Torture
Les déclarations obtenues sous la torture constituent une des preuves extra-techniques, dans le genre judiciaire. Pour Aristote, elles semblent dignes de créance, parce qu’il s’y ajoute une certaine contrainte : d’où, si elles sont favorables, l’argument que ce sont là les seuls témoignages véridiques. Mais il est bien plus facile, parce que plus fort, de plaider le contraire (à savoir la dénégation de toute valeur à ces déclarations) : selon le même Aristote, pour en détruire l’effet, il suffit de dire ce qui est la vérité, c’est-à-dire qu’on ne peut s’y fier en aucune façon. Quintilien est plus explicite sur ce point. Ceux qui ont la capacité physique de supporter la torture peuvent tenir longtemps et raconter n’importe quel mensonge jusqu’au bout ; ceux qui sont, à l’opposé, faibles et peu résistants risquent de dire n’importe quoi pour faire plaisir à l’interrogateur et se libérer de la torture le plus vite possible. En tout état de cause, il faut toujours considérer dans quelles circonstances il est question de la torture : qui la demande, sur qui, dans quelle situation, par rapport à quel précédent et à quel type de faits, quels propos et à quels moments ont été tenus sous la torture, dans quel sens on peut les interpréter par rapport à l’ensemble des autres déclarations, qui a contrôlé la question.
Il peut paraître curieux d’avoir inséré l’article « torture » dans un dictionnaire de rhétorique écrit à la charnière des xxe-xxie siècles. Outre que rien ne dit que cet usage social et judiciaire ait disparu dans la pratique humaine actuelle, il est important de voir jusqu’où s’étend le champ de l’empire rhétorique, sous son aspect existentiel. Ce n’est pas seulement une question historique. Il s’agit, d’une part, de faire voir l’ampleur de la prise en compte de toutes les procédures de paroles, sous tous leurs aspects pragmatiques, et, d’autre part, de faire apparaître, sur un point particulièrement sensible, l’articulation du moral et de l’anthropologique au sein même du radicalisme rhétorique.
=> Preuve; oratoire, orateur; genre, judiciaire, lieu.
Liens utiles
- A. de Musset écrivait, dans un article publié le 1er novembre 1838, dans la Revue des Deux Mondes, sous le titre De la tragédie, à propos de Mademoiselle Rachel : « Si les règles étaient des entraves inventées à plaisir pour augmenter la difficulté, mettre un auteur à la torture et l'obliger à des tours de force, ce serait une puérilité si sotte qu'il n'est guère probable que des esprits comme Sophocle, Euripide, Corneille s'y fussent prêtés. Les règles ne sont que le résultat des calc
- L'Inquisition était un tribunal ecclésiastique chargé de poursuivrel'hérésie et de fixer la sentence réservée (la question, la torture, le bûcher)aux personnes soupçonnées ou coupables d'hérésie.
- DAGOBERT (vers 600-639) Roi d'Austrasie (623) puis roi des Francs (629-639) En 613, Clotaire IIF010A, roi de Neustrie, envahit l'Austrasie et torture à mort BrunehautF009.
- Dagobert En 613, Clotaire II, roi de Neustrie, envahit l'Austrasie et torture à mort Brunehaut.
- memoires de la torture pendant la guerre d’Algerie