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THIERS Louis Adolphe

Homme politique et historien français. Il se fit rapidement connaître comme journaliste libéral et historien (Histoire de la Révolution française, 1823/27). En juill. 1830, il prit très tôt position en faveur de Louis-Philippe. La monarchie de Juillet fit de lui un de ses grands notables. Conseiller d'État, député d'Aix, membre de l'Académie française dès 1833, deux fois ministre de l'Intérieur entre 1832 et 1836, il réprima avec dureté les mouvements insurrectionnels républicains de Lyon et de Paris (1834). En 1836 et 1840, il fut même à la fois président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, mais dut donner sa démission en raison de sa politique extérieure aventureuse. Après 1840, il fut le chef de l'opposition dynastique, attaché au régime, mais critiquant la politique de Guizot. Pendant la IIe République, il devint un des chefs du parti de l'ordre. Rallié pour un temps à Louis-Napoléon Bonaparte, Thiers contribua à l'élaboration de la loi Falloux (il aurait volontiers laissé tout l'enseignement primaire à l'Église) et soutint la loi de mai 1850 qui privait du droit de suffrage près de 3 millions de citoyens (« vile multitude » selon lui). Arrêté lors du coup d'État du 2 déc. 1851, exilé en Suisse, il put rentrer rapidement en France, et se tint à l'écart de la politique, s'adonnant à ses travaux historiques. Élu député de Paris en 1863, il se situa dans l'opposition. Il fut un des rares parlementaires à refuser le vote des crédits militaires en juill. 1870. La défaite brutale de 1870 lui fournit l'occasion de donner toute sa mesure. Lors des élections de févr. 1871, il fut élu dans 26 départements et devint « chef du pouvoir exécutif de la République française ». Thiers s'entendit avec l'Assemblée conservatrice pour différer la décision définitive sur le régime (« pacte de Bordeaux » du 10 mars 1871). Thiers négocia ensuite les préliminaires de paix, ratifiés par l'Assemblée qui s'installa à Versailles, à l'écart du Paris républicain, travaillé par les socialistes. Quand le traité fut signé, le 10 mai, Thiers était en train d'écraser la Commune et de mener à son terme une guerre civile dans laquelle ses responsabilités sont très lourdes. Il rétablit les finances publiques par deux emprunts souscrits dans l'enthousiasme, réorganisa l'armée et réforma l'administration locale : une oeuvre considérable, accomplie en deux ans, et que Thiers couronna en obtenant de Bismarck la fin anticipée de l'occupation (mai 1873). Le 24 mai 1873, les monarchistes votèrent un ordre du jour qui désavouait Thiers, de plus en plus clairement rallié à la République ; celui-ci démissionna et fut remplacé par Mac-Mahon.
Thiers, Louis Adolphe (Marseille 1797-Saint-Germain-en-Laye 1877); homme politique, journaliste et historien français. Aspirant à la gloire politique et littéraire, subtil, adroit et doté d’un savoir apparemment universel, T. quitte Aix-en-Provence, où il est avocat, pour se rendre en 1821 à Paris. Il se rallie à la mouvance libérale des Lafitte, La Fayette et Talleyrand, qui l’initient aux arcanes de la politique. Il devient vite le collaborateur fameux et influent du Constitutionnel, journal d’opposition très lu, malgré la sévérité des lois sur la presse. En sa qualité de journaliste, il dirige le camp libéral avant 1830. Mais il juge Le Constitutionnel trop modéré, car il estime que le but des libéraux est d’instaurer une monarchie parlementaire de type anglais. C’est pourquoi il fonde pour défendre ces vues le journal Le National, qui adopte un ton beaucoup plus agressif et contribue ainsi au déclenchement de la révolution de juillet 1830. Cette activité journalistique n’empêche pas T. de publier entre 1823 et 1827 le premier des dix volumes de son Histoire de la Révolution française, présentée dans une optique « fataliste » et libérale. Cette somme monumentale est rééditée à quatorze reprises jusqu’en 1846. Le 30 juillet 1830, il contribue à l’accession au trône de Louis-Philippe, duc d’Orléans (chef de la branche cadette des Bourbons), qui prend d’abord le titre de lieutenant-général du royaume puis celui de « Roi des Français ». T. devient alors ministre des Affaires étrangères et participe ainsi à la consolidation de la monarchie de Juillet contre les attaques de la gauche et de la droite. Deux fois chef du gouvernement en 1836 et 1840, il poursuit une politique étrangère de prestige, visant à la définition d’une politique méditerranéenne et d’une active diplomatie d’inspiration nationaliste, dirigée en particulier contre la Grande-Bretagne. Mais il se trouve très vite en opposition avec le roi et la majorité conservatrice des Chambres, et doit démissionner en octobre 1840. Dès lors, il se range dans le camp de l’opposition. À la chute de Louis-Philippe en 1848, T. se mue de libéral anticlérical en « républicain