TYPHON ou TYPHÉE

TYPHON ou TYPHÉE. Après que Zeus eut vaincu les Titans et les eut emprisonnés dans le Tartare, Gaia (la Terre) enfanta de nouveau, unie cette fois au Tartare; dans la grotte Corycienne, en Cilicie (dans le sud-est de l’Asie Mineure), elle donna naissance au monstrueux Typhon. Ce dernier avait en guise de tête cent têtes de dragons qui faisaient onduler leurs langues noires et dont les yeux lançaient des flammes. Chaque tête possédait une voix effrayante et parlait le langage des dieux, ou bien elles mugissaient comme un taureau, ou encore elles sifflaient ou aboyaient comme des chiens. Dès qu’il eut fini de grandir, Typhon déclara la guerre à Zeus ; le dieu était conscient de la menace que représentait le monstre pour son trône, et il décida de l’anéantir. Lorsque Typhon sortit de sa grotte, Zeus fit pleuvoir sur lui des traits de foudre et le fit reculer jusqu’au mont Casius, en Syrie. Mais Typhon résista, et une lutte acharnée s’engagea. Le monstre prit le dessus sur Zeus et lui arracha sa harpé, ou faucille, qu’il utilisa pour couper les tendons des bras et des jambes du dieu, laissant ce dernier au sol sans défense. Puis il s’empara des foudres du roi des dieux et confia les tendons à la garde d’un autre monstre, Delphyné, moitié femme, moitié serpent; celle-ci les cacha dans la grotte Corycienne, sous une peau d’ours. C’est dans cette caverne, également, que Zeus, infirme, fut retenu prisonnier. Quelque temps plus tard Hermès et Egipan allèrent dans la grotte et réussirent à détourner l’attention de Delphyné. Ils dérobèrent les tendons et les remirent en place dans les membres de Zeus. Celui-ci s’échappa et remonta vers l’Olympe sur un char ailé; il se réapprovisionna en foudre et renouvela son attaque contre Typhon, qu’il repoussa jusqu’au mont Nysa. Là, le monstre rencontra les Moires, qui lui suggérèrent de goûter à la nourriture des mortels pour accroître sa force ; Typhon les crut et fut de ce fait gravement malade. Il fit face à Zeus, de nouveau, cette fois sur le mont Haemos, en Thrace; les Anciens pensaient que la montagne devait son nom au sang (en grec : haima) répandu par Typhon. Zeus prit le dessus et pourchassa le monstre jusqu’à la mer, en direction de l’Italie. Là, il saisit une île et la lança sur Typhon. L’île prit plus tard le nom de Sicile, et le souffle enflammé de Typhon donna naissance au mont Etna, car le fils de Gaia ne pouvait mourir. Dans la version d’Hésiode, Zeus abattit du premier coup Typhon sous ses traits de foudre. Le monde entier fut ébranlé par la violence du combat ; le Tartare lui-même trembla. Puis Zeus s’empara du monstre et le jeta dans les profondeurs du Tartare, en compagnie des Titans. Là, Typhon engendra ies vents les plus meurtriers pour les hommes, les typhons. On racontait que, pendant la terrible lutte, les dieux, de terreur, s’enfuirent en Egypte où ils revêtirent les formes animales, sous lesquelles les Egyptiens, par la suite, adorèrent leurs dieux. Les Grecs identifiaient Typhon à Set, le monstre qui poursuivit Osiris. Zeus lui-même passait pour avoir fui sous la forme d’un bélier, ce qui expliquait le culte de Zeus Ammon, que l’on honorait sous l’apparence d’un bélier. Avant sa défaite, Typhon s’était uni à Echidna et avait engendré Chimère, Orthros, Ladon, le Sphinx, la truie de Crommyon, le lion de Némée et l’aigle qui torturait Pro-méthée. Typhon était, à l’occasion, distingué de Typhée, et passait alors pour le fils de ce dernier ; on attribuait d’ailleurs à Typhon, plus qu’à Typhée, la paternité des monstres enfantés par Echidna.