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Tite-Live. Historien latin

Tite-Live. Historien latin, né à Padoue (Paduvium) en 59 av. J.-C., mort en 17 apr. J.-C. Issu d'une famille patricienne, semble-t-il, il ne vint à Rome qu'à l'âge adulte. Il vécut dans l'intimité d'Auguste qui respectait ses sympathies pour la république et devint le précepteur de l'empereur Claude dont il encouragea les penchants pour l'histoire. Il avait au moins deux enfants, un fils et une fille. Tite-Live n'a jamais exercé de charge publique ; il se consacra entièrement à la littérature et à l'histoire. Il commença sa grande Histoire de Rome depuis sa fondation (Ab urbe condita libri), qui lui valut la célébrité dès sa parution (en fascicules), peu avant ou en 29 av. J.-C. Il mourut à Padoue, trois ans après Auguste auquel il avait dédié les Dialogues philosophiques, aujourd'hui perdus. Son Histoire romaine comprend 142 livres, dont les vingt-deux derniers traitent des événements de son époque, à partir de la mort de Cicéron en 43 av. J.-C. Un résumé en fut fait dès le Ier siècle apr. J.-C., à partir duquel furent réalisés des periochae ou abrégés de chacun de ses livres, dont il semble y avoir eu deux versions. Il ne reste de l'oeuvre originale que les livres I-X, XXI-XLV (XLI et XLIII incomplets), et un fragment du livre XCI sur palimpseste. Le résumé a été perdu, à l'exception des livres XXXVII-XL et XLVIILLV, retrouvés sur un papyrus égyptien au début du siècle ; les periochae ont survécu en dehors des livres CXXXVI et CXXXVII. Les livres I à V évoquent la fondation légendaire de Rome, ses rois, la première République jusqu'à l'invasion des Gaulois en 390 av. J.-C. Les livres VI à XV traitent de la conquête de l'Italie (guerres samnites) avant le conflit avec Carthage; 16-30, des deux premières guerres puniques ; 31-45, des guerres de Macédoine et autres conflits orientaux jusqu'en 167. Parmi les livres disparus, les volumes 46-70 couvraient la période ayant suivi le début de la guerre sociale; 71-90 allaient jusqu'à la mort de Sylla; 91-108 jusqu'à la guerre des Gaules; 109-116, de la guerre civile à la mort de César; 117-133, jusqu'à la mort d'Antoine; 134-142, de l'Empire à l'an 9 av. J.-C. L'oeuvre complète survécut jusqu'à la fin de l'Antiquité ; les pertes remontent au Moyen Âge qui ne connut pas plus de livres que nous. Une introduction nous livre le propos de Tite-Live : commémorer les hauts faits de la cité maîtresse du monde, décrire les hommes et les modes de vie à l'origine de la grandeur de la ville et la décadence morale à l'époque des guerres civiles (1er s. av. J.-C.), de façon à ce que les lecteurs puissent tirer les enseignements de l'histoire. C'est donc un ouvrage à la fois de didactique et de morale. Ses méthodes sont celles du grec Isocrate, du ive siècle av. J.-C., (voir historiographie) : le devoir de l'historien est de livrer la vérité et d'être impartial, mais il faut élaborer la vérité et lui donner une forme littéraire. Tite-Live rapporte les légendes primitives, sans affirmer ou infirmer leur authenticité, et semble ne pas leur accorder une grande importance: si les légendes ne sont pas réelles, elles ressemblent à la réalité. Elles illustrent certains aspects du caractère romain qui ont conduit Rome à la grandeur de l'Empire, tout comme les traditions auxquelles Tite-Live aurait voulu revenir au début de l'époque d'Auguste pour oublier la décadence morale, le luxe et l'indiscipline d'un passé proche. Les sources de Tite-Live sont les annalistes antérieurs, puis Polybe (pour les livres XXXI-XLV), et pour les derniers livres, Posidonios, César, ainsi que les Mémoires d'Auguste. Il se fie surtout aux sources écrites, mais ne recourt que rarement aux archives originales ; il ne se livre en outre à aucune critique de ses sources. Tite-Live ne possède ni la méthode scientifique ni la pénétration de Thucydide ou de Polybe. Son inexpérience dans le domaine militaire se ressent dans la description des scènes de batailles et en particulier dans celles des phalanges; il a une connaissance limitée des institutions politiques et ne donne que peu d'indications sur les conditions économiques et sociales de la vie à Rome. Il mélange parfois ses sources ou les comprend mal, si bien que certains passages apparaissent contradictoires ou anachroniques, comme ceux concernant la Rome primitive ou l'Orient. Mais il introduit une certaine dramatisation dans le traitement des grands événements et restitue très bien l'arrière-plan de l'action : les délibérations préliminaires, les volte-face, le caractère des protagonistes ; le moindre fait est exploré et expliqué de manière à rendre le récit totalement