conservateur ». Se joignant aux partisans de « l’ordre moral et social » contre les démagogues (c’est-à-dire la gauche), il favorise l’adoption en 1850 de la « loi Falloux » mettant le système scolaire entre les mains des catholiques. Mais il combat Louis-Napoléon, qui l’écarte après le 2 décembre 1851. Il se retire alors de la vie publique et se consacre à la rédaction d’une monumentale Histoire du Consulat et de l'Empire. Elu député orléaniste en 1863, il dirige l’opposition libérale contre Napoléon III, réclamant le rétablissement des libertés fondamentales. Dans un célèbre discours du 3 mai 1866, il met en garde contre le danger imminent que représente la Prusse. Néanmoins, il fait partie en 1870 de ceux qui condamnent une guerre à outrance avec l’Allemagne. Mêlant libéralisme et conservatisme social, il dispose d’une grande autorité morale et d’une stature de chef d’Etat qui lui permet de négocier avec Bismarck ; il signe le traité de Versailles qui abandonne à l’Empire allemand l’Alsace et la Lorraine (10 mai 1871). Il devient chef du pouvoir exécutif le 17 février 1871 et président de la République le 31 août. Il réprime la Commune lors d’une « Semaine sanglante » du 22 au 28 mai : il porte une importante responsabilité personnelle dans le déclenchement de l’insurrection parisienne comme dans son écrasement. Deux ans plus tard, il s’aliène la majorité monarchiste à l’Assemblée nationale car il ne cache pas son désir d’installer définitivement une République libérale d’orientation conservatrice et autoritaire. Après une longue lutte, il doit finalement démissionner le 24 mai 1873 et laisser la place au royaliste Mac-Mahon. Lorsque celui-ci provoque en 1877 un conflit avec la nouvelle majorité républicaine et dissout l’Assemblée, T. apparaît pour les républicains comme le successeur de Mac-Mahon. Mais il meurt durant la campagne électorale ; ses obsèques sont l’occasion d’une impressionnante démonstration républicaine.
Bibliographie : P. Guiral, Adolphe Thiers, 1986.
THIERS, Louis Adolphe (Marseille, 1797-Saint-Germain-en-Laye, 1 877). Homme politique, journaliste et historien français. Il incarna durant sa longue carrière politique les intérêts de la bourgeoisie libérale. Thiers devint avocat en 1818 et vint à Paris en 1821. Il publia en 1827 une Histoire de la Révolution française (1823-1827), ce qui lui assura sa notoriété dans les milieux de l'opposition libérale sous la Restauration. Cofondateur du journal d'opposition Le National (1830), où il défendit la thèse d'une monarchie parlementaire à l'anglaise, il prit la tête du mouvement de protestation des journalistes contre les ordonnances de Charles X qui déclenchèrent la révolution de 1830. Orléaniste sous la monarchie de Juillet de Louis-Philippe Ier, sous-secrétaire aux Finances, puis ministre de l'intérieur (octobre 1832-novembre 1834), Thiers réprima avec une égale énergie les légitimistes (affaire de la duchesse de Berry, 1832) et les émeutes républicaines d'avril 1834. Président du Conseil en 1836 et 1840, il s'opposa à la Grande-Bretagne en soutenant le pacha d'Égypte contre la Turquie, mais dut se retirer devant Guizot, chef du parti de la paix (1840). Il commença alors à écrire une Histoire du Consulat et de l'Empire qui parut de 1845 à 1862. Après la révolution de 1848, il devint, sous la Deuxième République, député et chef du parti de l'Ordre et favorisa l'élection de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République. Il combattit cependant les ambitions de gouvernement personnel du Prince Président et, lors du coup d'État du 2 décembre 1851, il fut arrêté et exilé. Rentré en France en 1852, il se tint à l'écart de la vie politique jusqu'en 1863. Député de Paris, devenu le chef de l'opposition libérale à Napoléon III, Thiers critiqua vivement la politique extérieure du Second Empire. Opposé en 1870 à la guerre contre la Prusse, il fut désigné chef du pouvoir exécutif de la République française en février 1871 et dirigea depuis Versailles la sanglante répression de la Commune insurrectionnelle de Paris (mai 1871). Devenu président de la République (août 1871), laissant à plus tard le problème des institutions, Thiers se consacra à la réorganisation de la France vaincue. Il accéléra tout d'abord la libération du territoire grâce à deux emprunts qui permirent le paiement rapide du tribut imposé par l'Allemagne. Il réorganisa les finances et l'armée, imposant le service militaire obligatoire de cinq ans, mais avec de nombreuses exemptions. Mais Thiers, ayant préconisé ouvertement une République conservatrice, fut renversé par la majorité monarchiste de l'Assemblée nationale (1873) et remplacé par le maréchal de Mac-Mahon. À la veille de sa mort, il appuyait Léon Gambetta et les républicains pendant la campagne électorale de 1877. Voir Franco-allemande de 1870-1871 (Guerre).

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