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Treize à table, ça porte malheur ?


Oui et non. Dans nos campagnes, on savait compter. Il n’était pas pensable de réunir treize personnes autour d’une même table. Encore aujourd’hui aux Etats-Unis, pas de 13e étage dans les immeubles, pas de chambre n°13 dans les hôtels, pas de place 13 dans les avions... « Cette pratique a des origines essentiellement bibliques : Jésus et ses apôtres étaient treize à table, lors de la dernière Cène, juste avant son arrestation et sa crucifixion», explique le psychanalyste André Bonaly. «Mais le nombre 13 représente aussi un symbole de rupture. Bon nombre de nos systèmes fonctionnent en base 12 : les mois de l'année, les heures... Le nombre 13 introduit une cassure. »
La dernière Cène, elle aussi, introduit une rupture définitive dans la vie de Jésus. L’évangéliste saint Jean note cette confidence à ses douze apôtres : « Petits enfants, je suis pour peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez, et où je vais, vous ne pouvez me suivre. » ( Jn 13, 33). Jésus ne va pas s’enfùir mais se « livrer » aux mains de ceux qui cherchent à le faire mourir. Cette dernière Cène se déroule à un moment spécial du calendrier juif : lors du repas de la Pâque. Un « mémorial » - une actualisation au sens fort du terme - du passage de l’Egypte vers la terre promise. Ce dernier repas, les chrétiens le célèbrent encore dans « l’eucharistie ». Ce terme tiré du grec eucharistia signifie « action de grâces ». L’eucharistie correspond à une prière juive de remerciement, la berakah. Par cette bénédiction solennelle qui termine les repas, le juif pieux remercie Dieu pour la nourriture, signe de la bonté du créateur qui communique sa vie. En récitant la berakah cette nuit-là, Jésus a voulu exprimer un don définitif. Le don de sa propre vie. Le théologien Louis Bouyer insiste : « Ce mémorial riest pas un simple souvenir humain, mais un signe divin, vivant et efficace. »



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