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SYMBOLISME

symbolisme

Mouvement artistique et littéraire fondé sur la transposition de la réalité en symboles.

Commentaire
S'inscrivant en continuité avec le Parnasse, le symbolisme est essentiellement représenté, dans le dernier quart du XIXe siècle, par Mallarmé, Baudelaire et Verlaine. Son esthétique se fonde sur l'art de la suggestion et de la transfiguration, ainsi que sur la recherche de la beauté pure. Mystique, élitiste, elle soutient que l'univers n'est que l'apparence d'un autre monde, idéal.

Citations
Ennemie de « l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective », la poésie symbolique cherche : à vêtir l'idée d'une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l'idée, demeurerait sujette. L'Idée, à son tour, ne doit point se laisser voir privée des somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l'art symboliste consiste à ne jamais aller jusqu'à la conception de l'idée en soi. Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des idées primordiales. (Jean Moréas, le Figaro, supplément littéraire du 18 septembre 1886.)
Le symbolisme, replacé dans son contexte social, élargit le fossé qui sépare l’écrivain et la foule : l’artiste, l’« esthète », issu le plus souvent d’un milieu bourgeois ou aristocratique, publiant ses œuvres à un nombre restreint d’exemplaires, se préoccupe avant tout de son être, de ses nostalgies, de ses joies et de sa soif de beauté, qu’il lui faut transfigurer dans le poème. (Raymond Pouillart, le Romantisme, III, « 1869-1896, le Symbolisme ».)
SYMBOLISME nom masc. - 1. Recours aux symboles.
2. Mouvement littéraire qui, à la fin du XIXe siècle, en opposition à la fois avec le Parnasse et le romantisme, prôna une esthétique de la suggestion et de la musicalité du vers au service d’une conception souvent spiritualiste de la poésie.
Le symbolisme (au second sens) constitue l’une des étapes les plus importantes de l’histoire de la poésie française, mais il n’est en rien une école littéraire au sens strict. Le terme fot introduit en 1886 par Jean Moréas qui entendait proposer avec lui une réponse à l’impasse du décadentisme. Il fut adopté un moment par toute une génération de poètes - aujourd’hui souvent oubliés - parmi lesquels on doit compter outre Moréas, René Ghil, Gustave Kahn et Charles Morice. Forts différents les uns des autres, ces poètes avaient le plus souvent en commun l’admiration qu’ils vouaient à Mallarmé.
C’est pourquoi, en histoire littéraire, le terme de « symbolisme » s’applique moins à la seule génération poétique des années 1885-1890 qu’à la grande révolution littéraire qui eut lieu à la fin du XIXe siècle et dont Mallarmé, Verlaine et Rimbaud furent les principaux acteurs. Entre ces trois écrivains, les différences sont, là encore, considérables. Cependant, si l’on va chercher dans l’œuvre de Mallarmé — comme cela est légitime - la théorie du symbolisme, on peut définir celui-ci comme une esthétique de la suggestion et de l’énigme. Le symbole doit cesser de se présenter de manière explicite au lecteur, il doit être suggéré par un texte qui joue délibérément de l’obscurité, du flou, du mystère, qui, sur le modèle de la musique, doit séduire par le charme de ses sonorités plus que par la clarté de son sens. Ainsi défini, le symbole doit permettre d’atteindre, par-delà la réalité concrète, une réalité plus haute en laquelle l’univers trouve son sens. C’est pourquoi le symbolisme peut être légitimement présenté comme un idéalisme poétique.
Le symbolisme est un mouvement littéraire paradoxal. Il fut baptisé et poussé sur le devant de la scène culturelle par des épigones, et cela après le temps des grandes œuvres poétiques qui avaient été écrites par Mallarmé, Verlaine ou Rimbaud en l’absence de toute doctrine commune ou même de toute conscience d’appartenir à quelque chose qui, plus tard, se nommerait le symbolisme. L’influence en fut cependant considérable : elle s’exerça sur certains poètes de la fin du siècle comme Maeterlinck ou Verhaeren et au-delà sur la grande génération littéraire des Valéry, Gide et Claudel.

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