cependant la fragilité de certaines évolutions.

Au cours des années 1980, l’actualité avait été fortement marquée par la crise de l’endettement inaugurée en 1982 quand le Mexique s’était retrouvé au bord de la banqueroute. Des plans d’austérité (dits d’« ajustement structurel ») avaient été imposés par les institutions financières internationales. À partir du début des années 1990, la menace que la crise de la dette faisait planer pour les systèmes financiers des pays industrialisés a semblé disparaître. En effet, les prêts bancaires aux États ne jouent plus qu’un rôle restreint, l’essentiel du financement extérieur des pays émergents s’opérant désormais sur les marchés obligataires internationaux du fait de la « globalisation financière » (la constitution d’un marché mondial des capitaux). Or, l’extrême mobilité de ces capitaux peut rendre leurs mouvements très instables et déclencher brusquement des crises financières d’ampleur. Cela a été le cas pour plusieurs pays d’Amérique latine et d’Asie orientale - Mexique (fin 1994), Thaïlande, Corée du Sud, Indonésie et autres pays émergents asiatiques voisins (1997), Brésil (1999), Argentine (2001).

Au plan politique, le début des années 1990 a correspondu, en Amérique latine, à l’extinction des guerres civiles au Nicaragua et au Salvador. Ces conflits se déroulant dans l’« arrière cour » des Étas-Unis et à proximité de Cuba possédaient des racines nationales profondes, mais ils avaient aussi été fortement instrumentalisés dans le cadre de la seconde guerre froide. En 1996, un accord de paix met par ailleurs fin à trente-six ans de guerre civile au Guatémala. Une autre évolution significative est l’instauration, à partir de 1991, d’un « sommet » ibéro-américain annuel réunissant l’Espagne, le Portugal et tous les États latino-américains.

En Asie, outre les évolutions suivies par les grandes puissances que sont le Japon, la Chine et l’Inde, l’un des événements les plus importants aura été la chute en 1998, en Indonésie, de la dictature de Suharto, suivie d’une période de forte instabilité au cours de laquelle Timor oriental a accédé à l’indépendance dans des conditions douloureuses. Les tensions entre le Pakistan et l’Inde, tous deux dotés de l’arme nucléaire se sont par ailleurs poursuivies, notamment à propos du conflit du Cachemire, tandis qu’en 2002, un espoir de retour à la paix apparaissait à Sri Lanka.

Le « 11 septembre » et ses suites.

Le 11 septembre 2001, des attentats-suicides islamistes sont commis aux États-Unis en « crashant » plusieurs avions de ligne contre le World Trade Center de New York et le Pentagone (ministère de la Défense) à Washington. Simultanés et coordonnés, responsables d’environ 3 000 morts, ces attentats provoquent un choc considérable dans ce pays qui se croyait son territoire hors d’atteinte. Les autorités américaines accusent immédiatement l’organisation islamiste Al-Qaeda dirigée par Oussama Ben Laden (1957-), installé en Afghanistan avec ses partisans armés. En réaction aux attentats du « 11 septembre », le président George W. Bush dénonce un « axe du Mal » et lance une « croisade contre le terrorisme ». La volonté américaine est approuvée par les alliés traditionnels des États-Unis, mais aussi par la Russie et la Chine . Il est vrai que les dirigeants de ces deux pays entendent utiliser le même argument contre leurs adversaires intérieurs (les indépendantistes tchétchènes pour la Russie, les nationalistes ouïgours pour la Chine).

Une opération militaire est engagée en Afghanistan. Les taliban, mouvement islamiste pachtoune soutenu par les services secrets pakistanais et l’Arabie saoudite, sont chassés du pouvoir dès novembre, mais ils gardent leur capacité de nuisance dans certaines régions incontrôlées. Les États-Unis annoncent leur volonté de frapper d’autres « États voyous » (rogues states), notamment l’Irak. Ils passent à l'acte en 2003 (guerre d’Irak).

Dès avant le « 11 septembre », la doctrine de défense et de sécurité américaine avait déjà sensiblement évolué. L’engagement militaire était désormais davantage conçu comme une action de gendarmerie internationale devant prévenir des menaces diffuses dans un monde « globalisé ». Après le « 11 septembre », les questions de sécurité intérieure et extérieure ont été encore davantage associées.

Les attentats du « 11 septembre » viennent rappeler que l’islamisme qui paraissait, dans les années 1980, en conquête d’influence dans les mondes musulmans, s’il semble en échec politique, n’a pas pour autant disparu. Ce constat vaut tant pour le Maghreb (avec notamment le conflit civil algérien ouvert en 1992), que pour l’Afrique de l’Est (Égypte, Soudan), le Proche et Moyen-Orient ou l’Asie méridionale et orientale (Pakistan, Bangladesh, Indonésie, Philippines, etc.).

