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SYSTÉMATIQUE / SYSTÈME

SYSTÉMATIQUE, adj. et n. f. (gr. sustèma « ensemble », « tout organisé »). ♦ 1° Adjectif, a) Qui est organisé avec une bonne structure logique ; b) Qui procède avec méthode et rigueur ; c) En un sens critique, qui est prisonnier d'un système ou d’une méthode et les fait intervenir à tout propos, sans se laisser instruire par l'expérience. Manque de souplesse d'esprit ; d) Très péjoratif : fonctionnement automatique de l’esprit. ♦ 2° Substantif. Partie des sciences biologiques qui établit des classifications. Linné a parlé, en ce sens, du système de la nature. La théorie des classifications s'appelle taxinomie et non systématique.

SYSTÈME, n. m. (gr. sustèma « ensemble », « tout organisé »). ♦1° Ensemble organisé, dont les éléments sont interdépendants. Ex. : le système solaire, le système nerveux, le système éducatif. ♦ 2° Philosophie. Ensemble de conceptions logiquement liées, envisagé dans sa cohérence interne. La philosophie de Hegel est un bon exemple de système, qui présente à la fois une cohérence interne rigoureuse et une vision panoramique, systématique elle aussi, de toute la philosophie antérieure. ♦ 3° Sciences. Vision de l'univers envisagée, comme en philosophie, du point de vue de la cohérence interne (système de Ptolémée). ♦ 4° Plus généralement, mise en ordre des connaissances à partir de certains principes. — Système analyseur : schéma d’observation, par exemple en médecine. — Esprit de système : notion péjorative qui désigne la tendance à faire prévaloir la cohérence interne sur l’accord avec le réel et sur la vérité.

système

Structure dans laquelle tous les éléments sont solidaires les uns des autres.

Commentaire Le mot « système », qui, à l'origine, désignait plutôt une pensée philosophique ordonnée comme un ensemble logique (ex. : la pensée de Descartes), a élargi son champ d'application sous l'influence, notamment, du structuralisme. Dans la pensée moderne, la notion de système s'applique désormais à toute structure considérée comme une totalité gouvernée par des lois internes, régie par des relations qui assurent son fonctionnement et sa cohérence. Ainsi la langue est-elle un système, de même qu'un roman, un poème ou une pièce de théâtre. Cette approche systémique modifie nécessairement la lecture des œuvres : désormais, on abordera un texte comme un tout organique dont on essaiera de saisir les rapports visibles et invisibles.

Citation L’œuvre est une totalité et elle gagne toujours à être éprouvée comme telle. La lecture profonde devrait être une lecture globale, sensible aux identités et aux correspondances, aux similitudes et aux oppositions, aux reprises et aux variations, ainsi qu’à ces nœuds et à ces carrefours où la texture se concentre ou se déploie. (Jean Rousset, Forme et signification ; Essai sur les structures littéraires.)

SYSTÈME, n. m. Ensemble ordonné et cohérent d’éléments interdépendants, susceptible de fonctionner de façon autonome. Le mot système est employé aussi bien pour des réalités objectives que pour des représentations de l’esprit. D’où les nuances suivantes :

1° Un système peut être un ensemble naturel, concret, qui semble fonctionner en soi, indépendamment de l’action consciente de l’homme. Le système solaire. Le système nerveux. Les sciences de la nature observent de nombreux systèmes de ce genre.

2° Un système peut être un ensemble réel à demi produit par la volonté humaine, à demi issu d’une cohérence interne qui lui est propre. Le système capitaliste. Le système politique. Le système des médias. Pour désigner l’ordre établi, dans une société qui semble fonctionner d’elle-même, on dit parfois directement «le système». Dans tous ces exemples, il y a bien intervention humaine pour faire fonctionner, pour analyser, pour parfaire des structures mises en place; mais en même temps, il y a une sorte de logique interne de la réalité prise dans son ensemble, qui échappe aux volontés individuelles des hommes, qui fonctionne indépendamment des éléments qu’elle intègre. Quand Baudrillard intitule un livre Le Système des objets, il ne dit pas que ce «système» est sciemment organisé par les autorités politiques ou le pouvoir populaire, mais que, selon des processus divers, les objets sont vécus par les individus de la «société de consommation» comme une forme de langage par lequel ils se signifient socialement, sans totalement en être conscients. Le système fonctionne, voilà tout. Voir à ce sujet le mot Structuralisme.

3° Un système peut enfin être absolument pensé, ordonné, médité par l’esprit humain. C’est le cas des doctrines politiques ou religieuses, des «systèmes» philosophiques, des théories scientifiques. Dans ces exemples, ce qu’élabore la pensée humaine n’est pas sans rapport avec la réalité; mais rien ne dit que la réalité est elle-même organisée selon le modèle inventé par notre esprit pour en rendre compte de façon cohérente. À la limite, quand il y a excès d’interprétation, développement d’une logique «systématique» qui semble déconnectée du réel, qui s’enferme en elle-même, on parlera d’esprit de système. La question que pose généralement la notion de système, notamment en philosophie et en sciences humaines (mais aussi bien en physique, dans l’interprétation de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit), est de savoir si le système existe en soi ou s’il est le fruit de l’invention humaine. L’intelligence humaine, pour saisir le monde, a besoin d’y reconnaître des cohérences, donc de traduire la réalité extérieure en termes de système (cf. le titre La Logique du vivant). L’expérimentation, l’approfondissement des connaissances, permettent souvent de confirmer, d’infirmer ou de parachever les systèmes d’interprétation élaborés par l’homme. Il y a donc bien «du système» dans l’ordre des choses ; mais il ne faut pas confondre ce système réel avec les systèmes (provisoires) de représentation par lesquels nous tentons d’en rendre compte : le système solaire existe bien ; mais il est sans doute bien plus complexe que les systèmes théoriques élaborés jusqu’à présent par les astrophysiciens pour en rendre compte. Il n’en reste pas moins que la notion de système est essentielle pour comprendre les réalités dans leur ensemble, dans leurs interrelations. Les structures du réel objectif et celles de notre cerveau qui connaît, en définitive, sont le produit du même monde, des mêmes lois. Connaître, c’est peut-être repérer et retrouver les isomorphismes naturels qui existent entre nos structures cérébrales et les systèmes de l’univers...

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