Tchang K'ien [Zhang Qian] (mort en 114 av. J.-C.) ; voyageur et diplomate chinois.
Tchang K'ien [Zhang Qian] (mort en 114 av. J.-C.) ; voyageur et diplomate chinois. T. vit sous le règne de Han Wou-Ti, «l'empereur guerrier des Han» (141-87 av. J.-C.). Cette brillante période de la Chine des Han est dominée dans sa politique extérieure par les problèmes de la steppe. D'elle, venaient en Chine du Nord des nomades, cavaliers, tireurs d'arc, insaisissables. Devant ces incursions menées par les Hiong-nou, vainqueurs d'autres tribus moins puissantes, les Chinois s'étaient retirés au sud des Grandes Murailles et pratiquaient à l'égard de ces Barbares une politique de compromis et d'apaisement. Avec Wou, le pouvoir central étant consolidé, une autre politique, offensive, est mise sur pied. Elle va transformer le destin de la Chine. Des prisonniers Hiong-nou avaient révélé l'existence des Sue-tche, un peuple indo-scythe de l'Asie centrale qui, après avoir été écrasé par les Hiong-nou, cherchait à s'en venger. Wou eut alors l'idée d'entrer en relation avec les Sue-tche afin de prendre les Hiong-nou à revers. Jeune attaché au palais, T. est chargé de cette mission. Accompagné d'une escorte et guidé par un esclave barbare, il part vers l'ouest (139) à travers les territoires contrôlés par les Hiong-nou. Fait prisonnier, il est bien traité : les Hiong-nou lui donnent une épouse de leur sang. Au bout d'une décennie de captivité, il s'évade avec quelques compagnons, reprend son chemin, parvient dans la haute vallée du Syr-Darya, au pays de Dayuan, le Ferghana. De là, T. gagne la Transoxiane, puis la Bactriane où s'étaient installés les Sue-tche. Devenus sédentaires, ils refusent de s'engager dans une alliance avec Wou. T. doit donc retourner en Chine, bredouille. De nouveau capturé par les Hiong-nou, il rentre en Chine (126) puis repart pour une seconde mission en 115 pour le pays des Won-souen, au sud-est du lac Balkhash, avant de retourner dans le Ferghana, de visiter la Sogdiane et les oasis de l'Asie centrale. Ce furent, semble-t-il, les premiers contacts d'un Chinois à l'ouest du Pamir. Le récit de ses voyages extraordinaires et de ses observations modifie profondément la conception que les Chinois se faisaient du monde. Non seulement ils apprirent que des civilisations existaient plus à l'ouest d'où ils accueillirent de nouveaux produits (tapis, pierres précieuses, chevaux, chameaux, luzerne, trèfle, vigne), mais sur les indications de T. ils comprirent que ces pays demandaient des soieries qui arrivaient par la Birmanie et l'Inde. Aussi l'empereur Wou se lance-t-il dans des expéditions au Sunnam et en Mongolie afin de contrôler les routes de cette région : de nouvelles provinces sont créées, de nouvelles délégations sont envoyées dans les pays de l'ouest. La « route de la Soie » qui reliait la vallée du fleuve Jaune à la Méditerranée par les oasis du Sinkiang et les Powins est ouverte. Probablement à partir de la fin du IIe siècle avant notre ère, la Perse se met à acheter des soieries chinoises. Au Ier siècle, Rome en prit connaissance. À partir de l'époque de César et d'Auguste les Romains désignent la Chine comme le pays d'origine de la soie, le pays des « Sères » (soie), du nom que les Grecs employaient déjà pour désigner le produit lui-même. Vers 550 après J.-C. le ver à soie est secrètement introduit à Byzance par des moines qui avaient séjourné au Xinjiang. Au viie siècle, les relations nouées par T. entre la Chine et l'Europe cessèrent pour de multiples raisons (troubles en Asie, effondrement du royaume sassanide, etc.). Elles ne seront rétablies qu'après les invasions mongoles et les voyages de Marco Polo. Bibliographie : V. et D. Elisseeff, La Civilisation de la Chine classique, 1987 ; J. Gernet, Le Monde chinois, 1990 ; M. Mollat, J. Desanges, Les Routes millénaires, 1988 ; J.-N. Robert, De Rome à la Chine, 1993.
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