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SURRÉALISME

SURRÉALISME. n. m. (mot créé par Apollinaire en 1917). Mouvement littéraire, intellectuel et artistique d'avant-garde qui, animé par André Breton, se proposa à partir des années 1920 de révolutionner la pensée, l'art et la vie. Le "Manifeste du surréalisme" a été publié par André Breton en 1924 et fut suivi en 1929 du Second manifeste du surréalisme. À côté de Breton, les principales figures du mouvement ont été Louis Aragon, Philippe Soupault, Paul Éluard, Robert Desnos. Le mouvement lui-même s'effritera avant la Seconde Guerre mondiale, mais son influence libératrice sur la littérature, le cinéma, la peinture du XXe siècle, aura été déterminante.
· L'ambition du surréalisme est d'abord, dans le sillage des découvertes psychanalytiques, de libérer la pensée des contraintes de la raison et de la morale établie. La plate raison réaliste cache et empêche le «fonctionnement réel de la pensée ». Du même coup, elle empêche l'être humain de connaître et d'éprouver le monde réel, — ses zones mystérieuses, sa profondeur insoupçonnée, la « vraie vie». La « surréalité » du monde ne peut être perçue que par des voies irrationnelles, hors du contrôle de la raison réaliste.
· Cette libération de la pensée est aussi libération de l'art. En se mettant à l'écoute de l'inconscient, du rêve, des automatismes de l'esprit (par la pratique, précisément, de «l'écriture automatique »), le poète surréaliste saisit et transcrit l'authenticité même de la vie créatrice, enfin libérée du contrôle de tous les académismes.
· La révolte surréaliste contre les codes artistiques antérieurs, contre les contraintes de la raison et de la morale admise, s'accompagne d'un désir de révolution sociale et politique contre l'ordre bourgeois, qui a produit cette morale contraignante et imposé son rationalisme dans tous les domaines. Ainsi, l'aventure intérieure qu'est la poésie surréaliste se double d'une attitude de violence externe à l'égard de l'ordre établi, même si la tentation d'adhérer au communisme, au début des années 1930, tourne court et provoquera des scissions.
· Le mouvement surréaliste, bien entendu, n'a pas «changé la vie ». Mais il a libéré l'écriture, ouvert la voie à la poésie de l'insolite, donné au rêve humain sa place centrale dans l'oeuvre d'art, et permis à la littérature de se faire explosion de langage.
SURREALISME nom masc. — Mouvement littéraire et artistique d’avant-garde qui se proposa dans l’entre-deux guerres de libérer l’homme du règne du rationnel, de lui découvrir le fonctionnement véritable de l’esprit et de travailler à son émancipation morale, politique et sociale.

ETYM. : le terme fut forgé par Apollinaire et repris par Breton.

Le surréalisme se voulut tout autre chose qu’une simple école littéraire et artistique : il entendait déclencher une véritable crise de civilisation qui ouvrirait à l’homme le chemin de sa propre liberté.
A six ans d’intervalle, André Breton - qui fut l’instigateur et le théoricien du mouvement - avança les deux définitions suivantes du surréalisme. Dans le manifeste de 1924, il lia celui-ci à la pratique de l’écriture automatique, le présentant comme un « automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ». Dans le second manifeste de 1930, Breton définit le surréalisme comme la tentative pour parvenir à ce « point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement».
Le surréalisme se voulut d’abord plongée dans les profondeurs de l’esprit, de manière à saisir ce que le rationalisme manquait à comprendre. Par l’écriture automatique, le rêve et d’autres sortes d’expériences et de procédés encore, il se proposait de parvenir au « fonctionnement réel de la pensée ». De cette exploration, le surréalisme rapporte des textes poétiques souvent fascinants où dominent des images énigmatiques et systématiquement incohérentes. Mais il s’agit moins pour les surréalistes de produire une forme neuve de beauté littéraire que de travailler à une entreprise générale de libération et de subversion qui renversera l’ordre de la société bourgeoise et réinventera l’amour et l’homme.
Le surréalisme fut le fait d’individus profondément marqués par le choc de la Première Guerre mondiale. Ceux-ci se retrouvèrent dans l’expérience Dada qu’ils voulurent renouveler et dépasser par le surréalisme. Outre Breton, il faut nommer parmi les principaux poètes du groupe : Aragon, Soupault, Eluard, Artaud, Desnos. Divisé par les querelles de personnes et les débats esthétiques et surtout politiques, le mouvement qui se forma au début des années 20 ne conserva que peu de temps sa cohérence et son unité. Dès les années 30, il est pour l’essentiel défait. Après la guerre, il ne se survit que dans la personne de Breton. Le surréalisme demeure cependant l’un des mouvements littéraires les plus déterminants du XXe siècle. Parmi les grandes œuvres poétiques de notre temps, il en est peu qui ne soient - au moins en partie - redevables à la grande révolution surréaliste.