SYMBOLISME
- SYMBOLISME. n. m. (de symbole, voir ci-dessus).
- 1° Sens général : fait de recourir à un ou à des symboles ; système de symboles (le symbolisme de la religion chrétienne); sens symbolique d'une oeuvre, d'un texte, d'un objet, d'une image (le symbolisme d'une poésie, d'un récit ; le symbolisme de l'eau).
- 2° Sens précis (histoire littéraire) : mouvement artistique et littéraire de la fin du XIXe siècle qui s'oppose à la fois au réalisme naturaliste et au formalisme poétique des parnassiens. Le symbolisme s'efforce de traduire une vision spirituelle du monde et d'exprimer les états d'âme poétiques au moyen d'images concrètes, de sonorités suggestives et de rythmes qui sont comme les «symboles» (la correspondance secrète) de l'univers invisible et intérieur évoqué.
- · Historiquement, le symbolisme n'est pas une école littéraire structurée. Le mot symbolisme est né après coup (en 1886) pour définir un mouvement dont les principaux illustrateurs (Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, et aussi Baudelaire) ont écrit ou publié des oeuvres symbolistes avant qu'on parle de symbolisme. Ce mouvement aura néanmoins l'intérêt de provoquer une prise de conscience et de faciliter ainsi l'influence du symbolisme.
- · Le naturalisme prétend représenter la réalité telle qu'elle est, bien pleine et bien visible ; le symbolisme, à la suite de Baudelaire, de Nerval, soutient que l'essentiel est invisible ; que le monde apparent masque des réalités mystérieuses ; que le visible, dans ce qu'il a de meilleur, est toujours «symbole» de l'invisible, de l'au-delà, du spirituel.
- · La poésie parnassienne, soucieuse d'une beauté uniquement formelle, oubliait la mission du poète : décrypter le monde, explorer ce qui dépasse la nature, exprimer les profondeurs de la vie intérieure de l'être humain. Les images, les rythmes, les sonorités des poètes parnassiens étaient produits (et consommés) en tant que tels; ils ne renvoyaient à rien d'autre.
- · L'originalité des symbolistes sera d'utiliser les moyens esthétiques des parnassiens au service de leur message spiritualiste, pour explorer et représenter (de façon non réaliste, mais symbolique) les réalités spirituelles, « surréelles » pourrait-on dire, qui constituent à leurs yeux à la fois le monde et l'intériorité humaine. Le symbolisme ne produit pas nécessairement des oeuvres «symboliques », en ce qu'elles traduiraient des messages précis dont le symbole serait la clef, mais des oeuvres dont l'agencement, les sonorités, les rythmes et les images sont comme un équivalent concret, une représentation énigmatique et suggestive du monde intérieur ou invisible auquel elles renvoient secrètement. Cet art de la suggestion a été nommé par Baudelaire «sorcellerie évocatoire ».
symbolisme
Mouvement artistique et littéraire fondé sur la transposition de la réalité en symboles.
Commentaire
S'inscrivant en continuité avec le Parnasse, le symbolisme est essentiellement représenté, dans le dernier quart du XIXe siècle, par Mallarmé, Baudelaire et Verlaine. Son esthétique se fonde sur l'art de la suggestion et de la transfiguration, ainsi que sur la recherche de la beauté pure. Mystique, élitiste, elle soutient que l'univers n'est que l'apparence d'un autre monde, idéal.
Citations
Ennemie de « l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective », la poésie symbolique cherche : à vêtir l'idée d'une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l'idée, demeurerait sujette. L'Idée, à son tour, ne doit point se laisser voir privée des somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l'art symboliste consiste à ne jamais aller jusqu'à la conception de l'idée en soi. Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des idées primordiales. (Jean Moréas, le Figaro, supplément littéraire du 18 septembre 1886.)
Le symbolisme, replacé dans son contexte social, élargit le fossé qui sépare l’écrivain et la foule : l’artiste, l’« esthète », issu le plus souvent d’un milieu bourgeois ou aristocratique, publiant ses œuvres à un nombre restreint d’exemplaires, se préoccupe avant tout de son être, de ses nostalgies, de ses joies et de sa soif de beauté, qu’il lui faut transfigurer dans le poème. (Raymond Pouillart, le Romantisme, III, « 1869-1896, le Symbolisme ».)
SYMBOLISME nom masc. - 1. Recours aux symboles.
2. Mouvement littéraire qui, à la fin du XIXe siècle, en opposition à la fois avec le Parnasse et le romantisme, prôna une esthétique de la suggestion et de la musicalité du vers au service d’une conception souvent spiritualiste de la poésie.
Le symbolisme (au second sens) constitue l’une des étapes les plus importantes de l’histoire de la poésie française, mais il n’est en rien une école littéraire au sens strict. Le terme fot introduit en 1886 par Jean Moréas qui entendait proposer avec lui une réponse à l’impasse du décadentisme. Il fut adopté un moment par toute une génération de poètes - aujourd’hui souvent oubliés - parmi lesquels on doit compter outre Moréas, René Ghil, Gustave Kahn et Charles Morice. Forts différents les uns des autres, ces poètes avaient le plus souvent en commun l’admiration qu’ils vouaient à Mallarmé.
C’est pourquoi, en histoire littéraire, le terme de « symbolisme » s’applique moins à la seule génération poétique des années 1885-1890 qu’à la grande révolution littéraire qui eut lieu à la fin du XIXe siècle et dont Mallarmé, Verlaine et Rimbaud furent les principaux acteurs. Entre ces trois écrivains, les différences sont, là encore, considérables. Cependant, si l’on va chercher dans l’œuvre de Mallarmé — comme cela est légitime - la théorie du symbolisme, on peut définir celui-ci comme une esthétique de la suggestion et de l’énigme. Le symbole doit cesser de se présenter de manière explicite au lecteur, il doit être suggéré par un texte qui joue délibérément de l’obscurité, du flou, du mystère, qui, sur le modèle de la musique, doit séduire par le charme de ses sonorités plus que par la clarté de son sens. Ainsi défini, le symbole doit permettre d’atteindre, par-delà la réalité concrète, une réalité plus haute en laquelle l’univers trouve son sens. C’est pourquoi le symbolisme peut être légitimement présenté comme un idéalisme poétique.
Le symbolisme est un mouvement littéraire paradoxal. Il fut baptisé et poussé sur le devant de la scène culturelle par des épigones, et cela après le temps des grandes œuvres poétiques qui avaient été écrites par Mallarmé, Verlaine ou Rimbaud en l’absence de toute doctrine commune ou même de toute conscience d’appartenir à quelque chose qui, plus tard, se nommerait le symbolisme. L’influence en fut cependant considérable : elle s’exerça sur certains poètes de la fin du siècle comme Maeterlinck ou Verhaeren et au-delà sur la grande génération littéraire des Valéry, Gide et Claudel.
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