THÉOCRATIE / THÉODICÉE / THÉOLOGIE

THÉOCRATIE, n.f. (gr. theos «Dieu» et kratos «pouvoir»). Terme ambigu et souvent mal défini. Strictement parlant, c'est un régime dans lequel le peuple considère que le pouvoir appartient à Dieu et doit, par conséquent, être exercé par l'intermédiaire de ses ministres. Le type de la théocratie est le judaïsme de l'Ancien Testament. Israël, le peuple élu de Dieu, n'a que Dieu pour maître. Dès lors, ceux qui le gouvernaient devaient le faire au nom de Dieu et considérer comme leur premier devoir de veiller à ce que le peuple reste fidèle au Dieu unique et à son culte. Le judaïsme ancien n'a pas connu la distinction du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. La loi civile et la loi religieuse étaient confondues. C'est le christianisme qui a établi la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel : «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu». (Matthieu 22, 21). Louis Massignon a parlé, pour les musulmans, de théocratie laïque. Un musulman trouve dans le Coran les grandes règles de sa vie. Mais les musulmans n'ont pas de clergé. Le mouvement général de l'histoire est allé dans le sens d'une indépendance croissante du pouvoir civil à l'égard du pouvoir religieux, qu'il s'agisse d'Israël, de pays musulmans ou de pays chrétiens. Jusqu’où peut aller cette indépendance ? C'est une des questions qui se posent aujourd'hui.

THÉODICÉE, n.f. (gr. theos «Dieu» et dikè «justice», «justification»). ♦ 1° Titre d’un ouvrage célèbre de Leibniz : Essai de Théodicée sur la bonté de Dieu, sur la liberté de l'homme et l'origine du mal. Leibniz y expose son optimisme et sa conception du «meilleur des mondes possibles». Son entreprise a été sévèrement jugée dans le Journal métaphysique de Gabriel Marcel, qui trouvait impie de juger Dieu. ♦ 2° Au XIXe siècle, et sous l'influence de Victor Cousin et des éclectiques, la théodicée devint l'étude rationnelle des questions concernant Dieu. Le Vocabulaire technique et critique de Lalande donne un extrait des programmes de philosophie de l'enseignement secondaire de 1863. La théodicée en est une des quatre parties. Elle comprenait les questions suivantes : «Preuves de l'existence de Dieu» ; «Principaux Attributs de Dieu» ; «De la Providence» ; «Réfutation des objections tirées du mal physique et du mal moral» ; «Destinée de l'homme» ; «Preuves de l'immortalité de l'âme» ; «Morale religieuse ou devoirs envers Dieu».

THÉOLOGIE, n.f. (theologia se dit en latin comme en grec. Les racines sont theos «Dieu» et logos «science», «étude»). Science de Dieu, discours sur Dieu. ♦ 1° Dans l’Antiquité païenne. Pour Platon, la théologie est un discours sur Dieu, ou sur les dieux. Pour Aristote, c’est la philosophie première, connaissance des premiers principes et des premières causes. Proclus a écrit des Éléments de théologie pour expliquer comment il conçoit le fondement, la genèse et la structure de l'être. Mais Aristote appelle aussi theologoi des poètes mythiques comme Hésiode et Homère. Et Proclus a raisonné parfois à partir des oracles chaldaïques. — La théologie a déjà dans l'Antiquité les deux sens différents de discours sur le premier principe et d'effort pour pénétrer le sens de ce qui a été transmis par la tradition. ♦ 2° Chez les chrétiens. La théologie est l'application de l'intelligence au donné révélé : Parole de Dieu et ensemble des événements qui constituent la Révélation de Dieu. Les Pères de l'Église ont été des théologiens, mais ils n'utilisaient pas le mot théologie. Saint Augustin parle de la doctrina christiana. Saint Thomas d'Aquin est le fondateur de la théologie scolastique. Sa première œuvre magistrale a été le Livre de la vérité de la foi catholique contre les infidèles (1258-1261). Puis il a rédigé, à la fin de sa vie, l'œuvre appelée Summa theologiae (Somme de la théologie, ou Somme théologique). Pour saint Thomas, la théologie est la science de la foi. Son objet est la Révélation à partir de laquelle il a voulu établir un discours systématique de type scientifique. La question est souvent posée de savoir si une telle entreprise est possible, si la théologie peut être autre chose qu'une idéologie, si elle ne rend pas la raison prisonnière du donné révélé. La réponse de saint Thomas est la suivante : Un homme ne peut pas faire de démarche plus raisonnable que de croire à la Révélation. La théologie est obligatoirement déficiente par rapport à la science que Dieu possède. («Subalternation».) Les articles de foi seront connus avec évidence, ultérieurement, dans la science supérieure, celle des saints et des bienheureux. Croire est un acte de l'intelligence. C'est l'adhésion à un objet qui la dépasse. L'intelligence accepte d'être dépassée, mais pas d'être reniée. D'où l'effort théologique : Fides quaerens intellectum, la foi qui cherche la compréhension. A partir des vérités révélées par Dieu, il s'agit de constituer un corps systématique, rationnel et scientifique. La théologie scolastique fait donc largement appel au raisonnement philosophique, sans s'accommoder de n'importe quel système et sans laisser le dernier mot à une critique de type rationaliste. La foi et la raison viennent également de Dieu. Il ne peut donc pas y avoir de contradiction entre elles. On distingue une théologie dogmatique qui a pour objet les vérités à croire, et une théologie morale qui étudie les règles de conduite qui se fondent sur la Révélation. La théologie positive est l'étude de l'Ecriture sainte, des écrits des Pères de l'Église, de la Tradition, des actes du magistère, des textes des conciles. ♦ 3° Il y a chez les chrétiens, à côté des théologiens catholiques, des théologiens protestants et orthodoxes. Il y a des théologiens dans le judaïsme, l'islam et les religions orientales. Leur objet est l'étude de leurs textes sacrés.

THÉOLOGIQUE, adj. (gr. theos «Dieu» et logos «science», «étude»). ♦ 1° Qui concerne la théologie {études théologiques). ♦ 2° Auguste Comte. Dans l'histoire de l'humanité, premier stade de l'intelligence, qui invoquait des puissances surnaturelles comme principe d'explication. (V. «Comte», et, en particulier, loi des trois états.).

  Théologie Du grec theos, « dieu », et logos, « discours », « étude », « science ». - Science ou étude ayant Dieu pour objet. - Théologie naturelle (ou rationnelle) : partie de la métaphysique qui traite de l’existence et des attributs de Dieu en s’appuyant uniquement sur la raison (lumière naturelle). • La philosophie première d'Aristote est une théologie, en ce qu'elle conclut à l’existence d’un premier Moteur qui meut toutes choses (sans être mû lui-même), « Acte pur » et pensée de la pensée. • Pour Thomas d’Aquin, la raison est au service de la foi, et la philosophie est « la servante de la théologie ». • Chez Auguste Comte, l'état théologique désigne l'état initial du développement de l’esprit humain, dans lequel les phénomènes naturels sont expliqués par l'action volontaire d'êtres surnaturels.

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THÉOCRATIE Système politique où le pouvoir est détenu par la classe sacerdotale qui exerce sa souveraineté non seulement dans le domaine spirituel et religieux, mais aussi dans celui de la vie civile et temporelle comme ce fut le cas chez les Incas ou dans l’Egypte des Pharaons. Plus généralement, la théocratie qualifie la conception de l'État qui est soumis au pouvoir religieux.