SUE Eugène 1804-1857

SUE Eugène 1804-1 857 Romancier, né à Paris. Riche héritier, en 1829 il se consacre à la littérature; romans d'aventure, d'abord: La Salamandre (1832), Latréau-mont (1838), puis Mathilde (1841) où l'on voit poindre déjà une curiosité inattendue pour les questions sociales (son biographe J.-L Bory le définira: dandy mais socialiste). C'est alors que commencent à paraître en feuilleton, dans le Journal des Débats, Les Mystères de Paris (18421843), suivis du Juif errant (1844-1845) et d'une vingtaine de romans à succès. Ce qui n'a cessé, depuis lors, de lui valoir le mépris des délicats (et cela fait beaucoup de monde). Baudelaire, pourtant, dans ses Conseils aux jeunes littérateurs, en 1846, alors qu'il se fait auprès de ceux-ci l'avocat de la seule « littérature où la forme est supérieure », ajoute : « Mais cela ne sera qu'à moitié juste, tant que vous n'aurez pas, dans le genre que vous voulez installer, autant de talent qu'Eugène Sue dans le sien. » Et Jean-Louis Bory lui consacra un livre enthousiaste (réédité en 1973), où il note, en particulier, qu'Eugène Sue a déterminé un véritable revirement dans les esprits de ses lecteurs du Journal des débats, du Constitutionnel, etc., par l'image qu'il avait réussi peu à peu à donner du peuple, désigné jusqu'alors sous le nom de« classe dangereuse», tandis que le bourgeois (illustré ici, en particulier, par un Jacques Ferrand) se reconnaissait désormais comme cyniquement et impunément cruel. On sait qu'Eugène Sue fut arrêté lors du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte et dut s'exiler en Savoie (territoire sarde à l’époque).