TRANSCENDANT
TRANSCENDANT. adj. (du latin "transcendere", qui combine le préfixe trans, «par-delà» et le verbe "ascendere", « s'élever ». D'où, littéralement : «qui s'élève au-dessus»).
- 1° Sens courant. Supérieur aux autres; qui surpasse la moyenne : un esprit transcendant. Qui est d'une essence supérieure : des vérités transcendantes. D'où le verbe transcender.
- 2° Sens philosophique. Qui est d'un ordre supérieur, radicalement distinct de la réalité commune. Qui échappe aux lois de la matière ou du monde. Par exemple, l'âme est pour les croyants transcendante par rapport au corps soumis aux lois naturelles. À plus forte raison, Dieu est-il transcendant au monde. La transcendance se définit par deux caractères :
- — elle est supérieure à la réalité à laquelle on la réfère ;
- — elle est qualitativement différente, d'un autre ordre.
- Les philosophes opposent ainsi ce qui est immanent (qui est dans la réalité du monde, au même niveau) à ce qui est transcendant (extérieur, infiniment plus élevé, d'un autre ordre). La justice transcendante vient du ciel, de Dieu ; la justice immanente appartient à l'ordre des choses (elle punit les méchants par une sorte de logique interne à la marche du monde). Voir le mot Immanent.
- Les mots transcendant et transcendance se sont parfois affaiblis dans le vocabulaire philosophique, ne désignant plus qu'une forme de distance d'une réalité (vaguement supérieure) par rapport à une autre (la transcendance du sujet par rapport à son expérience ; la transcendance du monde par rapport à mon existence, etc.).
Transcendance / Transcendant
La transcendance est le caractère d'un être ou d'une entité d'un ordre absolument différent au monde sensible et supérieur à celui-ci : la transcendance divine, notamment.
transcendant, qui dépasse. — Une réalité transcendante est celle qui dépasse notre pouvoir de connaître; un génie transcendant dépasse la moyenne des êtres humains. Lorsque l'on parle de la transcendance de Dieu, on évoque un Dieu créateur, distinct de sa création; on s'oppose à l'immanence de Dieu, c'est-à-dire au panthéisme selon lequel Dieu serait présent au monde et à nous-mêmes, et par là même connaissable. La transcendance s'oppose à l'immanence.
Transcendant
Du latin transcendens, participe présent de transcendere, « monter en passant au-delà ».
- En métaphysique, qui est d’une nature absolument supérieure, qui est au-delà d’un certain ordre de réalité (contraire : immanent). - Chez Kant, qui est au-delà de toute expérience possible.
• À l'opposé des panthéistes, qui identifient Dieu au monde, nombre de croyants conçoivent Dieu comme un être transcendant, extérieur au monde qu'il a créé et le dépassant infiniment.
TRANSCENDANT (adj.) Opposé à immanent. 1. — (Lato) Qui est, qui va au-delà, qui dépasse : « Transcendance signifie “dépassement”. Est transcendant, c.-à-d. “transcende”, ce qui réalise ce “dépassement”, ce qui s’y maintient habituellement » (Heidegger). 2. — Qui est au-dessus et d’une nature supérieure.
3. — Qui est extérieur au domaine considéré, en part, extérieur à la conscience ; pour Kant, qui est au-delà de toute expérience possible : « Nous appelons immanents les principes dont l’application se tient absolument dans les normes de l’expérience possible, et transcendants ceux qui sortent de ces limites. »
4. — Qui est posé par la conscience comme quelque chose d’autre qui la dépasse ; chez les phénoménologues, qui résulte de l’action par laquelle la conscience, en étant conscience de quelque chose, se transcende, se dépasse vers un objet. 5. — Au sens concret, désigne gén. Dieu. 6. — (Sens vulg.) Qui dépasse, qui est supérieur à tout ce qui est du même ordre. 7. — Transcendance : a) Caractère de ce qui est transcendant en un sens quelconque ; opposée à immanence. b) Action de se dépasser, de se transcender ; cf. sens 4. c) Au sens concret, ce qui est transcendant, d) Morale de la transcendance : celle qui place la moralité dans l’acte de se dépasser : « La transcendance est une activité de transcendance, par laquelle je me dépasse et tente d’aller au-delà de moi-même » (Polin). e) Transcendance des valeurs : fait, pour les valeurs, d’être des idéaux transcendants au sens 2 (cf. Platon) ou d’être constituées par une transcendance au sens b. 8. — Transcendantal : a) (Scol.) Qualifie les termes qui, comme l’Etre, le Beau, le Vrai, le Bien, sont au-delà des genres en ce sens qu’ils peuvent être dits d’êtres appartenant à chacun d’entre eux. b) Pour Kant, qui concerne les conditions a priori de la connaissance : « Je nomme transcendantale toute connaissance qui en gén. s’occupe moins des objets que de nos concepts a priori des objets. Un système de concepts de ce genre s’appellerait philosophie transcendantale » ; opposé à transcendant et à empirique ; pour Husserl, qui est pur de toute détermination empirique, c) Sujet transcendantal : pour Kant (opposé à sujet empirique), principe de la connaissance unifiant le divers de l’expérience, et qui n’est jamais lui-même donné dans une expérience (Par ce “moi”, par cet “il”, ou par cette chose qui pense, on ne se représente rien de plus qu’un sujet transcendantal des pensées = x). Pour Husserl, désigne la conscience pure de toute détermination empirique : « L ’expérience transcendantale nous ouvre à cette subjectivité transcendantale. » d) Expérience transcendantale : pour Husserl, activité de la conscience qui, par un retour sur soi faisant abstraction de toute donnée empirique, saisit sa réalité transcendantale. e) Logique transcendantale : pour Kant, étude des fonctions logiques de la pensée pure (« Dans une logique transcendantale, nous isolons l’entendement [...] et nous n ’y considérons dans notre connaissance que cette partie de la pensée qui a uniquement son origine dans l’entendement ») ; pour Husserl, discipline qui fonderait dans les actes d’un sujet transcendantal la logique comme théorie gén. de la science : « Dans une philosophie de la conscience, la logique est transcendantale ou elle ne l’est pas » (Cavaillès). f) Usage transcendantal : « Les principes de l’entendement pur [...] doivent avoir simplement un usage empirique et non un usage transcendantal, c.-à-d. tel qu’il dépasse les limites de l’entendement » (Kant) ; d’où souv., pour Kant, transcendantal : qui concerne l’usage transcendantal de l’entendement (ex. : idées transcendantales), c.-à-d. ~ transcendant au sens 3.
[…] qui validerait ou invaliderait l’existence d’un Dieu ou d’un quelconque principe transcendant. L’agnostique s’interdit donc de croire en ce qui déborde le champ de son savoir et se […]