théâtre dans l'Antiquité
théâtre. 1. Grec. Le théâtre grec semble tirer son origine de l'orchestra, espace circulaire en terre battue et en plein air, où évoluaient les choeurs lyriques (dont une variante, le dithyrambe, serait l'ancêtre de la tragédie attique). Les théâtres grecs étaient tous construits à ciel ouvert (voir cependant odéon) et adossés à une pente. La description qui va suivre concerne le théâtre de Dionysos à Athènes, qui paraît très représentatif. Au centre de l'orchestra se dressait l'autel de Dionysos (Thy-mélè), autour duquel évoluait le choeur, accompagné par un joueur de flûte qui se tenait probablement sur les marches de l'autel. Le théatron (lieu d'où l'on regarde), enceinte réservée aux spectateurs au-dessus de l'orchestra, était fermé par un mur extérieur (analemma). Les spectateurs de haut rang s'asseyaient sur des sièges de pierre situés sur le devant du théatron ; le reste de l'assemblée prenait place derrière, sur de grands bancs de bois fixés sur la pente de la colline et séparés par des promenades circulaires, coupées à intervalle régulier dans le sens de la hauteur par des escaliers. De chaque côté de l'orchestra se trouvait un parodos, entrée latérale utilisée à la fois par les spectateurs pour accéder aux gradins, par le choeur et parfois aussi par les acteurs pour gagner l'orchestra et en sortir à la fin de la pièce. Plus tard, quand la pièce représentée se déroulait à Athènes, une convention voulait que les personnages censés venir de l'agora ou du Pirée entrent par la droite (ce qui était conforme à la disposition des lieux) et ceux censés arriver de la campagne par la gauche. Derrière l'orchestra se trouvait la scène, skènè (tente, cabane), une plateforme surélevée d'un ou deux mètres au-dessus de l'orchestra, d'environ huit mètres de largeur et trois de profondeur, reliée par une rampe à l'orchestra. Le proskenion, le devant de la scène où se tenaient les acteurs, était dominé par le mur de scène, percé de plusieurs portes et présentant un décor fixe. Son toit pouvait être utilisé pour la mise en scène, comme ce fut le cas pour l'Agamemnon d'Eschyle, où un guetteur solitaire est censé s'installer sur le toit du palais. Les loges des acteurs se trouvaient derrière le mur de scène. La mèchanè (la machine) et l'ekkyk-lèma («ce qu'on roule au-dehors») étaient les deux principaux dispositifs scéniques, utilisés surtout pour la tragédie (ils faisaient l'objet de railleries dans les comédies). La mèchanè était une sorte de grue permettant de faire évoluer les acteurs au-dessus de la scène ; elle était utilisée pour représenter un dieu descendant du ciel ou apparaissant au-dessus d'une maison. L'apparition, sur un tel dispositif, d'un dieu apportant un dénouement à une situation inextricable engendra l'expression latine deus ex machina (un dieu sur une machine), pour évoquer une intervention inattendue résolvant les problèmes. Il semble qu'Eschyle et Sophocle n'aient jamais employé de mèchanè; mais Euripide en faisait un usage fréquent pour conclure ses pièces. L'ekkyklèma, sorte d'estrade à roulettes que l'on poussait à l'extérieur par l'ouverture centrale de la skènè, était un dispositif permettant d'arranger un tableau évoquant des événements extérieurs à la scène et révélés aux acteurs et aux spectateurs; dans l'Agamemnon, par exemple, Cly-temnestre y apparaît derrière les corps d'Agamemnon et de Cassandre assassinés. Le théâtre grec ignorait ce que nous appelons «décor», cependant certains accessoires étaient parfois utilisés : des statues, autels, ou des panneaux légers représentant des éléments de décor. Il n'y avait pas de rideaux de scène. Pour les droits d'entrée. Théophraste, dans les Caractères, nous donne un aperçu du comportement des spectateurs : le bavard qui ne cesse de pérorer et gène ses voisins ; le pauvre qui a pris un jour de liberté pour emmener ses enfants au théâtre ; l'homme sans scrupule qui profite de la présence d'hôtes étrangers pour ne pas payer son entrée et le benêt qui dort si profondément qu'il reste seul dans le théâtre après la fin de la pièce. Philochore, qui vécut au IIIe siècle av. J.-C., raconte que les spectateurs profitent de l'arrivée du choeur pour remplir leurs verres de vin et de sa sortie pour les remplir à nouveau. Aristote, lui, ironise sur la consommation de douceurs qui augmente lorsque les acteurs sont mauvais. Le théâtre ne servait pas uniquement aux pièces. De nombreuses cérémonies s'y déroulaient. 