TROTSKI (Léon) / TROTSKISME
TROTSKI (Léon). Lev Davidovitch Bronstein (1879-1940) est devenu Trotski en 1902, par suite d'un faux passeport. Né dans une famille juive de paysans petits-bourgeois, il faisait de brillantes études lorsque, conquis par le marxisme, il se lança, dès l'âge de dix-sept ans, dans la lutte ouvrière. Il participa à la création de l'Union ouvrière, fut le principal dirigeant du premier soviet. Lénine et lui ont été les personnages essentiels de la révolution d'Octobre. Il a été commissaire du peuple dans différents ministères jusqu'à l'arrivée de Staline, en 1923. C'est lui qui a créé l'Année Rouge. Les périodes d'influence de Trotski en Russie se confondent avec les périodes révolutionnaires. Dans l'intervalle, il s'est trouvé fréquemment emprisonné, déporté ou exilé. Il a toujours cherché à s'exprimer dans des journaux (La Gazette russe, les Izvestia, la Pravda) et s'est fait une réputation comme critique littéraire et critique d'art. Il animait aussi le mouvement international défaitiste et se trouvait en France en 1914. Il en fut expulsé. Sa conception essentielle est celle de la révolution permanente dont il a, peu à peu, mûri l'idée. La révolution permanente ne peut se faire que par la dictature du prolétariat. Elle doit s'étendre au monde entier pour faire triompher une nouvelle société sur toute la planète. La révolution permanente est méfiante à l’égard des bureaucraties dirigeantes et préconise le fonctionnement d'une critique interne. Staline avait fini par admettre le principe du «socialisme dans un seul pays». Il y avait incompatibilité entre lui et Trotski. Il l’écarta du pouvoir, le fit exclure du parti communiste, expulser en Turquie. Trotski passa ses dernières années dans divers pays et finalement au Mexique où il fut abattu par un homme de main de Staline. Il travaillait sans relâche pour «munir d’une méthode révolutionnaire les nouvelles générations». Le trotskisme n'est pas mort. Il est encore présent, plus ou moins, dans les cinq parties du monde.
Homme politique et théoricien de la révolution. Né dans une famille petite-bourgeoise, il fait des études de droit et ne tarde pas à militer dans le mouvement révolutionnaire russe. Il participe à la Révolution de 1905, fonde en exil La Pravda (1908) et rejoint les bolcheviks en 1917. Commissaire aux affaires étrangères, puis à la guerre, il organise l'Armée rouge (1918-1920). Dès la mort de Lénine, son opposition à Staline est de plus en plus marquée : elle lui vaudra d'être exilé (à partir de 1929) et finalement assassiné au Mexique.
♦ L'apport de Trotski à la théorie marxiste tient d'abord en l'expression de « révolution permanente » : elle signifie sa méfiance à l'égard de la bureaucratie dirigeante et son désir de voir se produire une révolution interne au prolétariat lui-même, devenant capable de balayer toutes les oppressions, y compris celle de ses représentants officiels. D'où sa critique incessante du stalinisme. Mais Trotski est aussi un des rares auteurs marxistes qui ait réfléchi sur le destin de l'art en régime socialiste puis en période communiste. Ses textes à ce propos (les articles rassemblés dans Littérature et Révolution, mais aussi le manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant, rédigé avec André Breton) prouvent son scepticisme radical à l'égard du réalisme socialiste, mais aussi son attachement au principe selon lequel le pouvoir politique ne doit en aucun cas superviser ou censurer la production artistique : « Toute licence en art. » En tant que philosophie révolutionnaire, le trotskisme dispose toujours d'une influence non négligeable.
Œuvres principales : Lénine (1924) ; Ma vie (1930) ; La Révolution permanente (1931) ; La Révolution trahie (1937) ; Leur morale et la nôtre (1938).
