TRADITION / TRADITIONALISME
TRADITION, n.f. (lat. traditio «action de remettre, de livrer»). ♦ 1° Action de transmettre de génération en génération un savoir, des coutumes, des souvenirs, des croyances, des habitudes de vie. La tradition peut être orale ou écrite. ♦ 2° L’ensemble de ce qui est transmis de génération en génération. ♦ 3° Dans la religion chrétienne. La seconde source de la transmission de la foi, après la Sainte-Écriture. La tradition comprend des textes non scripturaires, des pensées, des croyances, des pratiques. «Ce que le peuple de Dieu a toujours cru» est un élément important de la tradition religieuse. La tradition empêche les perpétuels recommencements. Elle fournit un point d’appui au progrès. Pascal l’a dit admirablement dans la préface du Traité sur le vide. Auguste Comte a fait sien ce texte mémorable.
TRADITIONALISME, n.m. (lat. traditio «action de livrer»). ♦ 1° Attachement à la tradition. ♦ 2° Attitude systématique de fidélité au passé et de refus de toute nouveauté. ♦ 3° Comme doctrine. A été représenté, au XIXe siècle, par Bonald et Lamennais. Le traditionalisme doctrinal s'oppose à la suffisance de la raison individuelle. Certains de ses théoriciens admettent que la raison est la source de la vérité, mais que celle-ci ne se communique que sous la forme d’un héritage collectif et transmis. D’autres vont jusqu’à soumettre l’homme à l’acceptation passive d'une vérité qui lui a été dite aux origines. L’idée dominante du traditionalisme est que l’homme «est un être essentiellement enseigné», et que, suivant la formule de Bonald «la vérité n’est jamais nouvelle». La méfiance que Kant avait manifestée envers les possibilités de la «raison pure» a entraîné à renoncer à fonder l’assentiment de la foi. Nous avons là une des causes du traditionalisme et du fidéisme du XIXe siècle. L’Église catholique s’est toujours montrée hostile à l’un et à l’autre de ces deux mouvements. Un des objectifs du premier concile du Vatican a été d’affirmer l’aptitude de la raison à connaître Dieu.
TRADITIONALISME, n. m. 1° Sens religieux. A/ Doctrine selon laquelle l’essentiel de la foi chrétienne est contenu dans la Révélation (les «Écritures») et dans la Tradition. Celle-ci représente en effet ce que l’Église des premiers siècles, les communautés et certains «Pères» de l’Église, considérés comme inspirés par l’Esprit Saint, ont élaboré ou approfondi dans la pratique et dans la philosophie du christianisme. La Raison ne peut donc plus trouver de vérités nouvelles; elle ne peut que s’employer à commenter l’héritage doctrinal constitué par la Révélation et la Tradition. Le traditionalisme s’oppose donc souvent aux recherches théologiques, freine toute interprétation nouvelle, se méfie de tout ce qui peut s’écarter de la doctrine. B/ Attachement excessif aux formes de la pratique religieuse héritées du passé (liturgie traditionnelle, catéchisme conformiste, messe en latin, etc.) Ce traditionalisme est évidemment beaucoup plus superficiel que le précédent. Il arrive même que les traditionalistes, en se fixant à des pratiques historiquement datées, oublient la «vraie» Tradition ci-dessus évoquée.
2° Sens courant. Attachement excessif aux notions, aux techniques, aux manières, aux formes (esthétiques) traditionnelles. Passéisme; refus de la modernité. Ce sens, répandu, a peut-être l’inconvénient d’identifier «traditionalisme» et «prise en compte de la tradition». Qu’il s’agisse du domaine religieux ou des autres, la tradition représente un acquis, une expérience, une pensée collective, un héritage culturel qu’il serait irréfléchi de nier en bloc ou d’oublier. Dans le mot traditionalisme, c’est le -isme final qui est péjoratif, en ce qu’il incrimine un excès.
TRADITION (n. f.) 1. — (Jur.) Action de livrer, de transmettre. 2. — Transmission, de génération en génération (par voie écrite ou orale, par la pratique, des croyances, des coutumes), des souvenirs propres à un groupe. 3. — Au sens concret, ce qui est transmis. 4. — Traditionalisme : a) Attachement aux coutumes ou aux idées du passé, b) Doctrine qui fait de la tradit. la source et le critère de la vérité (Bonald, Maistre).
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