SYRACUSE
Ville d'Italie, port sur la côte sud-est de la Sicile. Fondée en 734 av. J.-C. par des Corinthiens sur l'îlot rocheux d'Ortygie, elle devint bientôt, sous un gouvernement oligarchique, la principale ville de la Grande-Grèce et fonda plusieurs colonies, Acrai (663), Casmenai (643), Camarina (592)... En 485 av. J.-C., les géomores (« propriétaires du sol »), aristocrates descendants des colons fondateurs, se virent chassés de leur ville par le démos urbain et par la population indigène des Kyllyriens ; ils demandèrent secours à Gélon, tyran de Géla, qui, après s'être emparé de Syracuse, en fit une véritable capitale des établissements grecs de la Sicile orientale (485) ; il infligea aux Carthaginois la défaite d'Himère (480), écartant de Sicile la seule puissance qui eût pu soutenir les autres tyrans de la région, ses rivaux. Sous son frère et successeur, Hiéron (478/467), qui fut célébré par les poètes Pindare et Bacchylide, Syracuse exerça une véritable hégémonie en Sicile et intervint même en Italie continentale, à Rhégion et à Cumes. Mais, en 466, le frère de Hiéron, Thrasybule, fut chassé par les démocrates, ce qui provoqua l'effondrement du premier Empire syracusain.
Malgré l'instauration de la démocratie, Syracuse manifesta nettement sa sympathie pour Sparte durant la guerre du Péloponnèse : aussi, sur l'initiative d'Alcibiade, les Athéniens vinrent mettre le siège devant la ville, mais ils subirent un terrible désastre (415/413). Cette victoire syracusaine fut suivie d'une consolidation du régime démocratique, mais les nouvelles expéditions carthaginoises dans l'île à partir de 410 provoquèrent une crise politique interne. Denys l'Ancien (v.) en profita pour rétablir la tyrannie de 405 à 367, s'imposa à ses concitoyens par une garde militaire personnelle et établit un pouvoir sans partage. Il donna à Syracuse un puissant essor, pourvut la ville de nouvelles fortifications (402), se constitua une armée de mercenaires et un corps d'officiers de métier ; il restaura les finances et entreprit une ambitieuse politique impérialiste. En 405, pressé d'affermir son pouvoir, il avait conclu en hâte la paix avec Carthage en accordant à celle-ci une zone d'influence dans l'île. Mais, en 397, il reprit la guerre et, après cinq ans de durs combats, il refoula les Carthaginois à l'extrémité occidentale de l'île : presque toute la Sicile passa ainsi sous la domination de Syracuse, qui, en soumettant villes et bourgades à un tribut et à une occupation militaire, unifia territorialement le pays. Après s'être emparé de Messine, Denys étendit son influence sur les cités grecques de l'Italie méridionale, telles que Rhégion, Locres, Crotone, ne laissant indépendantes que Tarente et Thourioï (vers 386). Il avait pris le titre d'« archonte de Sicile » et avait fait reconnaître par Sparte son hégémonie sur la Grande-Grèce. Mais il ne réussit pas à fonder une dynastie solide : son fils et successeur, Denys le Jeune, qui avait rêvé d'organiser un État idéal en collaboration avec Platon et son gendre Dion, qui s'était emparé du pouvoir pendant quelques années (357/354), ne put empêcher les cités siciliennes de reprendre leur indépendance. En 343, Denys le Jeune fut renversé par Timoléon, qui entreprit de profondes réformes.
Syracuse ne retrouva pas la stabilité politique : sous la tyrannie d'Agathocle (317/289), elle réussit quelque temps à rétablir sa domination sur la Sicile et même à conquérir Corcyre, mais la mort d'Agathocle fit renaître les troubles, et, en 278, l'intervention du roi d'Épire, Pyrrhus, sauva de justesse la cité, assiégée par les Carthaginois. Une nouvelle tyrannie, celle de Hiéron II (270/215), amena plus d'un demi-siècle de paix et de prospérité. Hiéron choisit l'alliance romaine, mais son petit-fils, Hiéronyme, prit parti pour Carthage (215) et s'attira ainsi l'hostilité de Rome. Après trois ans d'un siège que prolongèrent peut-être les inventions techniques d'Archimède, Syracuse fut prise à la fin de 212 av. J.-C. par M. Claudius Marcellus et livrée au pillage ; ses trésors d'art furent expédiés à Rome. La ville devint la résidence du gouverneur romain de Sicile, mais ne se releva jamais du désastre de 212.
