TOXICOMANIE
TOXICOMANIE, n.f. (gr. toxicos «qui concerne l’arc et les flèches» et, par extension, le poison dont on imprégnait les flèches). Habitude déraisonnable d’user de produits qui sont des poisons pour l’organisme mais qui sont néanmoins recherchés pour leurs effets sédatifs, euphorisants ou excitants. L’usage habituel de ces toxiques entraîne des phénomènes de dépendance physique et psychologique. On ne peut plus s’en passer. La production et la vente de drogues a donné lieu, dans la seconde moitié du XXe siècle, à un gigantesque trafic international. Nombreux sont les pays touchés par la vague de toxicomanie. C’est un des plus grands scandales de notre temps. Les trafiquants amassent des fortunes ; les usagers gâchent leur vie. Pour satisfaire leur besoin, ils sont conduits à des actes délictueux ; ils deviennent prisonniers de leur habitude : il est très difficile de sortir d’un état de dépendance.
toxicomanie, appétence morbide manifestée par certains sujets pour des substances toxiques, entraînant des effets nuisibles pour eux-mêmes et pour la société. La toxicomanie se manifeste par la tolérance de l’organisme, l’augmentation des doses, un besoin incoercible de la drogue, la dépendance de l’individu à l’égard de celle-ci et sa déchéance physique et mentale à plus ou moins long terme. Elle s’est répandue mondialement depuis la fin des années 60. D’après B. Shahandeh (B.I.T., Genève, 1985), il y aurait 50 millions de consommateurs de drogues dans le monde. En France, le nombre des personnes interpellées pour usage de drogues ne cesse de croître de 62 en 1965, il est passé à 26 987 en 1987 (O.C.R.T.I.S., 1988) ; corrélativement, le nombre de décès dû à l’abus de drogues s’est élevé de 1 en 1969 à 228 en 1987. Les dépenses entraînées par l’accueil des toxicomanes et les soins qui leur sont dispensés se sont élevées, en 1986, à 310 millions de francs (F. Facy et coll., 1987). Les raisons de la toxicomanie sont multiples : crise de la société contemporaine, conflit des générations, recherche d’une communauté fraternelle et de plaisir, etc. Généralement, les toxicomanes ont un moi faible. Incapables de résoudre leurs conflits, ils fuient le réel, régressent au stade oral et recherchent dans la drogue l’oubli de leurs problèmes. Le traitement de la toxicomanie consiste en un sevrage progressif, en milieu hospitalier, associé à la psychothérapie.
TOXICOMANIE. Le terme désigne une appétence morbide que manifestent certains sujets pour des substances toxiques. La voie d’entrée dans la toxicomanie est la souffrance morale (chagrin) ou physique (douleur), la recherche de la volupté, le besoin d’échapper à la monotonie de la vie journalière, le désir de ne pas se désolidariser du groupe. L’usage des toxiques à des fins non médicales est courant depuis des siècles en Extrême-Orient, en Afrique, en Amérique du Sud. Notre monde occidental a connu des cas individuels, endémiques, éventuellement des groupes très restreints de toxicomanes. Or, ces dernières années ont vu déferler sur ce monde une véritable épidémie que peut à peine restreindre la surveillance du trafic des drogues et la chasse aux trafiquants. Un deuxième fait mérite également d’être mentionné. C’est l’utilisation incessante de certains produits pharmaceutiques dont les nouvelles découvertes et les formules chimiques inédites empêchent une connaissance approfondie, principalement en ce qui concerne leurs effets secondaires. On appelle drogue toute substance ayant un effet sur le corps ou sur l’esprit et drogue psychotrope tout produit ayant des répercussions sur la fonction psychique. L’absorption périodique ou continuelle de ces drogues se dénomme dépendance. Elle peut être chimique, physique, dans certains cas psychophysique. Le désir d’avoir sans cesse recours à la drogue s’appelle accoutumance. Mais la suppression de la drogue n’entraîne pas l’apparition de manifestations pathologiques désagréables ou dangereuses. Dans ces cas il n’y a pas de dépendance physique. L’absorption prolongée de drogue fait que l’organisme s’habitue progressivement et réclame des quantités de plus en plus importantes pour obtenir l’effet désiré. C’est la tolérance vis-à-vis de la drogue. Dans certains cas l’organisme réagit par des manifestations physiques à la suppression traduisant ainsi son état