TROTSKISME
Le trotskisme apparaît en URSS peu après la mort de Lénine sous la forme d’un quolibet. Léon Trotski fait alors entendre sa différence face à un Staline qui proclame la nécessité de construire le socialisme dans un seul pays. L’« opposition de gauche » qu’il anime devient rapidement une fraction organisée qui s’oppose aux « choix droitiers » de la direction, prônant un internationalisme intransigeant. La compétition qui oppose les héritiers de Lénine se durcit ; les divergences se multiplient, touchant tous les domaines de la politique intérieure et extérieure de l’État soviétique. À la fin des années 1920, l’écrasement des oppositions au sein même du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) ne laisse plus d’espace à l’expression des différences. Jusqu’alors, la répression avait frappé les autres courants politiques. Elle s’abat désormais sur tous ceux qui osent contester la ligne officielle. L’exil de Trotski, la montée des tensions internationales, les purges qui déciment les rangs du parti au pouvoir radicalisent le discours de la direction soviétique ; le trotskisme est désormais dénoncé comme étant hitlériste. La chasse aux trotskistes déborde bientôt les frontières de l’URSS.
La création, en 1938, d’une IVe Internationale destinée à reprendre le flambeau de la IIIe n’a pas les effets escomptés. Dans le monde, le trotskisme reste marginal. Composée d’une myriade de petits groupes et partis, la nouvelle Internationale se remet mal des querelles provoquées par une interprétation quasi talmudique des textes. La thèse, défendue par Trotski, selon laquelle l’URSS resterait un État ouvrier (soit-il « dégénéré ») et la revendication intransigeante de l’héritage léniniste (le bolchevisme) relativisent la critique a priori radicale du stalinisme. Dernier avatar du léninisme ou ultime exutoire des déceptions engendrées par l’expérience soviétique, le trotskisme aura des difficultés à assumer son héritage malgré un certain regain de vitalité en Europe et dans le tiers monde dans les années 1960 et 1970.
TROTSKI Lev Davidovitch Bronstein, dit (1879-1940)
Dirigeant communiste soviétique et international.
Leiba Bronstein naît en Ukraine dans une famille juive atypique ; son père, David, est à la tête d’une importante exploitation agricole. Une fois achevées ses études secondaires, Lev Davidovitch se lance dans l’action révolutionnaire. En 1897, il cofonde L’Union des travailleurs du sud de la Russie. En janvier 1898, il est condamné à quatre ans d’exil en Sibérie. Réfugié à Londres après son évasion, il participe à la publication de l’Iskra, journal fondé par Lénine. Il a adopté le nom de l’un de ses anciens geôliers, un certain Trotski. Animateur de courant, journaliste, correspondant de guerre, Trotski s’investit dans le combat politique.
En 1904, le fossé entre bolcheviks et mencheviks s’élargit au sein de la social-démocratie russe. Trotski s’attaque aux conceptions de Lénine sur le Parti. Dans Nos tâches politiques, il débusque vivement les dérives autoritaires, voire totalitaires auxquelles pourrait conduire le centralisme léninien. Président du Soviet de Petersbourg lors de la révolution de 1905, il ébauche alors la théorie de la « Révolution permanente ». « Internationaliste » pendant la Première Guerre mondiale, il rejette le « défaitisme révolutionnaire » prôné par les bolcheviks. Rentré en Russie à la suite de la révolution de février 1917, il se place dans une position médiane entre mencheviks et bolcheviks avant de rejoindre les amis de Lénine. Élu au comité central du POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie), il est bientôt porté à la présidence du Soviet de Pétrograd. Président du Comité militaire révolutionnaire, il joue un rôle essentiel dans la prise du pouvoir par les bolcheviks. Nommé commissaire aux Affaires étrangères, il se distingue par une position « centriste » sur la question de la poursuite de la guerre. Tenant du « ni guerre ni paix », il n’en négocie pas moins la paix de Brest-Litovsk. En mars 1918, il démissionne de ses fonctions pour prendre la direction du commissariat à la Guerre. En 1921, il est à la tête des troupes qui écrasent la Commune de Cronstadt. Le créateur de l’Armée rouge est perçu par beaucoup comme l’alter ego de Lénine. La mort de ce dernier met à nu les divergences qui opposent les « héritiers », lesquels affichent des conceptions contradictoires sur l’avenir de la « révolution mondiale ». La « construction du socialisme dans un seul pays » prônée par Staline, le compromis avec la paysannerie souhaité par Nicolas Boukharine, provoquent l’hostilité de celui qui se considère désormais détenteur de l’héritage léniniste. Contraint d’abandonner le commissariat à la Défense, il incarne bientôt un nouveau courant, le « trotskisme », qui conteste globalement les choix internes et externes d’un pouvoir de plus en plus personnifié par Staline. En 1926-1927, Trotski est privé de toutes ses responsabilités. Peu après, il est déporté en Asie centrale avant d’être banni d’Union soviétique. Commence une longue errance à travers l’Europe. Le proscrit, qui a été déchu de sa citoyenneté soviétique en 1932, présente le système stalinien comme une « trahison » du bolchevisme : pour Trotski, l’URSS est désormais un « État ouvrier dégénéré ». L’idée d’une IVe Internationale alternative, capable de remplacer un Komintern aux mains du Kremlin sera concrétisée en 1938. Deux ans plus tôt, Trotski a trouvé refuge au Mexique. Le 21 août 1940, il meurt assassiné par un agent soviétique, Ramon Mercader. En Union soviétique, sa famille a été décimée par les purges, tandis que son fils, Leon Sedov, est mort dans des conditions mystérieuses à Paris, en 1937.
