TARDIEU Jean
TARDIEU Jean 1903-1994
Originaire du Jura, il est né à Saint-Germain-de-Joux, Tardieu a donné plusieurs recueils assez classiques de forme, au lyrisme grave et secret (Accents (1939), Le Témoin invisible (1943), Les Dieux étouffés (1946). Puis au lendemain de la guerre, il publie Monsieur Monsieur (1951), Une Voix sans Personne (1954) et Histoires obscures (1961) et son très surprenant Théâtre de Chambre (1955-1960), qui marquent un revirement total dans la forme comme dans le fond. Née de l'angoisse d'être au monde (cf. La Môme Néant), il s'agit d’une poésie plus familière, qui laisse une large part à l'humour et reprend, le plus souvent sous forme de monologues, des propos anodins. Dans son Théâtre de Chambre (1955-1960), Tardieu montre plus nettement encore sa profonde défiance envers le langage. Il n'est donc pas étonnant que, parallèlement, il soit alors responsable à la radio nationale d'un laboratoire de recherche sur le «théâtre d'essai», lieu privilégié pour les recherches techniques dans ce domaine.
TARDIEU Jean
1903-1995
Poète et auteur dramatique, né dans le Jura. Poète avant tout ; mais aussi fondateur, au lendemain de la guerre, du Club d'essai de l'ORTF Auteur de « pièces pour la radio » il semble avoir fait (le premier) son profit des possibilités de renouvellement qu’offre à un poète dramatique - surtout s’il est curieux de nature - la technique de l’enregistrement sur bande, d’une part, couplée d’autre part avec la technique du découpage. Reniant ses textes antérieurs aux années 50, il donne tour à tour : Monsieur, monsieur (1951), Une voix sans personne (1954), Histoires obscures (1961). Ses recueils de textes brefs (on peut bien dire avec lui : de poèmes scéniques) ont été une providence pour le jeune théâtre de recherche : Théâtre de chambre (1955), Poèmes à jouer (1960), La Cité sans sommeil (1984). L’ordre, et le sujet aussi, du récit dramatique, y sont en apparence indifférents : livrés au hasard, à la banalité ; or Jean Tardieu est justement le dramaturge qui joue à faire basculer la banalité dans l’étrange, et le hasard dans l’univers concerté d’un morceau de musique : Rythme à trois temps, La Sonate et les trois messieurs, et Sinfonietta (qui lors d’une reprise côte à côte avec un classique d’Audiberti y faisait fort bonne figure). Le triomphe de son « théâtre bref » tend à faire oublier un peu le poète Jean Tardieu : Pages d’écriture (1967), Formeries (1976), etc.
■ Œuvres
- En poche: Le Fleuve caché (coll. Poésie/Gallimard). - La Part de l'ombre, suivi de La Première Personne du singulier et de Retour sans fin (id.).
- L'Accent grave et l'accent aigu (id.).
- Autres : Margeries, poèmes inédits, 1985 (Gallimard). - Poèmes a voir (id.). - Théâtre, t. 1 à 4 (1955 à 1984).
TARDIEU Jean. Poète français. Né le 1er novembre 1903 à Saint-Germain-de Joux (Ain). Fils d’un artiste peintre et d’une harpiste, il fait ses études au lycée Condorcet et s’inscrit à la faculté de droit, puis à la Faculté des Lettres de Paris, où il obtient une Licence ès lettres. Dès son enfance et son adolescence, il compose des poèmes et de petites pièces de théâtre, inspirés souvent de Verlaine et de Valéry. Il exerce des fonctions, avant la guerre aux Éditions Hachette, et après la guerre à la Radiodiffusion, notamment comme chef des émissions dramatiques (1944-1945), directeur du « club d’essai et centre d’étude » de la RTF (19451960) et directeur du programme de France-Musique (1954-1964). Dans l’entre-deux-guerres, Jean Tardieu avait fait lire ses poèmes aux écrivains qu’il avait rencontrés lors des Décades de Pontigny : André Gide et Jean Paulhan en particulier, qui lui ouvrent les Éditions Gallimard, où il publie son premier recueil de poèmes, Le Fleuve caché (1933). Puis viennent Accents (1939), Jours pétrifiés (1947). Très vite apparaît chez Jean Tardieu le refus de l’emphase et de la tendance oratoire, fréquentes dans la poésie française. La poésie devient mots, paroles, tout comme chez Francis Ponge, ami de Jean Tardieu, elle devient choses, objets. L’humour, les allitérations, les variations phoniques donnent au langage poétique de Jean Tardieu un ton à la fois syncope et vif qui prend toute sa dimension dans Un mot pour un autre (1951), dans Monsieur Monsieur (1951) (André Breton saluera ce recueil : « Dans un genre guetté par les facilités les plus redoutables, celui de la poésie qui se “dit” en public, je situe à sa hauteur l’étonnant Monsieur Monsieur de Jean Tardieu »). Ces poèmes faits d’interrogations, de dialogues, de jeux de mots forment une transition naturelle avec le théâtre de Jean Tardieu : Théâtre de chambre (1955), Théâtre II, poèmes à jouer (1960), Théâtre III. Ce théâtre, parmi lequel on peut détacher en particulier La Sonate et les trois messieurs, Les Amants du métro , La Serrure, Le Guichet, constitue ce qu’on peut appeler à la fois un théâtre du langage, un théâtre poétique et un théâtre musical. Au sein de dialogues de l’absurde, transparaît une certaine idée de la solitude, de la difficulté de communiquer que l’ironie faussement candide, la bouffonnerie, le ton goguenard transforment en pochades exemplaires et allégoriques. Avec Formeries (1975), Le Professeur Froeppel (1978), Jean Tardieu continue à dire le monde tel qu’il le voit, tel qu’il l’entend, avec une virtuosité dont il est pleinement le maître. Ces pièces de théâtre ont été représentées depuis une quinzaine d’années en France et à 1 étranger avec un succès grandissant. Le Grand Prix de l’Académie Française, qui lui a été décerné en 1972, et le Prix de la Critique, en 1976, ont confirmé l’importance et l’influence de Jean Tardieu comme poète témoin de notre langage dans ses mystères, image même de notre civilisation. A cette œuvre dont la fantaisie est sérieuse et qui fait écho aux résonances étranges et souvent absurdes de notre temps, il convient d’ajouter la traduction, en 1942, de deux tragédies de Goethe, Iphigénie en Tauride et Pandora, dont Jean Tardieu s’est efforcé de respecter au plus près le rythme poétique.