de besoin, d’asservissement au produit. Il faut distinguer entre les substances qui créent une dépendance physique et psychique tout en causant des lésions corporelles, en particulier cérébrales (morphine, héroïne), celles qui, sans créer une accoutumance, causent des préjudices physiques et intellectuels (L.S.D., amphétamine), enfin celles qui ne provoquent ni accoutumance ni préjudice. Il semble que le cannabis (marihuana, haschisch) soit à classer dans cette catégorie. Les drogues habituellement utilisées par les toxicomanes occidentaux sont les stimulants (amphétamines), les sédatifs et tranquillisants (barbituriques du type phénobarbital ou certains anxiolytiques), les narcotiques — produits qui soulagent la douleur et induisent le sommeil : a) opiacées extraits du pavot : morphine et héroïne, six fois plus puissant que la morphine ; b) fabriquées synthétiquement. La suppression brusque de ces substances provoque des manifestations morbides organiques et physiologiques très pénibles. Les hallucinogènes (L.S.D. ou diéthylamide de l’acide lysergique), peuvent produire des minipsychoses avec délire mégalomaniaque, des états dépressifs pouvant aller jusqu’au suicide, des réactions paranoïdes, des états de confusion. Ils laissent comme séquelles des troubles de la mémoire et de l’attention. La mescaline, tirée du cactus peyotl, donne des troubles de la perception. Les stupéfiants sont des drogues qui produisent une sentation de détente avec euphorie. Parmi eux, l’opium et ses dérivés, la cocaïne, les diverses préparations obtenues à partir du chanvre (cannabis indica ou sativa) : haschisch, marihuana, kif. La marihuana, « tabac » qu’on fume, est obtenue en coupant les fleurs ou les feuilles de la plante femelle. Le haschisch est la résine beaucoup plus riche en principe actif (cannabinol). Il est ingéré sous différents modes de préparation : gâteaux, confitures, rahat-loukoum, boissons. Les préparations à partir du chanvre sont particulièrement goûtées par les jeunes. Ils se rencontrent dans des réunions clandestines qui ont leur rituel. Les motivations de ces rencontres sont variées : la curiosité, l’attrait de l’interdit, le désir de rencontres, la bravade du danger, la recherche d’une compagnie, la contestation d’une société qui les a déçus. Ils ne se sentent appartenir à aucun groupe, à aucune communauté. Ils refusent les données religieuses, politiques et nationales. On pense à la définition que donne à cet aspect psychosocial le sociologue Durkheim : l’anomie. La contagion, l’imitation, le snobisme interviennent dans l’apparition de l’attrait pour la drogue. Adler a laissé des études approfondies sur la psychologie du toxicomane isolé. L’utilisation de la drogue devient effective lorsque le sujet se trouve dans une situation qui lui paraît insoluble. Le besoin d’avoir recours à la drogue cache un profond sentiment d’infériorité confirmé par la timidité, un besoin de solitude, une hypersensibilité, de l’impatience, de l’irritabilité. Des symptômes névrotiques du type anxiété, dépression, impuissance sexuelle manquent rarement. Confrontés avec les difficultés de la vie, ces sujets manifestent une tendance à s’effondrer sous le poids de souffrances psychiques provoquées par leur ambition démesurée, leur vanité, l’appréciation erronée de leur valeur aux yeux des autres. Cette surestimation de leur propre valeur, résultat de leur éducation dans l’enfance et les échecs que la vie leur réserve provoquent rapidement une profonde déception, un désenchantement qui les pousse à fuir la réalité. La drogue leur ouvre les portes d’un monde imaginaire. Le thérapeute s’efforce de détecter le complexe d’infériorité qui sous-tend la personnalité du toxicomane, de saisir la finalité de sa structure psychique, d’intensifier son sens social, de réduire ses aspirations trop tendues et de l’encourager dans la recherche de solutions socialement plus valables. Il est certain que des mesures collectives peuvent être prises pour empêcher sur une haute échelle certains fléaux sociaux. La création du carnet de toxiques a vu diminuer considérablement l’abus de certains toxiques (morphine). La surveillance du trafic des drogues contribue à réduire la masse des toxiques disponibles. L’information et l’éducation de la population a indubitablement des effets favorables.