Tristes. Élégie en cinq volumes, composée par Ovide

Tristes. Élégie en cinq volumes, composée par Ovide entre 8 et 12 apr. J.-C., durant ses premières années d'exil à Tomis. Le mètre élégiaque utilisé par Ovide dut paraître le plus approprié car, selon une opinion répandue dans l'Antiquité, il s'agissait à l'origine du mètre des lamentations (voir élégie). La plupart des poèmes se présentent sous forme de lettres à sa femme et à ses amis. Ovide écrit pour s'assurer qu'on ne l'oublie pas à Rome ; il se plaint du sort et prie pour que la peine sévère qui lui a été infli gée soit allégée. Ces poèmes ont été envoyés séparément avant d'être réunis pour la publication. Le livre I regroupe les poèmes composés au cours du long voyage à Tomis. On y trouve des descriptions de tempêtes et des maux endurés par le poète. Le véritable destinataire de ces poèmes était Auguste, qu'Ovide tentait d'apitoyer afin que soit levé son bannissement. Il rappelle à l'empereur son statut de poète et son oeuvre. Le troisième poème est le récit émouvant de sa dernière nuit à Rome. Le livre II ne comprend qu'un seul long poème, parfois composé à la manière d'une satire, qui est un plaidoyer convaincant pour l'indépendance de la poésie et fait apparaître la trop grande rigueur de l'empereur à son égard. (Son poème autobiographique [IV-10] révèle que la poésie était pour lui non un choix mais une véritable vocation et que c'est à elle que sa loyauté allait en premier lieu.) Les livres III, IV et V réunissent de brèves évocations de la vie à Tomis, avant-poste précaire de la civilisation : paysage plat et dénudé, rigueur du climat, attaques des Barbares (Ovide est même contraint de s'armer pour se défendre) et solitude du poète parmi les Gètes. La monotonie des complaintes peut engendrer une certaine lassitude, mais les Élégies n'apparaissent jamais serviles, prenant même le risque d'exprimer de façon trop explicite pour la sécurité du poète qu'il était victime de l'injustice d'un tyran.