2. Romain. Longtemps les Romains se contentèrent de théâtres en bois; c'est Pompée qui, grâce au butin de la guerre contre Mithridate, fit construire le premier théâtre en pierre (55 av. J.-C.). Élevé sur le Champ de Mars, il pouvait accueillir environ 10 000 spectateurs. Par la suite, deux autres théâtres furent érigés à Rome, toujours sur le Champ de Mars, celui de L. Cornelius Balbus, inauguré en 13 av. J.-C. et celui de Marcellus, édifié par Auguste et dédié à son fils adoptif. À l'époque de Plaute, Térence, Ennius et Pacuvius (fin du IIIe s. et IIe s. av. J.-C.), les pièces étaient représentées sur des scènes de bois, devant un édifice provisoire pourvu de trois portes ouvrant sur la scène. Ces théâtres, généralement montés sur le Forum ou sur le Circus Maximus, comportaient des sièges de bois disposés en hémicycle ; une tentative pour ériger un théâtre permanent fut contrecarrée en 155 av. J.-C. par le consul Scipion Nasica qui obtint sa démolition du Sénat, au motif qu'il représentait un danger pour la moralité publique. Au Ier siècle av. J.-C. cependant, même les théâtres provisoires étaient assez élaborés puisqu'ils comportaient un velum, tendu au-dessus de l'auditorium (caved) pour protéger les spectateurs contre le soleil, ainsi qu'un mur de scène décoré avec une surabondance d'ornements. Le théâtre comprenait un orchestra semi-circulaire, derrière lequel se trouvait la scène, de plus grandes dimensions que dans le théâtre grec. L'orchestra n'était plus réservé aux évolutions des danseurs, mais aux spectateurs de marque : sénateurs, prêtres et personnages officiels. À partir de 68 av. J.-C. les équités se virent attribuer les quatorze premiers rangs de l'auditorium, derrière l'orchestra. Le mur de scène pouvait atteindre la même hauteur que les gradins supérieurs. L'auditorium, soutenu par des murs à colonnades et non plus adossé à une colline comme dans le théâtre grec, était parfois couvert d'un toit remplaçant le velum, comme c'était le cas à Pompei. L'inconfort des sièges est souligné par Ovide (L'Art d'aimer, I, 141) qui évoque le peu d'espace dont dispose chaque spectateur et se plaint de ce que les genoux des spectateurs de la rangée supérieure rentrent dans le dos de ceux de devant. À partir du IIe siècle av. J.-C., les théâtres romains eurent un rideau de scène, rangé dans une rainure de la scène et que l'on montait à la fin de la pièce (excellent moyen d'indiquer que la pièce était terminée). Les décors semblent être apparus en 99 av. J.-C. Le choeur, dans les tragédies d'Ennius, Pacuvius et Accius, se tenait sur la scène et non dans l'orchestra comme dans le théâtre grec, et pouvait entrer et sortir comme les autres acteurs (alors que le choeur grec restait, à de rares exceptions près, jusqu'à la fin de la pièce). Dans ce contexte plus réaliste, le choeur avait cessé d'être parti intégrante de l'action dramatique et son rôle s'était amenuisé en même temps que l'importance accordée à l'élément lyrique, dont il était l'expression. Les acteurs, des esclaves ou des affranchis ayant suivi une formation, étaient organisés en compagnies (grex, caterva) dirigées par un dominus gre-gis qui était payé par le magistrat chargé des ludi (jeux) durant lesquels les pièces étaient représentées (voir également édiles). Le salaire des acteurs augmenta régulièrement et les acteurs (comme les musiciens), bien que méprisés à l'origine, commencèrent à s'enrichir et à être acceptés socialement lorsque s'imposèrent de grands acteurs tels que Roscius et Aesopus. Les rôles de femmes (sauf dans les mimes et dans les comédies tardives) étaient tenus par des hommes. On identifiait à l'origne le type de personnage représenté par des perruques (blanches pour les vieillards, rouges pour les esclaves, etc.) et plus tard par des masques. Mais savoir si des masques étaient vraiment utilisés dans le théâtre romain et le cas échéant dans quelles circonstances reste l'objet de controverses. Les acteurs tragiques revêtaient de longues robes flottantes et de hauts cothurnes (cothurni); les acteurs comiques portaient généralement la tunique et le socus, chaussure plate.
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