SYNESTHÉSIE

SYNESTHÉSIE. n.f. (gr. sun « avec » et aisthêsis « sensation »). Phénomène inexpliqué et individuel dans lequel une sensation en déclenche une autre, de nature différente ( par exemple, un son s’accompagne d’une couleur : c'est ce qu'on appelle l'audition colorée) ou un concept se localise dans l'espace (en haut ou en bas, à droite ou à gauche). Baudelaire a parfaitement exprimé ce phénomène dans divers poèmes, en particulier dans Correspondances : « Comme de longs échos qui de loin se confondent / Dans une ténébreuse et profonde unité, / Vaste comme la nuit et comme la clarté, / Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » Dans une certaine mesure, la synesthésie est un phénomène commun. Paul Guillaume (Psychologie de la Forme) observe que nous parlons couramment de « couleurs chaudes », « de sons clairs », « de parfums pénétrants ».

SYNESTHÉSIE. n. f (du grec sunaisthêsis, «perception simultanée»). Phénomène d’association par lequel des sensations de nature différente s’équivalent, se correspondent. Trouver un son aigu (comme si on le voyait ou touchait), une couleur criarde (comme si on l’entendait), un parfum savoureux (comme si on le mangeait) sont des exemples de synesthésies. On voit que les synesthésies, les correspondances entre sensations, peuvent être à l’origine de nombreuses métaphores. D’où leur emploi en poésie, notamment chez Baudelaire, qui en a fait la «théorie» dans son sonnet «Correspondances» (voir ce mot). Mais les prosateurs en usent aussi : «Je croyais entendre la clarté de la lune chanter dans les bois » (Chateaubriand).

SYNESTHÉSIE (n. f.) Fusion intime de deux sensations de qualité différente. SYNESTHESIE nom fém. — Phénomène par lequel des sensations de nature différente sont perçues de manière simultanée. ETYM. : du grec sunaisthêsis - « perception simultanée ». Les synesthésies consistent par exemple à sentir une couleur ou à entendre une odeur. Par elles, les différentes perceptions entrent en relation les unes avec les autres. Tel est le phénomène que Baudelaire, après d’autres, évoque dans son célèbre poème « Correspondances ». La nature y parle une langue dans laquelle : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » Dans le sillage de Baudelaire, les synesthésies constitueront l’un des éléments clés de l’esthétique fin de siècle et de la poésie symboliste. Dans Voyelles, Rimbaud associera chacune de ces lettres à une couleur, écrivant : « A noir, E blanc, I rouge, U vert, 0 bleu : voyelles Je dirai quelque jour vos naissances latentes. » À la suite de Rimbaud, le poète René Ghil proposera sa théorie de l’« instrumentation verbale » qui reposera sur un système extrêmement complexe de correspondances entre les différentes sensations.