Thèse

Ce terme appartient effectivement à la culture de la rhétorique traditionnelle et plus exactement au domaine de son enseignement. La thèse constitue l’un des exercices de l’apprentissage scolaire en rhétorique. Mais le sens précis risque d’en être obscurci par l’habituelle stratification de ce vocabulaire, avant son emploi actuel : aujourd’hui, la thèse est une position dans un débat. On connaît aussi un sens plus rhétorique, plus technique, qui relève davantage des procédures de l’argumentation : dans une analyse de la disposition, on peut répartir les arguments, d’après sa propre position énonciative et en fonction de la portée de son discours, selon la proposition d’une certaine opinion (la thèse), puis la proposition d’une opinion ou de l’opinion opposée ou inverse (l’antithèse), et enfin la proposition qui dépasse ou transcende les deux précédentes en les réunissant ou en situant la question à des niveaux différents, par la présentation d’une synthèse. Plus précisément, la thèse est un exercice de développement, d’amplification, destiné à faire travailler l’abondance. Sur la base d’une idée donnée, le thème, on recourt aux procédures des variations par toutes les voies des figures macrostructurales et des ornements, par celles des jeux sur l’énonciation et sur les formes ou sur les genres de discours, par les manipulations de narrativisation, en monnayant les différents aspects possibles de la base, selon des tons et dans des architectures également variables. La thèse peut définir le produit de l’exercice achevé : le texte ou le discours ; la thèse peut aussi désigner l’acte de création verbale ainsi engagé, cette activité discursive comme mouvement, comme dynamisme rhétorique.

=> Oratoire, éloquence; genre; exercice, chrie; disposition, ornements, figure, macrostructurale, amplification; abondance, variation.