TROTSKI, Lev Davidovitch BRONSTEIN, dit Léon (Ianovka, Ukraine, 1879-Coyoacân, Mexique, 1940). Homme politique soviétique. Principale figure, avec Lénine, de la révolution d'Octobre et des débuts de l'URSS, il fut écarté du pouvoir par Staline. Inspirateur de la Quatrième Internationale, il lutta dans son exil contre le régime stalinien. Issu d'une famille juive de paysans aisés, Trotski fit des études de mathématiques puis de droit à Odessa et milita avec les révolutionnaires d'obédience marxiste. Arrêté (1898) et déporté en Sibérie orientale, il s'évada et gagna l'Angleterre sous le faux nom de Trotski, qu'il conserva. Il se lia à Londres avec Martov et Lénine qui l'imposa à la rédaction de l'Ilskra (L'Étincelle). Aux deux congrès de la social-démocratie à Bruxelles (1902) et à Londres (1903), il se rangea aux côtés des mencheviks contre les bolcheviks dirigés par Lénine à qui il reprochait son «jacobinisme centralisateur ». Il participa à la révolution de 1905 en Russie, anima le soviet de Saint-Pétersbourg et formula dès cette époque sa théorie de la révolution permanente où il affirmait que la révolution russe devait donner le pouvoir au prolétariat ouvrier et conduire à la révolution du prolétariat européen. Déporté de nouveau en Sibérie, Trotski s'échappa et vécut en exil jusqu'en 1917, principalement à Vienne où il lança la Pravda. Militant de l'unité de la social-démocratie russe, pacifiste en 1914, il revint en Russie en mai 1917, rallia les bolcheviks et devint membre du comité central des soviets de Pétrograd. Après avoir été l'un des principaux organisateurs de la révolution d'Octobre, il devint commissaire du peuple aux Affaires étrangères. C'est à ce titre qu'il accepta le désastreux traité de Brest-Litovsk (mars 1918) mais démissionna. Trotski fut durant la guerre civile (1917-1921) commissaire du peuple à la Guerre et dirigea l'armée Rouge dont il fut le créateur et qui joua un rôle décisif dans la victoire bolchevique. Toujours fidèle à l'idée d'une révolution mondiale malgré l'échec des mouvements communistes en Allemagne, en Autriche et en Hongrie (1919-1921), Trotski s'opposa à la NEP de Lénine en préconisant la poursuite du communisme de guerre. Après la mort de Lénine (janvier 1924), il s'opposa violemment à la « construction du socialisme dans un seul pays » prônée par Staline. Rejoint par ses anciens adversaires, Zinoviev et Kamenev avec lesquels il forma la « Nouvelle Opposition », il fut écarté du bureau politique (1926), exclu du parti (1927), déporté au Kazakhstan puis expulsé d'URSS (1928). Il mena alors une existence d'homme traqué en Turquie, en France, en Norvège puis au Mexique où il fut assassiné par un agent stalinien, Ramon Mercader (1940). Brillant intellectuel, d'une vaste culture aussi bien politique que littéraire, Trotski a publié de nombreux ouvrages comme Défense du marxisme (1920), Les Questions essentielles de la Révolution ( 1922), Ma vie ( 1930), Histoire de la Révolution russe (1931-1932), La Révolution permanente (1930), la Révolution trahie (1937)... Sa pensée continue d'influencer certaines organisations d'extrême gauche. Voir Révolutions russes de 1917.