TENSION
TENSION, n.f. (gr. tonos «tension d’une corde», en particulier d’un instrument de musique). ♦ 1° Stoïciens. La tension est le mode d’action du pneuma, ou souffle chaud, constitué à doses variables de feu et d’air, et intimement lié au principe vital qui fait l’unité de chacun des individus corporels. Elle est le principe actif ou la force mélangée entièrement dès l'origine à toutes les parties de l'être dont elle maintient l'unité en demeurant elle-même inaltérable. C’est aussi l'effort de l’âme qui cherche à s'élever vers la vérité et lutte contre l'influence des choses extérieures. ♦ 2° Tension psychique. Notion proposée par Pierre Janet, et qui met en relief un aspect universel du psychisme. La tension psychique caractérise toutes les formes actives et vigilantes de la vie mentale (état de veille, conscience, attention, concentration, effort, dynamisme mental, orientation vers un but). À l'opposé se trouvent somnolence, relâchement, passivité, abandon à des forces extérieures, automatisme. ♦ 3° Langage des sociologues. Dans une communauté ou un groupe social, opposition des volontés, situation de mécontentement préconflictuelle.
TENSION
Concept stoïcien désignant le principe interne actif qui maintient la cohérence de chaque être.
tension psychologique, effort de l'esprit. — Cet effort est relatif à la nature de notre activité, au degré de notre « niveau mental » (P. Janet). « Agir » requiert moins de tension que « agir et parler en même temps ». La recherche intellectuelle, la création scientifique ou philosophique impliquent le plus haut degré de tension.
TENSION PSYCHOLOGIQUE. A côté de l’hystérie, « forme de la dépression mentale caractérisée par le rétrécissement du champ de la conscience personnelle et par la tendance à la dissociation et à l’émancipation des systèmes d’idées et des fonctions qui par leur synthèse constituent la personnalité », P. Janet a décrit la psychasthénie fondée sur la psycholepsie, ou « chute de la tension psychologique » où l’on voit disparaître chez les névrosés en question « les fonctions les plus difficiles qui exigent précisément le plus de tension ». Ceci se réfère aux thèses centrales de Janet concernant la hiérarchie des phénomènes psychologiques, chez les sujets normaux ou névrosés, et les oscillations de l’esprit qui viennent moduler la suite des conduites. Lorsque la tension psychologique est basse (fatigue normale ou asthénie pathologique), les phénomènes conservés ou exagérés sont en premier lieu les phénomènes physiologiques ou psychologiques isolés, simples et sans coordination, de peu d’importance finalement face à la réalité, reproduction de systèmes anciennement organisés et peu aptes à modifier la situation présente.
Au contraire, les actes de haute tension comportent l’appréhension de la réalité sous toutes ses formes, l’action difficile qui s’exercera sur le milieu social, comportant une synthèse de nos tendances les plus variées, avec attention et conscience du réel. Comme dans une chute d’eau où interviennent la hauteur de la chute (tension) et la largeur du cours (force), les relations entre force et tension psychologiques jouent un rôle capital. C’est là un des principaux apports des recherches de P. Janet. Les diverses tendances ont en même temps une certaine force psychologique et une tension, laquelle est en rapport avec leur degré hiérarchique et le degré d’activation auquel elles peuvent parvenir. Les tendances élémentaires et anciennes ont en général beaucoup de force (douleur, peur, colère, faim, tendance sexuelle), les tendances supérieures et récentes ont d’ordinaire moins de force. Ainsi la force psychologique, « puissance, nombre et durée des mouvements » se maintient équilibrée chez l’individu en bonne santé par la tension psychologique « caractérisée par le degré d’activation et le degré hiérarchique des actes ». Les actes qui exigent le plus de degré de tension sont ceux qui restent bien coordonnés malgré l’urgence, qui répondent efficacement à des situations complexes, qui inventent des solutions originales à une situation présente et nouvelle. Pour chaque sujet cela varie en fonction du substrat et du passé. Les actes de haute tension réussis s’accompagnent d’une forme de remboursement de la dépense lors de la réaction de triomphe qui leur fait suite. Janet pensait que l’on poursuivrait l’étude de cette dynamique mentale fondamentale.
tension, état de ce qui est tendu. Dans la théorie du champ de K. Lewin, on appelle tension émotionnelle l’état affectif d’un sujet soumis à l’influence de deux forces opposées d’égale importance. L’intensité de la tension émotionnelle serait fonction de leur puissance. Une forte tension nerveuse, lorsqu’elle se prolonge, est génératrice de manifestations psychosomatiques telles que l’hypertension artérielle et l’ulcère gastrique. Pour S. Freud, la personnalité s’élaborerait sous l’influence de quatre tensions principales : les phénomènes physiologiques de croissance, les menaces extérieures, les frustrations et les conflits, qui obligent le sujet à faire appel à des mécanismes de défense tels que l’identification ou le déplacement.
TENSION (n. f.) 1. — (Ant.) Concept de la phys. stoïcienne (grec tônos) désignant le principe interne actif en toute chose ; en part., force active de l’âme. 2. — (Psycho.) Effort intense de l’esprit ; en part., fort investissement de l’énergie psycho. sur une représentation, un désir, etc.
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