tribuns de la plèbe
tribuns de la plèbe (tribuni plebis). À Rome, magistrats, obligatoirement plébéiens et de naissance libre, qui étaient chargés de défendre les intérêts de la plèbe. Apparus en 494 av. J.-C., ils étaient au nombre de dix en 450. Les tribuns de la plèbe, élus chaque année par le Concilium plebis, avaient seuls le pouvoir de convoquer cette assemblée, ainsi que les comices tributes ; les patriciens voulant accéder à cette magistrature devaient se faire adopter par une famille plébéienne, comme ce fut le cas pour Clodius. Ils disposaient du jus intercessionis, droit de s'opposer à tous les magistrats en usant du terme veto (j'interdis), qui leur permettait de contrecarrer des élections, lois ou décrets du Sénat (senatus consulta). Ils étaient en outre inviolables (sacro-sancti), ce qui leur conférait une puissance considérable. Ils obtinrent progressivement les mêmes droits que les autres magistrats, à l'exception de l'imperium et de l'insigne de la charge. Le tribunat ne perdit jamais tout à fait sa connotation révolutionnaire, et le danger qu'il représentait pour le Sénat est illustré par les carrières de Satuminus et de M. Livius Drusus
le Jeune. Le droit de véto fut restreint à partir des Gracques et Sylla rendit la charge moins attirante en interdisant à ses détenteurs de briguer de plus hautes magistratures; il réduisit en outre ses pouvoirs législatifs et judiciaires. Ces privilèges furent cependant rétablis dans les années qui suivirent la chute de Sylla et les tribuns jouèrent un rôle essentiel dans la défense des intérêts de César à Rome pendant qu'il était en Gaule. Sous l'Empire, l'empereur fut investi de la puissance tribunicienne (tribunicia potestas) et les tribuns en charge perdirent toute importance.
TRIBUN. Se dit d'un orateur éloquent, défenseur du peuple, par analogie avec le tribun de la plèbe sous la Rome antique.
TRIBUN DE LA PLÈBE. Magistrat plébéien de Rome, très puissant sous la République. Créés en 493 av. J.-C. pour défendre les intérêts du peuple contre la domination des patriciens, les tribuns, obligatoirement plébéiens, étaient élus pour un an le 10 décembre par les comices tributes. Ils avaient pour principal privilège leur inviolabilité (sacro-sanctitas) qui leur conférait une force considérable : tout individu qui portait la main sur eux était considéré comme sacrilège et pouvait être tué. Au nombre de 10 dès le ve siècle av. J.-C., les tribuns avaient le droit de veto (intercessio) sur les actes de tous les autres magistrats (y compris les consuls), pouvaient seuls convoquer les conciles plébéiens et faisaient rendre des lois (appelées plébiscites). À plusieurs reprises, ils provoquèrent de graves crises sociales, notamment en proposant des lois agraires (les Gracques). La puissance des tribuns diminua à la fin de la République. À partir d'Auguste (Ier siècle av. J.-C.), les empereurs confisquèrent à leur profit leurs pouvoirs en détenant la puissance tribunicienne. Les tribuns de la plèbe subsistèrent jusqu'au IIIe siècle ap. J.-C. mais ils n'avaient plus aucune autorité.
PLÈBE. Dans la Rome antique, nom donné à tous les citoyens qui n'étaient pas patriciens (nobles), c'est-à-dire à l'immense majorité du peuple. La plèbe était composée à l'origine des petits paysans, des artisans et commerçants de la ville. Lorsque les rois étrusques (qui s'étaient appuyés sur la plèbe pour maintenir leur autorité sur les chefs de familles patriciennes) furent chassés de Rome (vie siècle av. J.-C.), les plébéiens tombèrent sous la domination des patriciens qui monopolisèrent tous les pouvoirs. Profitant du rôle indispensable qu'ils jouaient dans les bataillons d'infanterie de l'armée romaine, ils menacèrent de se séparer de la cité et réussirent ainsi à conquérir (aux Ve et ive siècles av. J.-C.) les mêmes droits politiques, civils et religieux que les patriciens. Au IIIe siècle av. J.-C., la distinction entre plébéiens et patriciens disparut, les différences entre citoyens romains se fondant dorénavant sur la fortune. Au cours des siècles suivants, Rome s'enfla d'une énorme plèbe urbaine sans emploi ni ressource : paysans ruinés par les conquêtes, artisans concurrencés par le travail des esclaves et anciens esclaves affranchis. Cette plèbe oisive vivait des distributions de blé organisées par l'État depuis Caius Gracchus d'abord à prix réduit puis gratuites et se plaçait sous la protection des riches dont elle forma la clientèle. Entassés dans des immeubles insalubres à plusieurs étages (insula), les classes dirigeantes ont su acheter les votes des plébéiens et calmer leur agitation en leur offrant des jeux de cirque et des représentations théâtrales. A la fin de l'Empire, Rome était devenue une capitale surpeuplée par une plèbe inactive. Cette plèbe disparaîtra avec l'Empire romain, mais le mot désignera longtemps le bas peuple d'autres sociétés. Voir Client, Tribun de la plèbe.