Trophonios et Agamédès
Trophonios et Agamédès. Fils d'Er-ginos, roi d'Orchomène (en Béotie), qui vécurent, selon la mythologie grecque, à l'époque d'Héraclès; Trophonios est parfois considéré comme le fils d'Apollon. Habiles architectes, ils construisirent le temple d'Apollon à Delphes, ainsi qu'un édifice destiné à abriter les trésors du roi de Béotie Hyrieus (ou du roi d'Élis, Augias). Les deux frères aménagèrent un passage secret pour s'emparer du trésor; le roi, s'étant aperçu que son trésor diminuait, plaça un piège dans lequel Aga-mèdes fut pris. Trophonios ne pouvant libérer son frère lui coupa la tête pour qu'on ne puisse le reconnaître. Il fut ensuite englouti dans la terre qui s'entrouvrit sous ses pas à Lébadée en Béotie. Quelques années plus tard, la Béotie souffrit de sécheresse et l'oracle de Delphes conseilla de trouver l'antre où avait disparu Trophonios. Les Béotiens ne savaient où la chercher, mais un envoyé, suivant un essaim d'abeilles dans une grotte, eut une vision de Trophonios lui annonçant qu'il était à présent l'oracle de cette grotte (située près de Lébadée). Un culte lui fut consacré et ce sanctuaire souterrain devint célèbre. Cet oracle, consulté par Crésus, roi de Lydie au vie siècle av. J.-C., par Épaminondas et Philippe II de Macédoine, était encore célèbre à l'époque romaine. C'était, selon Plutarque, le seul oracle encore en usage à son époque (début du IIe s. apr. J.-C.) en Béotie. La façon de consulter l'oracle, comme nous l'apprenons par Pausanias (Description de la Grèce, IX, 39,4) qui y recourut, était tout à fait inhabituelle. Après des préparatifs compliqués, tels que boire aux sources de l'Oubli et de la Mémoire dans les eaux de la rivière Hercyné, le consultant descendait dans un gouffre, au fond duquel était ménagée une petite ouverture. Il y introduisait ses jambes et était immédiatement happé « comme si une rivière rapide et profonde l'avait entraîné vers les profondeurs». Il était informé du futur grâce à ce qu'il voyait ou entendait. Puis il remontait par le même moyen, les pieds en avant. Les prêtres le conduisaient alors au trône de la Mémoire, l'interrogeaient sur ce qu'il avait appris et consignaient ses paroles sur une tablette consacrée au dieu. Le consultant sortait pâle et terrifié, ce qui donna lieu à l'expression «avoir consulté l'oracle de Trophonios» pour avoir l'air sombre.