Après le déclin de l'Empire romain, Syracuse fut occupée successivement par les Byzantins (535), par les Sarrasins (878), puis par les Normands (1085). Son histoire se confondit avec celle de la Sicile.
SYRACUSE. Ville et port de la côte est de la Sicile. Fondée au VIIIe siècle av. J.-C. par Corinthe, elle devint la plus puissante cité de l'île au Ve siècle av. J.-C. Alliée de Rome pendant la première guerre Punique (264-241 av. J.-C.), elle contribua à la victoire finale, et c'est sous le roi Hiéron II (265-215) qu'elle connut son dernier âge d'or. Après sa mort, Syracuse s'allia à Carthage et fut assiégée puis mise à sac par Rome (213-211 av. J.-C.). Elle devint par la suite la capitale de la province romaine de Sicile. La ville a conservé jusqu'à nos jours des vestiges de l'Antiquité, en particulier un théâtre datant du Ve siècle av. J.-C., et remanié au IIIe siècle av. J.-C., l'un des plus grands et des mieux conservés du monde antique (134 m de diamètre). Voir Denys l'Ancien, Denys le Jeune, Gélon, Grande-Grèce, Hiéron, Péloponnèse (Guerre du).
Syracuse (gr. Syrakousai, lat. Syracusae). Ville de la côte sud-est de la Sicile, fondée en 733 av. J.-C. par le corinthien Archias. 1. Des origines à 467 av. J.-C. La première fondation ne comprenait que l'île d'Ortygie, mais la ville s'étendit rapidement au marais contigu, puis sur les aires voisines d'Achradine et des Épipoles. La ville fut d'abord régie par un gouvernement aristocratique, aux mains des gamoroi, les propriétaires terriens, qui faisaient cultiver leurs terres par les indigènes asservis. Ce fut dès la fin du VIe siècle une cité florissante qui fonda ses propres colonies, telle Camarina, mais ce n'est que sous Gélon qu'elle devint la ville la plus puissante de Sicile. Gélon, d'abord commandant de la cavalerie du tyran de Géla, Hippocrate, lui succéda quand celui-ci trouva la mort sur le champ de bataille vers 490 av. J.-C. Puis, sous le prétexte de rendre Syracuse aux aristocrates chassés par une révolution démocratique, il s'empara de la ville où il s'établit, laissant Géla sous le contrôle de son frère Hiéron. Il détruisit Camarina et évacua sur Syracuse sa population ainsi qu'une grande partie des habitants de Géla. Mais c'est sa victoire sur les Carthaginois à Himère en 480 qui lui valut la gloire. La base de l'offrande d'action de grâce consacrée par Gélon, avec l'inscription commémorant cette victoire, a été découverte à Delphes. Son frère Hiéron Ier poursuivit son oeuvre de 478 à 467 ; il accrut le rayonnement culturel de Syracuse en accueillant à sa cour de nombreux poètes : Pindare et son rival Bacchylides, qui assurèrent sa gloire en chantant ses victoires aux Jeux dans leurs Èpinicies, Eschyle et Simonide. Xénophon a écrit un dialogue imaginaire entre Simonide et Hiéron. Hiéron fonda une nouvelle cité, Aetna, au pied du volcan. Un casque de bronze dédié par Hiéron, en commémoration de sa victoire sur les Étrusques lors de la bataille navale de Cumes, en 474, a été retrouvé à Olympie. 2. 467-353 av. J.-C. Peu après la mort de Hiéron (467), un gouvernement démocratique fut instauré à Syracuse, mais des dissensions internes surgirent, suivies de conflits -avec d'autres villes de Sicile (voir Sicile). Athènes crut pouvoir tirer parti de cette situation, mais l'espoir de s'emparer d'une partie de la Sicile mena les Athéniens à la désastreuse expédition de 415. Après cet échec, un officier syracusain, Denys l'Ancien, tirant profit de la menace que représentait Carthage, se fit légalement investir du pouvoir par l'assemblée syracusaine qui le nomma stratège, lui donna une garde du corps et lui permit de régner en seul maître de 405 à 367. Après s'être emparé de la moitié de la Sicile, il étendit son pouvoir à la presque totalité de la Grande-Grèce. Il mourut en 367 au cours d'une nouvelle guerre contre Carthage. Il avait fait de Syracuse une ville prospère et avait vécu