intelligible, même s'il s'éloigne de la réalité. Tite-Live possède une maîtrise de la langue et du style qui rappelle Cicéron, bien qu'Asinius Pollio lui ait reproché ce qu'il nommait avec humour sa «pata-vinité», c'est-à-dire son provincialisme. Tite-Live fut admiré par ses successeurs immédiats, Tacite, les Sénèque et Quintilien et copié par Plutarque et Lucain. Il fut peu lu au Moyen Âge, mais devint très populaire à la Renaissance. Dante en parle comme d'un historien qui «ne se trompe pas». Les passages les plus célèbres de cette histoire monumentale sont les suivants : Livre I. Romulus et Rémus (chap. 4-7); l'enlèvement des Sabines (9-13); le combat des Horaces et des Curiaces et la mort des Horaces (24-26) ; l'arrivée de Tarquin à Rome (34), le règne de Tarquin le Superbe et les crimes de Tullia (46-48) ; le viol de Lucrèce par le fils de Tarquin le Superbe et la révolte de Brutus (57-60) ; Livre IL L'exécution des fils de Brutus par leur père (5); «comment Horatius Coclés défendit le pont» (10); la tentative d'assassinat de Mu-cius Scaevola sur Porsena (12); Clélie traverse le Tibre (13); Menenius Agrippa et la parabole du ventre et des membres (32) ; la rencontre de Corio-lan et de sa mère hors des murs de Rome (40); les 306 hommes de la gens Fabia marchant contre Véies (49); Livre III. L'appel à Cincinnatus, occupé à travailler ses champs, pour qu'il devienne dictateur (24); Appius Claudius et Verginia (44-58) ; Livre IV. Le combat de Cossus contre le roi étrusque, où il gagna les dépouilles opimes (19) ; Livre V. Le siège de Véies, et les Grecs à Rome Livre VI. L'exécution par M. Manlius Torquatus de son fils qui a contrevenu aux ordres en combattant et en tuant un chef ennemi (7); Comment Decius Mus se « voue » à la mort (voir devotio) pour assurer la victoire de son armée (9); la colère de Papirius Cursor contre son magister equitum, Q. Fabius Maximus Rullus (30). Livre IX. Le désastre des Fourches Caudines (1); et l'étonnante digression sur ce qui serait arrivé si Alexandre le Grand avait rencontré les Romains (17). Livre XXI. Hannibal (4), le siège de Sagonte (12), la traversée des Alpes (30), la bataille de Trébie (52). Livre XXII. La bataille du lac de Trasimène (4), le conflit entre Fabius Cunctator (petit-fils du Fabius précédent) et son impétueux magister equi-tum, Minucius Rufus (14). La défaite de Cannes (44). Les atermoiements d'Hannibal provoquent les reproches de Maharbal : « Tu sais vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de ta victoire» (51). Livre XXIII. Hannibal à Capoue et l'effet débilitant du luxe sur son armée (45), le tournant de la guerre. Livre XXIV. Le siège de Syracuse par Marcellus et les machines défensives d'Archimède (34). Livre XXV. La prise de Syracuse (24) et la mort d'Archimède (31). Livre XXVI. Hannibal se trouve à trois miles de Rome (10) ; le terrain sur lequel il a établi son camp est vendu en ville au prix normal (11); Scipion l'Africain, nommé commandant en Espagne à vingt-quatre ans (18), prend Carthagène (46); sa générosité et sa réserve à l'égard d'une belle captive espagnole (50). Livre XXVII. La défaite et la mort d'Hasdrubal. Livre XXX. L'histoire romantique de Sophonisbe, Syphax et Masinissa (15) ; la bataille de Zama (32). Livre XXXIII. La défaite de Philippe V de Macédoine à Cynoscé-phales (7); le discours de Flaminius sur la paix avec un ennemi vaincu (12); la déclaration de liberté de la Grèce aux jeux Isthmiques (32). Livre XXXIV. L'abrogation de la loi somptuaire, la lex Oppia (1). Livre XXXV. Conversation entre Scipion et Hannibal à Éphèse sur les grands généraux (14). Livre XXXVIII. La fière réponse de Scipion l'Africain rappelant, lorsqu'on le jugea pour détournement de fonds, que c'était le jour anniversaire de la victoire de Zama (51). Livre XXXIX. La découverte et la suppression des Bacchanales (8) ; Caton le Censeur (40). Livre XLIV. La victoire de Pydna (40). TITE-LIVE (Padoue, 59 av. J.-C.-Rome, 17 ap. J.-C.). Historien romain. Contemporain d'Auguste, il consacra toute sa vie à la rédaction d'une Histoire de Rome, inachevée, qui allait des origines à l'an 9 ap. J.-C. Sur les 142 livres, 35 seulement nous sont parvenus. Patriote ardent, animé du sentiment profond de la grandeur de Rome, il exalta dans son oeuvre l'histoire nationale. Dans l'Antiquité, des résumés à usage scolaire (ou periochae) en furent tirés. Source indispensable de l'histoire de Rome, l'oeuvre de Tite-Live n'est toutefois pas exempte d'imperfections : anachronismes nombreux, surtout pour la période archaïque, manque d'esprit critique à l'égard de sa documentation, rarement de première main.

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