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TRAINER - TRAITER (étymologie)

TRAINER - TRAITER: traîner vient du latin populaire traginare (même sens), de tragere, altération du latin classique trahere (tirer), sous l'influence du verbe agere, en raison de la ressemblance entre leurs participes passés passifs tractus et actus. La finale -here est ainsi passée à -gere : trahere => tragere. Traîner a donné : traîne, traîneau, entraîner, entraîneur, etc. Train est le déverbal (nom de l'action) de traîner. Du sens de «action de traîner», il est passé au sens de «ce qu'on traîne». Comparez : train de vie et train de chemin de fer. Dans ce dernier emploi, le mot train est passé par le vocabulaire anglais (qui le tenait évidemment du français). Mots de la famille : avant-train, arrière-train, entrain, train-train. Le verbe latin classique trahere ne limite pas là sa descendance. C'est lui que nous retrouvons à l'origine du mot traction et de ses dérivés venus du latin tractio, sur tractus, participe passé passif de trahere. Ce participe substantivé a donné le mot trait (déverbal : nom de l'«action de tirer»). Nous sommes toujours dans la famille de trahere avec attraction (latin attractio), attractif, attrait, attrayant. C'est encore trahere, par le composé contrahere (faire venir ensemble, établir des liens), qui a donné contracter, contrat, contractuel, etc. Ce n'est pas tout. Le mot tractus, au sens de «trait» (voir ci-dessus) a fait naître en bas latin un verbe tractiare devenu en français tracer (aller sur une trace ; chercher ; parcourir ; faire un trait). Dérivés : trace, traceur, etc. Quant au verbe tragere qui a donné traginare (voir ci-dessus), il a aussi engendré directement en français le verbe traire = «tirer» et particulièrement «tirer le lait». En ce sens, traire s'est substitué au vieux verbe français moudre (du latin mulgere = « traire ») peu commode car il se confondait avec moudre (du latin molere = «broyer») voir tirer. Déverbal (nom de l'action de traire) : traite. Le mot est employé pour la traite des vaches mais, au sens ancien de «tirer vers», il s'emploie pour la «circulation de marchandises » et, par une extension qu'on jugera déplorable, à la circulation de personnes qu'on a traitées ou qu'on traite comme des marchandises : traite des nègres, traite des blanches. Traite appartient aussi au vocabulaire financier (action de «faire venir de l'argent»). Sur le verbe traire ou ses composés se sont développés des mots comme portrait, retrait, etc. Enfin trahere a engendré un fréquentatif (action répétée ou renforcée) : le verbe tractare (traîner violemment ; toucher souvent, manier) d'où vient notre verbe traiter (où le a de tractare s'est combiné avec yod dégagé par c). Mots de la famille : traité (participe devenu substantif), traitement, traiteur, traitant, maltraiter, retraiter, retraitement. Ne pas confondre retraiter = «mettre à la retraite un officier» et retraiter = «traiter à nouveau» (retraiter l'uranium). Un tract (latin tractus, nom fait sur le participe) est une forme de traité = « sujet traité ». Cette promenade déjà longue autour du verbe trahere n'épuise pas les multiples itinéraires ouverts par ce mot et nous donne cependant une idée de l'étendue de son domaine.

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