comme un véritable monarque, s'entourant d'artistes et de savants. Platon séjourna à sa cour, mais, selon la légende, tombé en disgrâce, il aurait été vendu sur un marché d'esclaves à Égine avant d'être racheté par un ami. Denys l'Ancien aimait la littérature et se procura les tablettes manuscrites d'Éschyle. Ainsi inspiré, il gagna même un prix aux Lé-néennes de 367, avec sa tragédie Le Rachat d'Hector; la légende affirme qu'il serait mort de s'être enivré en fêtant cette victoire. Les quelques vers que nous possédons de sa pièce, comme «Hélas, j'ai perdu une femme utile», semblent confirmer la mauvaise opinion que les Anciens avaient de son talent. C'est sous Denys l'Ancien que furent édifiés les remparts entourant Syracuse et le plateau des Épipoles. Denys le Jeune succéda à son père. Si l'on en croit Plutarque, il n'avait reçu aucune éducation et avait passé son enfance à fabriquer des jouets en bois. Il gouverna d'abord en s'appuyant sur son oncle et beau-frère, Dion, qui tenta d'appliquer à Syracuse les doctrines et les théories politiques de Platon ; mais ce fut un échec et Dion fut banni de Sicile. Denys le Jeune connut alors dix ans de paix, avant d'être lui-même chassé par Dion qui s'empara de Syracuse en 356. Dion s'efforça de réaliser l'État platonicien idéal, mais fut assassiné en 353 par les meneurs démocrates, mécontents. Plusieurs Lettres de Platon évoquent ses rapports personnels avec les tyrans de Sicile. 3. De 353 av. J.-C. à la conquête romaine (211 av. J.-C.). L'anarchie régna à Syracuse après la mort de Dion ; le déclin de la ville était amorcé, et le retour de Denys le Jeune en 346 n'y changea rien. Pour le chasser, les Syracusains appelèrent à l'aide leur métropole, Corinthe, qui leur envoya, en 344, Timoléon. Celui-ci s'avéra non seulement un habile général (il chassa rapidement Denys et écrasa les Carthaginois, nettement supérieurs en nombre, à la bataille du Crimisos en 339), mais aussi un homme d'État modéré et avisé. Il exila Denys le Jeune à Corinthe, où celui-ci mourut. Il ramena la paix en Sicile, introduisit à Syracuse un gouvernement oligarchique modéré sur le modèle corinthien, puis abdiqua le commandement mais resta le conseiller du peuple de Syracuse jusqu'à sa mort en 336. Les rivalités entre les partis n'avaient cependant pas été définitivement éliminées : la tyrannie, abandonnée de puis vingt ans, fut rétablie en 317 par Agathocle, un démagogue qui se fit proclamer roi en 305. Dès qu'il se fut emparé de la tyrannie, il attaqua d'autres villes de Sicile qui appelèrent Carthage à l'aide. En 311, Syracuse fut assiégée par les Carthaginois et Agathocle, accompagné d'une petite troupe, réussit à s'enfuir par mer, à aborder en Afrique et à s'attaquer à Carthage même. Il ne parvint pas à prendre la ville, mais cette diversion servit à relâcher la pression sur Syracuse, et en 306 les Carthaginois acceptèrent de signer un traité de paix et de revenir à leurs anciennes frontières à l'ouest de l'île. La mort d'Agathocle fut suivie d'une nouvelle période de désordres; Pyrrhus parvint à redresser la situation mais ne put restaurer l'Empire sy-racusain. Puis le conflit avec les Mamertins entraîna l'accession au pouvoir de Hiéron II (269-216), doux et juste, comme l'affirme Théocrite dans son Idylle 16; c'est sous son règne que Syracuse connut son dernier âge d'or. Il s'allia à Rome contre Carthage lors de la première guerre punique et contribua à la victoire finale. Après sa mort, Syracuse s'allia à Carthage, signant ainsi sa perte. La ville fut assiégée (213-211) et mise à sac par M. Claudius Marcellus. Archimède inventa une fantastique machine de guerre pour défendre sa ville natale mais trouva la mort au cours du sac. Syracuse devint alors la capitale de la province romaine de Sicile, conservant sa splendeur et dans une certaine mesure son importance; elle n'eut à souffrir que sous l'administration de Verrès.