Unilatéralisme contre multilatéralisme.

La constitution par l’ONU, en 1993 et 1994, de tribunaux pénaux internationaux pour juger les crimes commis en Yougoslavie (TPIY) et au Rwanda (TPIR) et la mise en place de la CPI (Cour pénale internationale) en 2002 ont été d’incontestables progrès dans l’institution d’une justice pénale internationale. La montée en puissance de la prise de conscience des risques environnementaux globaux suscite pour sa part l’esquisse de nouvelles règles du jeu dans les relations internationales. C’est ainsi que la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED), réunie à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, a souligné l’urgence d’opter pour un développement durable qui rende compatible développement et préservation de l’environnement. L’adoption, en 1997, du protocole de Kyoto visant à lutter contre l’effet de serre tenu pour responsable du réchauffement de la planète s’est inscrite dans cette démarche. Or, tant pour la CPI que pour le protocole de Kyoto, les États-Unis ont refusé de s’engager, montrant par là une réticence répétée à s’associer à des contrats internationaux à caractère multilatéral.

L’«unilatéralisme » des États-Unis, leur refus de se voir contraints par des compromis résultant de négociations internationales, a été de plus en plus critiqué au cours des années 1990. Avec la fin de la Guerre froide, on avait pu spéculer sur une réforme de l’ONU et particulièrement sur un élargissement de son Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents tels que le Japon, l’Allemagne ou l’Inde. Il n’en a rien été et la crise ouverte au sein dudit Conseil de sécurité dans les semaines ayant précédé la nouvelle guerre contre l’Irak, en 2003, au contraire, a illustré les tensions suscitées par l’attitude unilatéraliste américaine.

Mondialisation et régionalisation.

Dans les années 1990, on a pris l’habitude de parler de mondialisation. Il n’y a plus autant de cloisons qu’au temps de la Guerre froide. Les grilles de lecture Est-Ouest et Nord-Sud font ainsi place à une approche plus globale. Les marchés financiers régissent désormais l’ensemble de la planète et les crises financières sont de moins en moins limitées au pays dans lequel elles éclatent. La globalisation financière fait ainsi craindre que chaque crise ne s’étende par contagion. La mondialisation est aussi favorisée par la révolution de la communication, induite par l’informatique et Internet. Certains effets de la mondialisation sont cependant dénoncés, par exemple lors des rassemblements du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil). Les institutions financières internationales (FMI - Fonds monétaire international -, Banque mondiale) sont particulièrement critiquées pour leurs politiques libérales, ainsi que l’OMC (Organisation mondiale du commerce), accusée de ne pas être équitable.

On oppose souvent les processus de regroupements économiques régionaux à la mondialisation. La régionalisation la plus emblématique est sans conteste la construction européenne qui permet non seulement de favoriser les échanges économiques entre les pays membres, mais aussi de prendre des décisions politiques communes. C’est le cas, depuis les années 1960, pour la politique agricole ou, depuis 1999, pour la politique monétaire, puisqu’une monnaie unique a désormais cours dans la Zone euro. D’autres regroupements régionaux s’effectuent, mais ils n’ont pas toujours des objectifs politiques et économiques comparables et aussi ambitieux. C’est le cas de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) qui réunit, depuis le 1er janvier 1994, les États-Unis, le Canada et le Mexique. C’est aussi le cas du Mercosur (Marché commun du sud de l’Amérique) qui regroupe, depuis le 1er janvier 1995, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay et auquel se sont associés le Chili et la Bolivie. Par ailleurs, l’ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique), créée en 1967 s’est renforcée et élargie au cours de la même période, tandis que l’APEC (Coopération économique en Asie-Pacifique), créée en 1989 se structurait.

Contrairement à une idée reçue, la régionalisation n’est pas une alternative à la mondialisation ni un rempart contre celle-ci. Elle en est une étape et une forme. Cependant, lorsqu’elle n’a pas la seule dimension d’un accord de libre-échange, et qu’elle représente un projet économiquement et politiquement plus intégré, comme dans le cas de l’UE, la régionalisation contribue à organiser et civiliser la mondialisation.




MULTILATÉRALISME Un système, une organisation ou encore un accord multilatéral(e) suppose que les États parties prenantes soient dans une position de coopération comparable (sur un pied d’égalité), pour les droits, les devoirs et la manière de régler les litiges entre eux. Le système des organisations internationales autour de l’ONU (Organisation des Nations unies) s’est construit dans cet esprit.

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