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TERREUR

Période de la Révolution française qui va de sept. 1793 à juill. 1794.

La Terreur, « mise à l'ordre du jour » le 5 sept. 1793, était destinée à intimider les « ennemis de la nation ». Elle devait s'identifier au règne de la guillotine, mais elle se manifesta aussi par des mesures économiques draconiennes, telles que la loi du maximum (29 sept. 1793) - taxation des denrées de première nécessité et blocage des salaires. Alors que la monnaie ne cessait de s'avilir, en fixant les prix à un tiers seulement au-dessus du prix courant en 1790, cette loi ne put qu'encourager l'accaparement qu'elle voulait freiner. Le blocage des salaires frappait les petites gens, ouvriers, travailleurs agricoles, et leur mécontentement s'accrut. L'un des aspects les plus horribles de la Terreur fut le vaste système de délation organisé dans toute la France par la Convention, qui donnait ainsi libre cours à toutes les vengeances personnelles : dès le 21 mars 1793 avaient été créés des comités de surveillance, appelés plus tard comités révolutionnaires, dont les pouvoirs ne cessèrent de s'élargir et qui se virent chargés de délivrer les certificats de civisme, de dresser la liste des suspects et de procéder à leur arrestation. Ces comités (plus de 20 000) étaient placés sous l'autorité du Comité de sûreté générale, qu'on a pu appeler à juste raison un véritable « ministère de la Terreur ». À Paris, un tribunal d'exception, dit Tribunal révolutionnaire, avait été créé dès mars 1793 ; ses sentences étaient exécutoires dans les vingt-quatre heures et ne pouvaient faire l'objet ni d'appel ni de cassation ; son ressort, d'abord limité à la région parisienne, devait être étendu à tout le pays en avr. 1794. La loi du 17 sept. 1793 dite « loi des Suspects » définissait comme tels, non seulement les ci-devant nobles, les parents d'émigrés, les fonctionnaires destitués, mais tous ceux qui, par paroles, actions ou écrits, se montraient partisans du royalisme ou du fédéralisme ; les historiens évaluent à 400 000 personnes le nombre des « suspects » emprisonnés à la veille de Thermidor. Par la suite furent déclarés traîtres à la patrie et passibles de mort ceux qui avaient excité des inquiétudes sur le fait des subsistances, essayé de corrompre l'esprit public ou préparé un changement dans la forme du gouvernement (13 mars 1794) ; enfin, la fameuse loi du 22-Prairial (10 juin 1794), en supprimant la nécessité de la preuve, permit d'envoyer à la mort à peu près n'importe qui. Le nombre des victimes ne cessa d'augmenter en 1794 : de la loi de Prairial à la chute de Robespierre (27/28 juill. 1794), en moins de deux mois, 1 376 condamnés parisiens furent envoyés à la guillotine. Dans les provinces, la Terreur ne fut pas uniforme : elle sévit surtout dans l'Ouest (à cause de la Vendée) et dans le Sud-Est (où le « fédéralisme » était particulièrement puissant). Au total, 17 000 personnes environ furent guillotinées à la suite de procès, et 25 000 environ, dont la situation entraînait automatiquement la mort (rebelles, émigrés ou déportés rentrés clandestinement en France), guillotinées sur simple constat d'identité. Il convient d'ajouter à ces victimes condamnées dans un cadre légaliste, toutes celles qui furent exécutées au cours de massacres de masse, comme la population vendéenne : les noyades de Carrier (v.) à Nantes, les « colonnes infernales » de Turreau (v. VENDÉE) obligent à compter les morts par dizaines de milliers. À Lyon, insurgée de juill. à oct. 1793, la reprise de la ville se traduisit par 2 000 exécutions sommaires. Voir FRANCE. La Convention.

TERREUR (La). Nom donné à la période la plus spectaculaire et la plus dramatique de l'histoire de la Révolution française. Mesures exceptionnelles destinées à sauver la Révolution des péril intérieurs et extérieurs, la Terreur, codifiée par la Convention, devint pendant plusieurs mois (septembre 1793 à juillet 1794) une méthode de gouvernement et ternit pour longtemps l'image de la France des droits de l'homme. Elle fut inaugurée aux lendemains de l'insurrection populaire du 10 août 1792, dans la crainte d'un complot aristocratique et de l'invasion étrangère par la création d'un Tribunal criminel extraordinaire destiné à juger les suspects puis par les massacres de Septembre 1792. Cette première Terreur fut encore aggravée, après l'élimination des girondins de la Convention (juin 1793) puis l'exécution d'un grand nombre d'entre eux, par la pression du mouvement révolutionnaire populaire des sans-culottes, premières victimes des difficultés financières et économiques. Le renforcement de la répression se justifiait, pour les montagnards, par le développement de la Contre-Révolution (insurrection fédéraliste et royaliste, guerre de Vendée) et la menace extérieure. La Convention légalisa la Terreur par la loi des suspects (17 septembre 1793), ses principaux organes étant le Comité de Salut public, le Comité de sûreté générale, les Comités de surveillance et les représentants en mission. On estime à environ 17 000 les personnes exécutées après procès, 25 000 sur simple constat d'identité. Après la condamnation et l'exécution des hébertistes (ultra-révolutionnaires) et des Indulgents (conduits par Danton et Camille Desmoulins), la Terreur s'intensifia encore, aggravée par la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) qui enlevait aux accusés l'interrogatoire préalable, les défenseurs et les témoins. Cette « Grande Terreur » que ne justifiaient plus les revers militaires (Fleurus, juin 1794), contribua à la chute de Robespierre et de ses partisans, et à la fin du gouvernement révolutionnaire. La Terreur fut abolie sous la Convention thermidorienne, la plupart des acteurs de cette période étant soit exécutés soit déportés. Voir Marie-Antoinette, Philippe Égalité, Terreur blanche, Tribunal révolutionnaire.

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